Voyager dans le transport en commun à Brazzaville exige une énergie, qui surpasse, parfois, la capacité naturelle humaine. Certains vous diraient tout simplement «il vous faut du courage ». Depuis plusieurs semaines, les usagers se livrent à des bagarres pour espérer trouver la moindre place. Certains passent trois quart d’heure en attente dans une station de bus de différents arrondissements de Brazzaville, notamment à Moukondo, Mairie de Mfilou, Bacongo et Talangai… Motif, la pénurie de carburant qui frappe une fois de plus la capitale congolaise, a constaté un journaliste des Echos du Congo-Brazzaville.
Se déplacer dans la capitale congolaise est véritable parcours du combattant. Les usagers font face à des prix exorbitants depuis quelques temps. Confrontés à la rareté des taxis, ils doivent aussi faire face à une hausse du prix du transport.
En effet, pour ne pas passer d’interminables minutes debout, il faut donc doubler, voire tripler son offre sur des distances relativement courtes, à défaut d’y aller à pieds.
Dans un secteur dominé par des opérateurs privés depuis la faillite de la Société des Transports Publics Urbains (STPU), les conducteurs et receveurs profitent de cette situation pour imposer des surenchères tarifaires.
Le phénomène du « demi-terrain », qui consiste à morceler les trajets pour maximiser les profits, s’est intensifié.
Les usagers sont contraints de payer plusieurs fois le prix initial pour parcourir une distance autrefois couverte par un seul trajet.
Aux heures de pointe, les aires de stationnement sont envahies par une foule hétérogène : élèves en uniforme, étudiants, commerçants et travailleurs s’entassent dans l’espoir d’attraper un bus.
Mais les véhicules se font rares et les quelques-uns disponibles imposent des tarifs exorbitants. Les receveurs et crieurs ignorent délibérément les protestations des usagers, laissant ces derniers sans autre choix que de céder à leurs exigences.
Cette crise met en lumière l’absence de politiques publiques efficaces pour développer un réseau de transport collectif compétitif à Brazzaville.
L’inertie des autorités face à la croissance urbaine galopante aggrave la situation.
En l’absence d’une réponse adaptée, le transport devient un véritable parcours du combattant pour les habitants, particulièrement ceux vivant en périphérie.
Aujourd’hui, le prix de la course dans un bus varie entre 300 voire 400 francs CFA au lieu de 150 Francs CFA.
Dans ce contexte où l’offre et la demande dictent les prix, c’est toujours le consommateur final qui paie le prix fort. Les ménages voient leur pouvoir d’achat s’éroder face à ces hausses imprévues, tandis que la population continue de subir au quotidien les effets d’un système défaillant.
En attendant la construction d’une deuxième raffinerie annoncée comme solution à long terme pour stabiliser l’approvisionnement en hydrocarbures, c’est un vrai désordre qui mérite d’être stoppé à temps pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville