Congo-8 mars 2025 : Les femmes du CHU-B appelées à une prise de conscience professionnelle

Placée sous le thème : « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », la Journée internationale des droits de la femme constitue une préoccupation majeure pour les femmes congolaises. Au CHU-B (Centre Hospitalier et Universitaire de Brazzaville) spécifiquement, la gente féminine s’attèlent pour une bonne et meilleure tenue de cet évènement de portée mondiale. Dans cette interview accordée à notre Rédaction, Madame Priscila Reine Catherina Bakalas, directrice des soins infirmiers et Point focal du genre au CHU, exprime la ferveur des travailleuses et dévoile le programme des activités du 8 mars 2025, Journée internationale des droits de la femme.

Les Echos du Congo-Brazzaville : Qu’est-ce que vous avez prévu comme activité pour la journée du 8 mars 2025 ?

Pricila Reine Catherina Bakalas : Déjà, nous avons commencé par une activité de propreté au sein de notre institution sanitaire, le 1er mars dernier, date qui a coïncidé avec le premier samedi du mois, qui habituellement est consacré à cette activité d’assainissement. Nous avions eu une matinée de salubrité sur la façade de notre établissement. Ce, en présence des hommes également. Ils nous ont encadré et ont apporté du matériel.

LECB : Et après cette matinée de salubrité, qu’est-ce qui est prévu alors ?

PRCB : Le 8 mars 2025, nous aurons une conférence-débat à l’Auditorium du CHU-B, où les femmes vont échanger entre-elles. Le thème national est : « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation ». Au CHU, toutes les femmes qui y sont, sont des femmes travailleuses. Ainsi, nous avons décidé de contextualiser le thème international, par rapport à notre réalité, celle du CHU. Depuis le mois d’octobre, nous avions traversé une série de grèves, et nous avons pensé que nous pouvons ramener notre thème à « la conscience professionnelle en milieu hospitalier ». Dans cette conscience, nous avons circonscrit les droits, les devoirs du personnel féminin, face aux usagers. Les usagers sont ceux qui viennent à l’hôpital, le malade et ses accompagnants. Donc, le 8 mars, nous allons débattre de ce thème.

LECB : Quelles sont vos attentes à l’issue de cette conférence ?

PRCB : Cette conférence sera faite sous forme de panels. Nous avons choisi un certain nombre de personnel féminin, dans les différents domaines qui existent à l’hôpital. Chacune des conférencières exposera sur son vécu quotidien dans le travail, par rapport à la conscience professionnelle, les droits et les devoirs face aux usagers, tout ce qu’ils vivent dans leur secteur et il y aura le public, formé du personnel féminin, bien sûr, qu’il y aura ceux qui pourront compléter selon leur vécu. Tout cela sera enregistré par une équipe de rapporteurs, ceux-là, vont nous permettre de prendre des décisions par rapport aux notes et aux synthèses faites, afin de clarifier les choses.

Le personnel féminin étant le plus élevé, si nous nous mettons en marche, nous appliquons toutes les conclusions que nous allons prendre dans la salle, nous pensons que quelque chose de bien arrivera, pour satisfaire nos patients.

LECB : Conscience professionnelle, vous avez-dit ! A propos de cette conscience, quel commentaire faites-vous par rapport à la corruption, qui gangrène votre établissement sanitaire, le plus grand, le CHU, où certains produits médicaux seraient vendus par des infirmiers ou les sages-femmes ?

PCRB : En tout cas, dans ma position, je ne pourrai pas dire que certaines femmes vendent. Parce que, nous arrivons à l’hôpital, mieux au travail, chacune avec son éducation, je dirai plutôt, éducation de base. Si dans le milieu où tu travailles, on essaie de te modeler, de te mouler et que tu adhères, je pense que, même si tu avais des comportements néfastes, déviant, tu changeras. Et c’est ce que nous voulons. Nous nous sommes dit, au lieu de faire des thématiques, des exposants, parfois ça n’attire pas trop d’attention. Nous avons préféré constituer des panels, où chacune va parler sur sa conscience professionnelle et tout ce que nous vivons dans le monde de travail et ce que nous avons vécu en amont. A mon humble avis, je pense qu’il y aura des solutions idoines qui sortiront delà. Parce que, le ressenti de l’administratif à l’hôpital ne sera pas le même avec le ressenti du soignant. Or nous avons plusieurs corps ici, nous avons aussi des techniciens, la maintenance, l’électricité, tous, ne ressentent pas l’hôpital de la même façon bien évidemment ! Si on a des idées des unes puis des autres, cela nous permettra de tracer un chemin, qui sera bien pour nos patients, surtout qu’au CHU nous avons un slogan : « le patient au cœur de nos préoccupations ». Raison pour laquelle, le 8 mars 2025, nous allons aussi concentrer notre réflexion sur le bien-être du patient.

J’ai dit au départ que le thème international ne convenait pas trop au CHU parce que, toutes ses femmes travaillent déjà, elles ont toutes un poste budgétaire, donc elles sont autonomes au sens propre. Maintenant, c’est la conscientisation dans l’action qu’elles amènent ici.

LECB : Mme Bakalas, de façon simplifiée, s’il vous est demandé de faire un lien entre les droits, les devoirs puis cette autonomisation, tout en tenant compte de la réalité des femmes travaillant au CHU-B, que diriez-vous ?

PRCB :  Lorsqu’elles respectent leurs devoirs, je pense que les droits leurs seront octroyés facilement et je pense très bien que ça sera une autonomisation pour la femme. Elle est bien traitée, se sont ses droits, elle traite bien celui qui arrive, le malade, mais je pense bien qu’en ce moment, l’hôpital devra bien marcher. Celui qui arrive est content, elle-même la soignante dans ses droits et par rapport à ses fonctions est contente de ses prestations. C’est là qu’on veut amener la femme du CHU-B, qu’elle comprenne que, nous avons des choses à réclamer, mais aussi, des choses à donner, donc, des devoirs à remplir.

LECB : Avez-vous une structure qui rassemble les femmes travailleuses du CHU-B pour une organisation interprofessionnelle du genre ?

PRCB : OUI, nous avons déjà commencé, nous faisons des campagnes d’adhésion, on est déjà un nombre assez important à la mutuelle du CHU, mais dans cette mutuelle, il y a hommes et femmes. Comme moi-même, le point focal genre du CHU-B est dans la mutuelle, je dois faire adhérer le maximum de mes collègues femmes, pour que nous soyons plus actives, afin qu’elles comprennent que c’est bien d’être ensemble, en communauté, pour un mieux-vivre. Ça permet de créer une belle ambiance collégiale et familiale, une vraie fraternité au sein de notre institution sanitaire.

LECB : Le 8 mars, certes vous allez festoyer. Mais, le souci premier, c’est rendre heureux le patient que vous recevez. N’est-ce pas ?

PRCB : Exactement ! A l’hôpital, nous avons pensé aux bienfaits du malade, à la satisfaction de celui-ci. Qu’est-ce que nous pouvons faire ou nous devons faire pour que le patient sorte de là, satisfait. Parce que, le malade qui est hospitalisé ne reçoit pas seulement les soins, il y a aussi une partie administrative qu’il suit. Qu’il soit bien reçu pour la partie administrative et qu’il soit également bien reçu pour la partie soins.

LECB : Avez-vous un message particulier à l’endroit de la femme du CHU-B ?

PRCB : Nous sommes les plus nombreuses au travail, nous sommes le berceau de l’humanité, c’est nous qui donnons naissance, on donne la vie à l’être humain, avec un peu de volonté et d’amour au travail, la conscience professionnelle, nous allons aider le CHU à émerger, afin de donner des résultats meilleurs dans son fonctionnement.

Propos recueillis par VALDA SAINT-VAL/Les Echos du Congo-Brazzaville