Ça y est ! Le divorce entre le directeur général de Castel, Gregory Clerc, et la famille du fondateur est désormais consommé. Celle-ci cherche à obtenir la démission de l'ancien avocat fiscaliste, devenu omniprésent.
En obtenant la révocation d'Alain Castel, le neveu de Pierre Castel, de ses fonctions d'administrateur au sein de Cassiopée, le 6 décembre (AI du 08/12/25), puis de DF Holding, le 8 décembre, le directeur général du groupe Castel, Gregory Clerc, a donné le coup d'envoi d'un match qui n'a aujourd'hui plus qu'un seul but : le contrôle du groupe. En réaction, Romy Castel, la fille de Pierre Castel, fondateur du groupe brassicole quasi-leader en Afrique, a fait part à Pierre Baer, directeur général d'Investment Beverage Business Management (IBBM), de son intention de convoquer une assemblée générale extraordinaire. Ce fonds singapourien, dans lequel Gregory Clerc occupe des fonctions d'administrateur, est assis à la tête de l'empire Castel, détenant l'ensemble des holdings et filiales du groupe aux 6,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires mondial (2024).
Selon la convocation écrite transmise à Pierre Baer le 9 décembre et consultée par Africa Intelligence, cette assemblée générale vise à obtenir la démission ou la révocation de Gregory Clerc du groupe familial. Plus précisément, le groupe d'actionnaires mené par Romy Castel enjoint le directeur à remettre sa lettre de démission avant le 7 janvier 2026, sans quoi il sera démis de ses fonctions d'administrateur le 8 janvier.
La famille de Pierre Castel, âgé de 99 ans et qui s'est mis en retrait en 2023 du groupe qu'il a fondé soixante-quinze ans plus tôt, entend accroître la pression sur Gregory Clerc, à quelques heures d'un nouveau conseil d'administration de DF Holding qui devait se tenir ce 11 décembre. L'ex-avocat fiscaliste du milliardaire français dispose de ses propres alliés parmi les administrateurs des nombreuses sociétés de la galaxie Castel. Pour faire valider l'ordre du jour de l'assemblée générale extraordinaire d'IBBM, Romy Castel doit réunir un quorum d'actionnaires totalisant plus de 70 % du capital du fonds singapourien. Un objectif toutefois atteignable dans la mesure où la fille du fondateur reste l'actionnaire majoritaire.
Contacté par Africa Intelligence, le groupe Castel n'a pas souhaité faire de commentaires et Gregory Clerc n'a pas donné suite à nos sollicitations avant la parution de cet article.
Empire lucratif
Si la révocation d'Alain Castel a acté le divorce entre les héritiers de Pierre Castel et le nouveau directeur général du groupe, la crise couve depuis de longs mois. Depuis son arrivée, en octobre 2023, Gregory Clerc mène en effet une vague de réformes alliant départ de la vieille garde et nouveaux investissements sur le continent (AI du 09/07/25). Cette stratégie n'est pas du goût des ayants droit potentiels du fondateur milliardaire. Leurs revenus découlent des dividendes perçus au travers des bénéfices des filiales, notamment africaines, du groupe. Avec près de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2024 sur le continent, Castel y réalise la majorité de ses recettes.
Cet empire lucratif, savamment mis au point par Pierre Castel, repose sur une intégration verticale de la chaîne de valeur, qui permet depuis de nombreuses années de récolter les bénéfices des différentes entités via, notamment, les centrales d'achat Globe Export, à Gibraltar, et Sacofrina, en Suisse. Ces fonds sont ensuite dirigés vers des sociétés et trusts à Singapour, destinés à l'origine à garantir à la famille Castel l'accès à son héritage. Des montages complexes que connaît particulièrement bien Gregory Clerc : outre ses fonctions de directeur général et d'administrateur dans presque toutes les entités du groupe, il intervient dans la gestion de certains de ces trusts. Faisant craindre à la famille un contrôle sur une partie de l'héritage du patriarche.
Source : Africa Intelligence
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