Pénurie d’eau à Brazzaville : Qui sauvera finalement les Congolais du naufrage silencieux qu’ils subissent au quotidien ?

Quand l’eau manque, c’est toute la vie qui s’arrête. Qui sauvera finalement les Congolais du naufrage silencieux qu’ils subissent au quotidien ? La question mérite d’être posée, tant les discours officiels semblent déconnectés de la réalité vécue par les populations de Brazzaville.

Il est facile d’exiger de la rigueur, de la ponctualité et de la productivité aux fonctionnaires et aux travailleurs du pays. Il est tout aussi facile de fixer des normes depuis un bureau climatisé. Mais comment demander à un citoyen d’arriver à l’heure au travail lorsque sa journée commence à 3 heures du matin, non pas par ambition ou discipline, mais pour guetter une hypothétique arrivée d’eau dans les robinets ? ‎

A Brazzaville, le manque d’eau n’est plus une exception : c’est devenu une habitude. Dans de nombreux quartiers, l’eau vient et repart sans prévenir, elle fait des vas et viens. Les familles vivent au rythme des caprices de La Congolaise des Eaux (LCE), contraintes de stocker, de veiller, d’attendre. Les nuits sont écourtées, les corps épuisés, les esprits tendus. Une population fatiguée ne peut ni produire efficacement, ni apprendre correctement, ni vivre dignement.

‎Les conséquences sont lourdes. Les enfants arrivent en retard à l’école, parfois sans s’être lavés. Les maladies liées à l’insalubrité augmentent. Les femmes, principales gestionnaires de l’eau dans les foyers, voient leur charge quotidienne s’alourdir dangereusement. Les petits commerces, les restaurants, les salons de coiffure et les structures de santé fonctionnent au ralenti, quand ils ne ferment pas tout simplement leurs portes. ‎ ‎ ‎

Depuis trop longtemps, on dissocie le peuple de l’État, comme si l’un pouvait survivre sans l’autre. Or, un État qui laisse ses citoyens sans eau, sans électricité et sans perspectives fragilise les bases mêmes de la nation. ‎ ‎

L’accès à l’eau n’est pas un luxe. C’est un droit fondamental, un pilier du développement, un préalable à toute exigence de discipline ou de performance.

Tant que l’eau manquera dans les robinets, ce n’est pas seulement la ponctualité qui sera en crise, mais la dignité même des Congolais.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville ‎ ‎