Congo - Santé: Évanouissements "inexpliqués" des élèves, mercredi à Brazzaville

Agitation inhabituelle dans le milieu scolaire à Brazzaville où de nombreux élèves se sont évanouis ou ont fait des malaises, alors que d'autres étaient dans un état de choc mercredi, au college-lycée Ganga Édouard. Les raisons de ces incommodations, voire des crises d'hystérie collective restent mystiques pour le grand public, alors qu'une insolation pourrait bien en être la cause. Les élèves touchés ont été admis au Centre hospitalier universitaire où de nombreux ministres  et parents ont accouru.

Ils sont 41 élèves, des filles en majorité, des collégiens et lycéens en état de choc, admis au CHU de Brazzaville après le passage de la ministre de l'Éducation civique, Hermela Doukaga à Nganga Édouard.

D'après des témoignages concordants, plusieurs enfants ont perdu connaissance après le départ de la ministre.

Insolation, inhalation d'une substance neurotoxique, les secours qui sont rapidement intervenus n'ont pu déterminer l'origine du mal.

Au CHU où 41 élèves ont été reçus, dont 38 cas jugés sérieux, il n'y a pas eu de décès.

Des foules se sont constituées aux urgences de l'hôpital, pour assouvir leur curiosité face à ce phénomène que tous ont jugé mystique, et chacun allant de son commentaire pour expliquer ce qui échappait à son entendement.

Voyant en cela l'action de satan, des cerémonies de prières ont été improvisées, des femmes entraient même en transe et psalmodiaient des incantations à l'arrivée des ambulances transportant les élèves, afin d'exorcicer "l'esprit de mort" qui planerait sur eux.

Une quasi unanimité a véhiculé l'idée selon laquelle la ministre Doukaga serait l'instigatrice mystique de l'atteinte aux élèves. La garde de madame la ministre a même été renforcée pour éviter les représailles des élèves qui dans la foulée, ont manifesté, confortés par cette conviction.

Personne n'a hélas regardé le ciel pour expliquer un phénomène somme-toute scientifique.

Une cérémonie civique de levée des couleurs était organisée ce jour à Ganga Édouard, en présence de la ministre de tutelle, Destinée Hermela Doukaga.

Depuis 8 heures, les élèves attendaient au soleil, l'arrivée de la ministre qui est entrée dans l'établissement à 11 heures. Beaucoup d'élèves prévoyant avaient déployé leur para-soleil avec l'assentiment du corps administratif de l'établissement.

Tous les Brazzavillois savent que la journée de mardi a été très ensoleillée et celle de mercredi s'annonçait caniculaire au lever du jour. Dans un établissement désormais cloturé par des murs d'enceinte, l'insolation et le confinement peuvent bien expliquer ces crises en masse, surtout que tous les élèves en crise ont présenté les symptômes d'une insolation, phénomène presque méconnu au Congo où on pense tout connaître du soleil.

L'insolation résulte directement de l'irradiation solaire sur la tête et la nuque. Les symptômes sont d'abord une impression de chaleur sur le visage puis des céphalées avec impression de malaise, oppression thoracique, tachycardie, nausées, somnolence, bourdonnements d'oreille.

Certains sujets fragiles peuvent manifester des troubles de la vision, voire des visions fantomatiques et délirer.

Peut-être est-il temps pour les congolais de s'informer sur les nouveaux aléas qu'induisent les changements climatiques sur la vie de tous les jours, plutôt que d'appeler à la vindicte populaire, une ministre qui a eu pour tort, de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment.

Sans doute la ministre Doukaga doit-elle être aussi traumatisée que les élèves admis à l'hôpital.

Dans un pays où il y a plus d'églises de réveil que d'écoles,(faites le décompte comparatif dans chacune des rues de votre quartier) la conscience collective court le risque d'un obscurantisme, pour expliquer les phénomènes qui échappent aux connaissances du citoyen lambda.

Le gouvernement qui à l'évidence va communiquer sur cette affaire, devrait en tirer également les conséquences sociologiques.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville