Le collège syndical de la société Energie Electrique du Congo (E2C) a ténu, ce 21 février 2025 dans l’enceinte de la Direction générale de Brazzaville, une Assemblée générale des travailleurs. Ils sont venus de Pointe-Noire et du Kouilou, du Niari, de Moukoukoulou et de Liouesso, de la Likouala-Sangha et de Mindoulou, de Dolisie, d’Owando et de Brazzaville. Les agents demandent tout simplement au Gouvernement de la République, l’annulation de l’accord sur la concession des centrales hydroélectriques et l’affermage pour les volets distribution et commercialisation de l’énergie électrique, signé tout récemment avec la SENELEC, une société sénégalaise. Les travailleurs menacent donc d’entamer en grève générale illimitée dans un délai de 7 jours, si et seulement si leurs revendications ne sont pas prises en compte par le Gouvernement. Mais n’arrêtent pas et n’excluent pas les pistes de solutions et projettent des négociations avec le Premier Ministre, chef du Gouvernement.
En effet, lors de cette assemblée générale, un message des travailleurs à l’endroit du Gouvernement a été lu par Mme Batondélé Issambo Chantal, qui a du reste rappelé les réformes entreprises par celui-ci dans le secteur de l’eau et de l’Electricité. « Depuis 2003, le Gouvernement a entrepris des réformes dans le secteur de l’eau et de l’électricité avec les effets suivants : adoption de la loi sur le code de l’électricité, la loi portant libéralisation du secteur de la production de l’électricité, la tenue d’un atelier sur les réformes prélude à la mise en œuvre de la poursuite de celles-ci en juin 2019 », a-t-elle déclaré.
Ainsi, s’agissant spécifiquement de la société nationale d’Electricité (SNE), les réformes ont conduit à la création de la société Energie Electrique du Congo (E2C) comme société du patrimoine.
« Sur la poursuite des réformes au stade actuel, le Gouvernement opte pour les concessions des centrales hydroélectriques et l’affermage pour les volets distribution et commercialisation. Ces options de réformes menées unilatéralement ne vont pas dans le sens indiqué des recommandations du séminaire atelier sur les réformes du secteur ; le 29 juin 2017, tenu à l’hôtel Radisson Blu, en présence des experts nationaux, internationaux (Société sénégalaise d’Electricité, Compagnie ivoirienne d’Electricité et la Compagnie camerounaise d’Electricité) et les institutions financières internationales, indiquant que le dégroupage de la société Energie Electrique n’est pas recommandé car étant une entreprise de petite taille, ayant moins de 400.000 abonnés et aussi remettent en cause la souveraineté de notre pays en matière d’électricité », a signifié Mme Batondélé.
Par ailleurs, en ce qui concerne lesdites concessions, « après avoir pris connaissance et examiné les contenus des documents signés entre l’Etat congolais et le fameux concessionnaire, les 29, 30 et 31 janvier 2025, dans la salle de réunion de la Direction générale, le collège syndical de la société Energie Electrique du Congo indique que l’examen de ces documents a révélé que loin d’atteindre les objectifs visés par les réformes du secteur d’Eau et de l’Electricité, à savoir ’’l’équilibre financier du secteur’’ devant permettre l’autofinancement de certaines activités sans faire recours à l’aide de l’Etat ou des partenaires privés, le collège syndical rejette systématiquement et énergiquement toutes ces options qui ne constituent nullement l’objectif majeur des réformes du secteur », a-t-elle stigmatisé.
Selon elle, la prise en main anticipée des centrales hydroélectriques ne se justifie nullement et s’apparente à n’en point douter à un bradage qui ne dit pas son nom. Ce qui frise une malhonnêteté avérée, étant donné que la grille tarifaire et toutes les simulations conduisant à l’équilibre financier du secteur n’ont jamais été élaborées préalablement. D’où, l’inquiétude justifiée de tous les travailleurs pour un avenir professionnel meilleur.
« Aussi, l’ensemble des travailleurs invitent-il le Gouvernement à reconsidérer toute la démarche engagée unilatéralement sur l’anticipation de la prise en main des centrales par les concessionnaires et sur l’affermage, étant donné qu’elle ne constitue aucunement la solution à la stabilité de l’électricité au Congo. De ce fait, nous demandons à la tutelle d’élaborer un autre modèle économique comme indiqué dans le communiqué final des travaux tenus avec la tutelle, pour le secteur qui tiendrait compte des considérations des a sociaux, des associations des consommateurs, des types d’abonnés et du plan tarifaire », a-t-elle martelé.
Le collège syndical et toute l’assemblée, hostiles à la signature de la convention d’affermage liée à la distribution et la commercialisation du courant entre le Gouvernement congolais et la SOCELEC, une filiale de la SENELEC, s’est prononcé sur toutes les préoccupations des travailleurs de E2C à travers un communiqué final dont voici la teneur : « Les travailleurs de ladite société ; invitent le Gouvernement à reconsidérer la démarche entreprise qui est celle de concéder le système électrique national à des tiers dont l’expérience en la matière est douteuse ; marquent leur disponibilité à trouver un modèle de réforme qui tienne compte de notre souveraineté en matière d’électricité ; rejettent catégoriquement le bradage de leur outil de travail par des contrats qui frisent le mercantilisme avéré ; constatent avec amertume que la fameuse société SOCELEC, n’est pas du tout une filiale de SONELEC, ce qui laisse entrevoir un projet d’agenda caché ; rejetons avec la dernière énergie les concessions et l’affermage comme option de gestion du service public d’électricité ; invitent respectueusement Son Excellence Monsieur Denis Sassou Nguesso, Président de la République, garant de la paix sociale et de l’unité nationale à instruire le Gouvernement à opter pour un modèle de réforme consensuel et réaliste ; restons mobilisés de jour comme de nuit, dans la lutte pour la garantie et la sauvegarde nos acquis ».
En définitive, après l’assemblée général, le collège syndical a donné une conférence de presse au cours de laquelle l’intersyndical de la société d’Energie Electrique du Congo a procédé à l’état des lieux de leur entreprise, mais surtout, des conséquences que pourront engendrer la concession et l’affermage de la société d’électricité, patrimoine national.
A noter que la société énergie électrique du Congo, qui est une société anonyme unipersonnelle (SAU) recouvre un montant de 7 milliards par mois pour une masse salariale de 2 milliards. Plusieurs autorités politico-administratives et militaires et des établissements administratifs sont redevables à E2C. pour le cas de Pointe-Noire par exemple, la dette de la LCDE envers la société d’électricité est de 5 milliards 75 millions 135 mille 343 (5.075.135.343) F.CFA.
Le ministre Ouosso, ne paie pas ces factures d’électricité dans ces multiples immeubles et villas disséminés dans le pays. A cet effet, il doit des factures de 143 millions. Les exemples sont multiples.
Pour marquer leur protestation à cette forme de privatisation de leur entreprise, leur seul et unique outil de travail, les travailleurs ont brandi des cartons rouges à leur ministre de tutelle, Emile Ouosso qui, disent-ils, n’a pas associé les cadres de la société et l’expertise nationale avant de signer de tels accords. Un délai de 7 jours a été donné à la tutelle et au Gouvernement, avant de déclencher une grève générale sur toute l’étendue du territoire national, si leurs revendications ne sont pas tenues.
VALDA SAINT-VAL/Les Echos du Congo-Brazzaville