A Brazzaville, les pauvres en quête désespérée d'eau

Certains la puisent dans les égouts pour leurs toilettes, d'autres attendent des heures pour s'approvisionner, sans oublier ceux qui la vendent à prix d'or : dans une ville paralysée par les coupures de courant, les pauvres sont en quête d'un bien précieux, l'eau. Des centaines de personnes font la queue jour et nuit devant des puis et parfois devant les villas des hommes nantis. Bidons, bouteilles, seaux : ils remplissent tout ce qu'ils peuvent.

«On n'a pas d'eau, ni d'électricité. Les coupures de courant sont terribles, on perd les aliments. Le manque d'eau est un problème chronique partout à Brazzaville notamment, à Batignolles, Plateaux de 15 ans, Diata, Bacongo…explique une femme à l'allure dépenaillée. Dieu merci, nous avons ça », se console-t-elle en montrant les deux puits.

A Diata, un attroupement s'est formé autour d'une bouche d'égout : des hommes et femmes y puisent de l'eau à l'aide de cordes et de seaux pour leurs toilettes.

Des machines à laver servent aujourd'hui à orner les maisons.

L’eau, dont on dit qu’elle est un bien commun de l’humanité, devrait pourtant contraindre les hommes à redevenir humbles et à admettre que, pour survivre ensemble, il faut la partager dans tous les ménages.

Nul ne peut nier que la distribution de l’eau potable a un coût : pour la capter, la rendre consommable et l’acheminer jusqu’au robinet, il faut des investissements lourds et une maintenance qui déterminent un certain prix pour le mètre cube d’eau. Mais ce service pris en charge par La Congolaise Des Eaux (LCDE) pose problème.

La réflexion sur la distribution de l’eau potable, notamment en milieu urbain au Congo-Brazzaville, mérite donc un débat sérieux. Il conviendra toutefois de ne pas le laisser s’éterniser dans des digressions oiseuses qui ne servent qu’à maintenir la situation en l’état : il est temps d’exiger aux décideurs, à ceux qui ont la moindre parcelle d’autorité dans ce domaine, le respect d’un droit que l’on croyait acquis, celui de l’accès pour tous à l’eau potable au Congo-Brazzaville.

En respectant le principe selon lequel si l’eau potable a un coût, et donc s’il est juste qu’elle ait également un prix, elle a surtout une « valeur ».

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville