Le patron de la police congolaise, le général Obami Itou, veut redonner une nouvelle image à Brazzaville, en matière de sécurité. Pour y arriver, il a tracé vendredi 22 août 2025 le cap en sortant de son bureau. Entouré de ses collaborateurs, il s'est rendu dans le quartier Domaine en proie à une insécurité entretenue par de bandes de jeunes communément appelés bébés noirs, opérant pour les uns en armes à feu et pour d’autres, en armes blanches.
À l'occasion de cette descente, le général Obami-Itou a rencontré des chefs de quartiers et des chefs de blocs. Il a échangé directement avec eux sur les questions de sécurité, mais aussi sur leur implication dans la tâche de la police de rétablir la quiétude dans les quartiers.
Par cette descente, le général Obami-Itou a voulu montrer que la police restera proche des populations. En même temps, la police a besoin de ces populations dans sa mission de sécurisation de nos villes.
L'objectif de cette descente aura donc été de raffermir le lien police-population.
Pour cela, les policiers doivent construire une relation de confiance avec les populations pour susciter leur adhésion.
Le sentiment de défiance envers les forces de l’ordre est renforcé́ par l’insécurité́ et les tracasseries, surtout si les populations ont l’impression que les agents ne font rien pour endiguer ce phénomène.
Trois jours avant cette descente sur le terrain, la police a interpellé une trentaine de bébés noirs.
Le phénomène des kulunas ou bébés noirs à Brazzaville reste l’un des problèmes les plus fréquents auxquels la capitale congolaise est confrontée. La population circule dans la ville avec une oreille attentive pour éviter ces délinquants. Ils marchent souvent en groupe, tant le jour que le soir, avec pour objectif d’agresser la population afin de ravir de l’argent et d’autres biens.
Ces jeunes justifient leurs forfaits par le fait qu'ils n'ont pas de travail, et se tournent donc vers ces exactions et crimes.
Ils n'ont pas d'état d'âme, ces jeunes qui sèment la désolation et la panique dans toute la ville de Brazzaville. La plupart de ces jeunes sont des récidivistes qui ont déjà fait à plusieurs reprises la prison.
« Chauds », « difficiles » ou « sensibles », ces adjectifs sont souvent employés pour qualifier certains quartiers de la capitale congolaise.
Aux dires des populations victimes d’incidents, parfois violents, il n’existe presque pas de nuits tranquilles, à proprement parlé tant les braquages s’étendent tour à tour d’un quartier à un autre, tel un essaim d’abeilles en perpétuelle quête de butins et au regard des nombreux blessés du fait de l’insécurité, que l’on peut observer dans les différents Centres Hospitaliers de Brazzaville.
Dans certains quartiers de Brazzaville, les populations excédées sont parfois obligées de se constituer en « milices d’autodéfense », une pratique qui va pourtant à l'encontre des lois et règlements de la République. La population a commencé à faire vengeance elle-même avec le nouveau phénomène qu’elle appelle "barbecues". Il suffit de jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux et vous verrez comment les « bébés noirs » sont en train d’être brulés, sans pitié et remords.
Des voix s’élèvent pour appeler les autorités compétentes à prendre des mesures concrètes de répression contre ce banditisme urbain qui a atteint des proportions inquiétantes dans la capitale congolaise.
Le gouvernement a adopté, le 04 juin à Brazzaville, la stratégie nationale de prévention et de traitement de la délinquance juvénile, en misant sur l’accessibilité à l’éducation et à la formation professionnelle.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville
Photos : DR