Congo-Lutte contre la corruption : Lamyr Nguelé a du pain sur la planche

Le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Lamyr Nguelé a encore du pain sur la planche. Plusieurs secteurs coincent encore dans ce processus d’éradication de la corruption. Entre autres, le secteur des marchés publics, l’exploitation forestière, les douanes, les impôts et le trésor. Toutes choses qui témoignent que les populations congolaises sont résistantes aux changements de mentalités. À cela s’ajoutent les lenteurs administratives qui concourent à l’expansion de la corruption au Congo.

Même le président du Sénat congolais, Pierre Ngolo a reconnu hier, lors d’un échange de vœux de Nouvel An avec les sénateurs, à Brazzaville, que même les parlementaires congolais sont corrompus jusqu’à la moelle épinière, au point de prendre l’engagement de combattre ces antivaleurs qui rongent aussi bien l’administration publique que la chambre haute du parlement.

Il est devenu de plus en plus ardu d’obtenir normalement un document administratif ou un service dans les délais normalement impartis. Tout recours à l’administration publique ou privée pour un papier ou une pièce spécifique, voire un service dont la délivrance est censée être régentée, du type passeport, carte d’identité, intervention des forces de sécurité, un poste budgétaire, une facture au Trésor public, nécessite un pot-de-vin.

A quelques exceptions près, la corruption est devenue endémique au Congo-Brazzaville et sévit à toutes les étapes de quelque processus que ce soit, particulièrement lorsque de fortes sommes sont en jeu.

Il devient donc nécessaire de mener une réflexion sur l’assainissement des mœurs sur la gestion de la chose publique au Congo-Brazzaville car la corruption et ses infractions connexes ou assimilées comme la concussion, le trafic d’influence, la soustraction et le détournement des biens, la gestion frauduleuse, l’enrichissement illicite, le favoritisme, la prise illégale d’intérêt, les abus des biens sociaux et le blanchiment des capitaux constituent un obstacle à l’éradication de la pauvreté et sape la capacité du pays d’atteindre ses objectifs du développement.

Au Congo Brazzaville, aucun secteur n’est épargné par la corruption.

Le 31 juillet 2016, le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Lamyr Nguelé, a accusé le Parquet de Brazzaville de ne pas engager les poursuites judiciaires contre les tierces sur certains dossiers avérés.

Cette déclaration a été faite au cours d’une conférence de presse sur le bilan des activités menées par ladite institution.

Organe technique de l’État, la commission a deux missions essentielles à savoir, le contrôle et l’enquête. Quand les investigations de la commission mettent en évidence des faits susceptibles de constituer des infractions graves, celle-ci saisit les autorités judiciaires compétentes.

Lamyr Nguelé a déploré le fait que le parquet n’engage pas des poursuites contre les auteurs des actes d’extorsion de fonds.

«Il y a à craindre que tout le travail que fait la commission soit annihilé par le silence du parquet. La commission n’a aucun moyen de droit pour contraindre le parquet ou le procureur à poursuivre coûte que coûte les prétendus fraudeurs », a indiqué Lamyr Nguelé.

Le président de la commission a souligné que les secteurs les plus corrompus sont les douanes, les impôts et le trésor. Dans le secteur de la santé, la corruption perdure encore.

Lamyr Nguelé a conclu que les enquêtes ont permis de faire achever plusieurs chantiers abandonnés lors de la municipalisation et de révéler un cas de flagrance avérée qui a permis d’établir un préjudice subi par l’État estimé à un montant de 4 milliards 454 millions de francs CFA.

Qui dit corruption, dit aussi corrupteur et corrompu. Mais qui doit-on réellement blâmer ? Et surtout, comment combattre le phénomène ?

Ce qui est certain, c’est que l’économie et le développement du Congo-Brazzaville en pâtissent.

Germaine Mapanga / Les Echos du Congo Brazzaville