A Brazzaville, il n’y a pas de statistiques officielles, mais les élèves ont succombé à la tentation du chanvre indien. Dans plusieurs collèges et lycées de la capitale congolaise, ils grillent leurs joints devant les portails de leurs établissements. Comme si de rien n’était. Pis, le trafic s’instaure au vu et au su de tout le monde. Impuissante, l’administration du CEG Ngamaba Tsalakoua essaie de mettre en place des garde-fous pour dissuader les potaches déjà accros à la substance. Ce n’est pas toujours évident. Ceux qui ont déjà franchi la ligne rouge recherchent encore des issues dans un pays qui manque d’infrastructures curatives.
Il est 8 h. Des élèves du CEG Ngamaba Tsalakoua s’agglutinent devant le portail de leur établissement situé au quartier Gambio dans l’arrondissement 7 Mfilou. Sur un coin de rue en face de leur collège d’enseignement général, ils sont heureux comme des mômes dans ce coin pollué par l’odeur du chanvre indien.
Le premier pétard est allumé et fait sa tournée entre des mains expertes.
Insouciants, ils se plaisent dans leur paradis artificiel. Alors que leurs camarades ont fini de vider leur cartable en classe, certains s’attardent pour obtenir leur dose avant de rejoindre leurs professeurs.
Le long des murs surplombés par le feuillage des manguiers, des élèves se retrouvent pour partager des joints.
Impuissants, le directeur du CEG et certains professeurs, observent la scène. Ils sont stupéfaits par autant d’audace. La question de la drogue en milieu scolaire ne laisse pas insensible le directeur du CEG Ngamaba Tsalakoua. Alexandre Mbouity est d’avis que les causes et les responsabilités doivent être situées.
Samedi 22 février 2025, il a interpellé en premier, lors d’une réunion, les parents d’élèves : «Beaucoup de parents ne surveillent plus leurs enfants. L’emploi du temps de l’élève doit être défini et suivi. Aller dans son école pour constater son assiduité, connaître ses professeurs et surveiller l’amitié de ses enfants et ses fréquentations. L’école est victime des milieux dans lesquels elle est implantée ».
Après les parents, vient l’école, selon Alexandre Mbouity : « Dans les collèges, parfois entre des cours, les enfants sortent, ils restent des heures dehors, vont dans des quartiers. Il y a beaucoup de chefs d’établissements qui font leur possible et quand ils convoquent les parents, ces derniers ne viennent pas répondre ». Ce qu'il trouve inadmissible.
Il reconnait que la consommation de drogue gagne du terrain dans l’espace éducatif. Aussi bien chez les garçons que les filles.
Pour lui, la drogue s’est beaucoup plus rapprochée de l’espace scolaire. Et cela n’est pas sans conséquence.
Si les adolescents n’ont plus peur de l’école, ni des autorités de l’école pour fumer de la cigarette et du chanvre, on se demande à quoi vont ressembler les écoles dans 20 ans ?
Il y a un laisser-aller dans les écoles. Les autorités ne font pas le suivi des élèves et de ce qu’ils apportent.
Au Congo-Brazzaville, l’usage du chanvre indien ne semble pas être en déclin. Alors que le marché est en expansion dans les collèges et les lycées de la capitale.
Aujourd’hui, le phénomène est en train de faire des ravages chez les collégiens et lycéens.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville