Joseph Kabila a décidé d'en découdre avec Moïse Katumbi. Sur ordre des autorités de Kinshasa, la résidence de Moise katumbi a été prise d’assaut ce jeudi, par les éléments de l’Agence nationale de renseignements (ANR).
« Ma maison, est encerclée depuis ce matin par la police. Pour m’arrêter. C’est la réponse de Kabila à ma candidature à la présidentielle », a écrit l’ex gouverneur de l’ancienne province du Katanga, dans un tweet ce jeudi après midi.
Faux, rétorque de son côté le porte-parole du gouvernement, Lambert Mendé Omalanga, qui précise que si Moïse Katumbi fait bien l'objet d'une enquête, celle-ci n'en est qu'à ses débuts : « Je m'étonne parce que nous avons vérifié cette information, elle s'avère complètement infondée, il n'y a aucune raison pour que des gens de l'ANR ou de la police aillent rôder autour de la maison de monsieur Katumbi.
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, a demandé au parquet d'entendre une série de personnalités qui ont été citées dans l'affaire d'anciens militaires qui se sont retrouvés au Congo en violation de la législation sur le séjour. Monsieur Katumbi est parmi ces personnes, il y a des pasteurs, il y a des diplomates, il y a des commerçants, beaucoup de gens, mais à ma connaissance il n'y a même pas encore une invitation à monsieur Katumbi par le parquet.
Donc je ne vois pas pourquoi des agents des services de sécurité iraient rôder, ou de la police, c'est assez étonnant ».
De son côté, la Monusco dit s'être rendue à la résidence de Moïse Katumbi avant de repartir.
Mercredi déjà, le gouvernement accusait Moïse Katumbi, de recrutement des mercenaires à Lubumbashi pour faire tomber les institutions.
Ce jeudi, Moïse Katumbi a rejeté les accusations portées contre lui par le gouvernement.
Alexis Thambwe Mwamba, le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, a néanmoins demandé au procureur général de la RDC, d’ouvrir un dossier judiciaire à charge, contre Moïse Katumbi soupçonné de ''recrutement de mercenaires" étrangers, dont des Américains, liés selon lui à l'opposant Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle.
"J'ai donné injonction au PGR (Procureur général de la République) d'ouvrir un dossier judiciaire dans l'ex-province du Katanga. Nous avons la preuve documentée que plusieurs anciens militaires américains qui se trouvent actuellement au Katanga sont au service de M. Katumbi", a déclaré à Kinshasa le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba.
"Il existe un réseau avec une société basée en Virginie aux États-Unis" qui assure "le recrutement des mercenaires" spécialisés dans "la formation, le maniement des armes, comme agent de sécurité, ou garde du corps", a poursuivi Alexis Thambwe Mwamba.
Le 24 avril, quatre proches de Moïse Katumbi, dont un Américain, avaient été arrêtés à Lubumbashi et transférés dans la capitale Kinshasa.
L'opposant congolais Moïse Katumbi a confirmé mercredi sa candidature à la présidentielle prévue d'ici la fin de l'année, et a tancé le pouvoir à Kinshasa. "Trois mouvements de l’opposition congolaise m’ont fait l’honneur de me choisir comme leur candidat à la prochaine élection présidentielle" en République démocratique du Congo, indiquait-il dans un communiqué.
"Manifestement, par rapport aux échéances électorales à venir, il y a probablement une démarche qui se prépare", a affirmé le ministre de la Justice, égrenant les noms et les spécialités de sept autres ex-militaires américains et d'au moins deux ex-militaires sud-africains ayant séjourné à Lubumbashi dans des résidences appartenant à Moïse Katumbi, et précisant que "658" Américains étaient entrés récemment au Katanga.
Moïse Katumbi avait déjà accusé vendredi le "pouvoir" congolais de chercher à lui "nuire", dénonçant des "allégations mensongères", faisant état de "supposés recrutements de mercenaires étrangers dans l'ex-province du Katanga" et de l'"existence de camps d'entraînements" relayées en boucle jeudi par Télé 50, un média proche du pouvoir.
Passé dans l'opposition en septembre après avoir démissionné de ses fonctions de gouverneur et quitté le parti présidentiel, Moïse Katumbi, 51 ans, est l'une des grandes figures de la politique au Katanga.
Depuis des mois, le climat politique est très tendu en RDC en raison de l'incertitude liée au très probable report de la présidentielle censée avoir lieu fin novembre.
L'opposition accuse le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de se représenter, de manœuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat en décembre.
Benoît BIKINDOU