Arlette Soudan-Nonault érige les cataractes de Brazzaville en site touristique pour renflouer les caisses de l'Etat

Resté longtemps dépendant du pétrole qui représente à lui seul 60% du PIB, le Congo veut désormais diversifier son économie en jouant la carte du tourisme. La ministre du Tourisme et de l’Environnement, Arlette Soudan-Nonault a annoncé le 27 janvier 2019 que le site touristique en construction aux cataractes du fleuve Congo, dans le 9e arrondissement, Madibou, à Brazzaville, allait contribuer à la diversification de l’économie congolaise, grâce aux taxes et impôts qui y seront prélevés sur les services et les commerces.

Selon la ministre Arlette Soudan-Nonault, on y trouvera diverses boutiques dont une pour les artisans, des restaurants, une salle polyvalente, des haies de promenade sur les quais, des parcours de randonnées pédestres, des parkings, un parc d’attraction pour enfants, des quais pour la pratique du kayak et hors-bords…

Les services de la place seront provisoirement remis au gouvernement congolais, par le biais du Ministère en charge du Tourisme, en juin prochain.

Actuellement, les offres pour la gestion dudit site et les réservations des espaces et services sont disponibles au Ministère congolais du Tourisme et de l’Environnement.

La construction de ce site moderne des cataractes est financée à 70% par la STB, une société privée de droit congolais, et l’Etat congolais qui apporte les 30% restants.

On rappelle que le site des cataractes du Djoué, que l’on aime tant présenter comme un merveilleux site touristique, est devenu avec le temps une véritable décharge au point où il ne fait pas bon d’aller se baigner. Ce beau site à proximité de la confluence avec le Djoué, lieu de promenade et d'activité pour les congolais, indispensable pour apprécier de près la puissance du fleuve Congo, est probablement là que finiront vos vieux PC ou téléphones portables. Les touristes sont dépités et les défenseurs de l'environnement inquiets.

Le site des cataractes du Djoué est devenu l'une des plus grande décharge de Brazzaville. Ici se retrouve une grande partie de nos déchets électroniques : ordinateur, téléphones, mais aussi réfrigérateurs ou fours à micro-onde. On y trouve également des bouteilles en plastique de toutes les couleurs, contenants en polystyrène, la plupart jaunis par le temps, morceaux de cuvette en plastique, des sachets par dizaines sont observés. Vielles sandales en caoutchouc, vielles chaussures, valises usagées, cuillers en plastique, gobelets, bouchons, emballages de biscuits et bonbons. Tubes de déodorant, crème pour la peau, shampoing et bouteilles d’huile vides sont aussi constatés, soit l'équivalent de 192.000 tonnes chaque année. Ce qui présente une pollution susceptible de provoquer une nuisance ou un risque pérenne pour les personnes ou l'environnement.

Une véritable économie parallèle s'y est développée (bars, restaurants, vente de sable…) sur ce site d'une superficie de près de 60 000 hectares et qui offre une des meilleures vues sur les rapides - et leur puissance - du fleuve Congo.

Les cataractes avec leurs rochers émergeants comme des éperons et la furieuse accélération du courant ont de tout temps interdit la navigation du fleuve après le Stanley Pool, elles ont à ce titre modelé l'histoire du Congo, des échanges et du commerce entre les royaumes, jusqu'aux projets de Pierre Savorgnan de Brazza et des colons français.

Une petite île est accessible de la plage en pirogue, surnommée l'île des Amoureux. Elle est un repaire pour les couples ou groupes qui ont envie de s'isoler. Ses berges sont constellées de rochers polis par le courant.

Pendant la présidence de Marien Ngouabi, le groupe de putschistes emmené par Ange Diawara, après l'échec de leur coup d'Etat, y aurait trouvé refuge.

D'autre part, le fleuve se resserrant à cet endroit, sa situation à quelques encablures des deux capitales fait qu'elle pourrait servir d'escale à tous types de transits entre Kinshasa et Brazza. Mais les rapides veillent et l'extrême densité de végétation témoigne de son côté hostile et inviolé.

Le site des cataractes du Djoué est un lieu touristique de détente, de loisirs et d’escalade de rochers appartenant à l’État congolais et qui, pendant plusieurs années, a été exploité par l’Office congolais du tourisme, notamment de 1960 à 1985, date à laquelle cette société a été liquidée.

Depuis 1985, ce site ouvert à tous les touristes nationaux et internationaux, est placé sous la tutelle du Ministère du Tourisme et de l’Environnement.

Un bras de terre forme une retenue d'eau paisible qui autorise une baignade abritée des rapides.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville