Les étrangers interdits de moto au Congo-Brazzaville

Le collectif des conducteurs de motos-taxis a finalement pris ses responsabilités lundi 30 juin 2025 pour faire respecter le décret qui interdit aux étrangers d'exercer dans ce secteur. Dans son article 9, le décret N° 2024-324 du 9 juillet 2024 stipule que « l’exercice de la profession de conducteur de motocyclettes dans le transport public des passagers est spécifiquement réservé aux personnes de nationalité congolaise, sans distinction de genre. »

« Ce document n’est pas un arrêté, mais un décret, signé par quatre ministres dont le Premier. Ne vous méprenez pas sur le sens de notre action ; nous n’avons aucun problème avec vous, mais ce sont les autorités qui ont pris la décision et nous l’appliquons », a déclaré le syndicaliste qui a intimé l’ordre au président du collectif des motocyclistes de mettre hors du bureau tous les responsables de nationalité étrangère.

Une manière d'empêcher les étrangers de prendre le travail des Congolais étranglés par le chômage.

Longtemps interdit, le transport public par motocycles est désormais autorisé au Congo-Brazzaville. Le Président de la République avait pris un décret pour réglementer ce secteur. Un décret que le ministre des Transports, Honoré Sayi, avait expliqué le 22 juillet 2024 au cours d’une rencontre avec plusieurs acteurs. Décret qui interdit désormais, par exemple, la pratique de ce métier aux étrangers installés au Congo.

Selon le même texte, l’exercice du transport public par motocycles est autorisé dans les périphéries des grandes villes, dans les communautés urbaines et dans les zones rurales. Une mesure qui semble satisfaire les jeunes qui exercent et dépendent de cette activité lucrative.

Les statistiques officielles indiquent que sur les 12.564 accidents routiers observés dans le pays, 3.708 impliquent les motocycles, soit un pourcentage de 29,51%.

Ce corps de métiers apporte du sang neuf dans le monde du transport, une vraie valeur ajoutée. Une réponse aux problèmes de transport dans les villes congolaises. Un business qui soulage plusieurs jeunes congolais essorés par le chômage.

Selon cette organisation, près de 18 000 motocycles roulent au Congo. Ces engins, essentiellement importés d’Asie, sont souvent impliquées dans les accidents de la circulation.

Depuis la mort de l’Etat providence au Congo-Brazzaville, les jeunes s’enfoncent de plus en plus dans la misère, la prostitution, la délinquance, la drogue, la criminalité sans oublier le chômage. Tous ces maux rendent les jeunes désespérés avec un avenir incertain. La congolisation des commerces et activités commerciales constituent un défi affiché par le gouvernement, celui de donner la primauté aux nationaux. C’est donc « Congo D’abord ».

La « congolisation des emplois » n’est pas une invention de la République du Congo ou de son gouvernement.

Chaque pays conçoit et entérine ses mécanismes. C’est notamment le cas de « l’ivoirisation des emplois » en Côte-d’Ivoire ou de la « sénégalisation des emplois » au Sénégal.

Il s’agit donc d’un choix, voire d’une volonté de politique nationale.

La baisse des privilèges accordés jusque-là aux étrangers vivant au Congo-Brazzaville, semble constituer l’explication.

Pour le gouvernement, les Congolais restent prioritaires. Rendre aux Congolais ce qui est destiné aux Congolais et aux étrangers, ce qui l’est.

« Il est tout à fait normal que l’on nourrisse d’abord ses propres enfants avant de penser à ceux du prochain », disait un politique africain.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville