Entassés, assoiffés... Le transport d’animaux est un drame au Congo-Brazzaville

Vous êtes-vous déjà demandé combien de kilomètres parcourt un cabri, un cochon ou une vache avant de finir dans votre assiette ? Entassés dans des camions ou des bateaux pendant des heures — parfois des jours — pour répondre aux envies des consommateurs, la viande mangée par les Congolais provient souvent d’animaux transportés dans des conditions cruelles. Une véritable maltraitance qui ne dit pas son nom !

Après plusieurs heures de route, souvent assez chahutante, les cabris arrivent au marché Bouemba, le plus grand marché des poissons frais et fumés, situé à Ouenzé, dans le 5e arrondissement de la capitale congolaise où ils sont vendus. Même si l’on n’en a pas toujours conscience, derrière chaque brochette de viande se cache un cabri, un mouton, un cochon qui a souffert et torturé sur les routes congolaises au grand mépris des associations qui défendent les droits des animaux.

Les quelques images qui nous parviennent sont vraiment atroces : des animaux complètement entassés et attachés sur les bordures des carrosseries des véhicules ne permettant pas de donner de l’eau à tous les animaux de façon équitable pour les déshydrater sur de très longues distances.

Il y a cette question d’abreuvoir, c’est aussi difficile de distribuer de la nourriture aux animaux sans les faire descendre du camion. Si vous êtes sur la route pendant plus de six heures, vous devez vous approvisionner en eau, en nourriture pour animaux. Ce qui n’est pas le cas au Congo-Brazzaville où les animaux sont attachés par les cornes, les bois ou les boucles nasales, avec les pattes liées ensemble.

Cependant si les animaux doivent être attachés, ils doivent l’être avec des moyens permettant à l’animal de se coucher, de résister sans se rompre à la traction et placés de telles sortes afin d’éviter les risques de strangulation ou de blessure. Le moyen d’accroche doit pouvoir être rapidement défait en cas d’urgence.

C’est donc compliqué pour les chauffeurs de bien faire s’ils n’en ont pas les moyens, s’ils n’ont pas les camions adaptés, et qu’ils ont la pression d’arriver à bon port le plus rapidement possible. Il y a un critère de rentabilité et de rapidité de livraison. Les animaux sont transportés comme des marchandises jusqu’à l’abattoir.

Pendant le transport, les cabris subissent un stress sévère qui peut nuire à leur santé future. Lorsqu’un animal doit être transporté, cela doit se faire dans les meilleures conditions, qu’on soit un particulier ou un professionnel.

Pour tout transport d’animaux, il faut veiller à ce que l’animal soit confortable, dispose de suffisamment d’espace, que sa sécurité soit assurée, que le chargement, le déchargement et le trajet se fasse avec douceur et bienveillance.

Les conditions minimales de bien-être animal concernent notamment :

les intervalles d'abreuvement et d'alimentation, la densité de chargement et les durées de voyage et de repos qui diffèrent selon les espèces la présence d'un toit de protection, d'un plancher antidérapant, d'une litière suffisante absorbant les déjections, de rampes et d'une protection latérales pour le chargement et le déchargement; la présence d'ouvertures latérales et d'un espace libre à l'intérieur du compartiment et au-dessus des animaux permettant une ventilation appropriée, l'absence, dans le compartiment où se trouve les animaux, d'objets pointus ou saillants.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville