Brazzaville : L'eau potable file dans des tuyaux percés, un gaspillage qui gonfle les factures des Congolais

Dans plusieurs quartiers de Brazzaville, bénéficier de l’eau potable 24h/24 relève du miracle. Et lorsque le précieux liquide daigne pointer le bout de son nez, un phénomène bien connu des populations se manifeste : les fuites d’eau en raison des tuyaux percés. Une situation gênante, causant bien de soucis. En effet, ces fuites occasionnent la dégradation des voies, favorisent l’émergence de zones boueuses sur des routes non bitumées et les pistes, rendant difficile la circulation des véhicules et surtout des piétons.

Dans plusieurs quartiers de Brazzaville, des herbes folles poussent dans des mares boueuses : la preuve que des tuyaux percés laissent s'échapper une bonne part de l'eau potable de la capitale congolaise en pleine crise hydrique, et qui compte 2 145 783 habitants, selon le recensement de 2023.

A Brazzaville, deux litres d’eau potable sur cinq se perd dans la nature. Un gâchis qui joue indirectement sur les factures d’eau des Congolais.

Sur l’environnement, l’impact est d’autant plus fort que le vieillissement des réseaux de traitement des eaux usées est lui aussi bien réel. Ces fuites d’eaux usées, contribuent à la pollution des sols.

Le problème n’est pas nouveau à Brazzaville.

Son ampleur varie selon les quartiers, avec des fuites plus importantes à Mfilou, Moungali, Ouenzé, Talangaï, Bacongo, Makélékélé.

Il y a encore beaucoup à faire. Surtout qu’à force de croissance démographique et de changements climatiques, la pression sur nos ressources en eau s’exacerbe d’année en année.

La Congolaise des Eaux (LCDE) a un gros déficit de maintien d’actifs. Ces réseaux sont souvent percés. Le phénomène des fuites d’eau a tellement pris de l’ampleur, qu’elle semble être dépassée par les évènements. Et actuellement elle a de la difficulté à investir les sommes nécessaires.

Résultats des courses, les populations trinquent et des milliers de m3 d’eau potable se déversent dans la nature.

Les populations de Brazzaville dénoncent les « tuyaux de la honte » et demandent à La Congolaise des Eaux de détecter, anticiper et limiter les fuites de réseaux d’eaux vieillissants qui laissent échapper en moyenne 20 % d’eau potable.

Un gaspillage qui peut être limité.

Ainsi, au-delà des réglementations et de la sensibilisation, pour lesquelles le travail « doit continuer », le gaspillage se résoudra surtout par les sommes investies dans les tuyaux.

Le nerf de la guerre c’est éliminer les tuyaux en mauvais ou en très mauvais état. Avec des réseaux désuets, on aura beau faire des initiatives, ça va être comme essayer de faire des miracles.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville