Au Congo-Brazzaville, selon la tradition, la dot est l’étape obligatoire avant le mariage célébré par l’officier d’état-civil. Mais son organisation coûte de plus en plus cher et son prix, jadis fixé à 50. 000 francs CFA (soit 76 euros), augmente de plus en plus.
Samedi dernier, sur l’avenue de l’intendance dans le sixième arrondissement, dans une parcelle exigüe, environ 150 personnes sont venues assister à une cérémonie de dot. Pendant deux heures, la famille de Féfé, la future épouse, égraine la longue liste des objets apportés par l’époux, aidée par les facilitateurs traditionnels. À l’heure de remettre la dot proprement dite, les deux familles s’engouffrent dans la maison, loin des regards. Joël, le futur époux, est ému de prendre enfin la main de sa promise. « Je remplirai tous les devoirs vis-à-vis de ma femme », déclare le marié en public.
Le montant de la dot n’a pas été révélé, mais après l’avoir reçue, les frères et oncles de la mariée expriment leur satisfaction. « Elle est désormais mariée. C’est un honneur pour la famille. Toi-même, tu vois comment les jeunes filles d’aujourd’hui tournent comme ça sans rien trouver. » « Pour moi, c’est une victoire devant le Seigneur. Parce que pour de nombreuses filles actuellement, ce n'est pas facile d’avoir un homme qui viendra t’honorer devant ton père et ta mère. Ça signifie qu'il y a de la fidélité et le sérieux dans l'éducation que papa a portée sur sa fille », témoignent-ils.
Procédurier coutumier ou facilitateur traditionnel, Edo Ambroise Ngoumba regrette le fait que la dot ne soit plus au montant fixe de 50 000 francs CFA. Certaines familles exigent plusieurs centaines de milliers de francs et même des millions, parce que, disent-elles, le paiement de la dot est devenu l'occasion d'une grande fête. « Il y a de nombreux invités qui viennent. Et, quand ils sont là, il faut qu'il y ait à boire et à manger. C'est compliqué. Il y a un grand changement actuellement. Or, si nous voyons bien dans les temps, la dot était au maximum à 50 000 francs CFA. Et tu te mariais sans problème », analyse-t-il.
Un changement décrié par Humbert Lendo, sexagénaire, chef de famille. « Vous trouvez que c'est normal. C'est une façon de tuer la société, puis on fait chômer nos filles comme ça. La dot, c'est 50 000 francs CFA officiellement et selon le code de la famille. Quand les beaux-parents exagèrent et demandent 1 million ou 2 millions de francs CFA, ce n'est pas bon », déplore-t-il.
Pourquoi aujourd’hui au Congo la dot est devenue une affaire de famille ? Pourquoi ce caractère commercial aux allures de ventes de nos mères, filles, sœurs, cousines et tantes ? Veut-on nous faire croire que les femmes congolaises seraient supérieures au reste de la junte féminine mondiale au point de les acheter ?
Aujourd’hui, plusieurs personnes n’arrivent pas à contracter les liens sacrés du mariage au Congo-Brazzaville à cause de la dot, d’autres brisent leurs fiançailles parce que le jeune homme n’a pas pu fournir tout ce que les parents ont exigé dans la liste.
Certaines sommes de cette dot atteignent même les 5 à 6 millions de nos francs. C’est dommage, quand on sait que Dieu nous a donné cette bénédiction gratuitement. Personne ne lui a donné quoi que ce soit en retour.
Face au prix démesuré de la dot, nombreux sont les jeunes Congolais qui vivent avec leur âme sœur sans honorer les familles.
Le phénomène de « Yaka to vanda » autrement dit vient seulement on va rester ensemble est devenu à la mode.
Germaine MAPANGA / Source : Rfi