Congo : La ville de Makabana plongée dans le gouffre de l’oubli

La communauté urbaine de Makabana, jadis cité industrielle de la Compagnie minière de l'Ogooué (Comilog), semble sombrer dans un oubli profond de la part des pouvoirs publics. Située dans le département du Niari (sud), cette ville  ne présente aucun signe du passage de la Municipalisation accélérée du Niari en 2006.

La ville compte plus de 10000 habitants, ce qui en fait l’une des communes les plus peuplées du département du Niari. Un poids démographique qui aurait dû en faire une priorité de développement.

Et pourtant, aucun projet d’envergure n’y a été lancé ces dernières années.

L’ex cité Comilog est laissée à la traîne, dans une marginalisation criante.

Cette absence de politique de proximité pose de sérieuses questions sur la volonté réelle des décideurs de faire avancer cette commune urbaine bordée par la voie ferroviaire reliant Mont-Mbelo à Mbinda.

Les différents administrateurs-maires de cette communauté urbaine semblent avoir failli à leur mission. Aucun n’a laissé de trace durable ou d’impact visible dans cette ville.

Aucune réformes concrètes, ni actions de développement tangibles.

La chasse à l’ortolan, ce petit passereau prisé par certains gastronomes du département du Niari, reste l’activité principale de plusieurs jeunes étranglés par le chômage. Il fait courir un risque important à la survie de l’espèce à Makabana alors que le milieu naturel de cet oiseau est menacé par le dérèglement climatique et l’urbanisation qui détruit son habitat.

Des jeunes de Makabana chassent de manière irrépressible les ortolans pour le revenu et pour la nourriture. Cette chasse commerciale n'est probablement pas viable, mais apporte une grande partie des revenus des familles et des jeunes essorés par le chômage.

Malgré ses atouts, aujourd’hui, l’esprit de solidarité des enfants de Makabana est complètement éteint et n’arrive plus à entretenir cette flamme créative, transgressive, bigarrée et épicurienne.

L’avenir de Makabana, la ville de Pierre-Simon Kikhounga-Ngot, homme politique congolais, syndicaliste, conseiller territorial, député et plusieurs fois ministre, mort le 8 avril 2015 (à 93 ans) à Paris en France, est très sombre comme ses rues après le coucher du soleil.

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photos : DR