Brazzaville : À bord d’un “100-100”, comme dans un cercueil roulant

En dépit du mauvais état des véhicules, le transport urbain par taxi bus est devenu incontournable pour les déplacements à Brazzaville, la capitale congolaise et sa banlieue. Dans un concert assourdissant de klaxons et de ronflements de voitures, des jeunes convoyeurs interpellent les clients. Ici, une équipe organise le chargement par ordre d’arrivée. On dénombre une cinquantaine de véhicules, pour la plupart des fourgonnettes de marque Mercédès Benz, et quelques Hiace. Principal trait caractéristique : leur état de vétusté avancée. En un mot, des véritables cercueils roulants.

Difficile de s’imaginer en apparence, que ces véhicules, parfois sans plaques d'immatriculation,  sont en mesure de circuler devant la police routière. Tant, elles sont vielles et délabrées.

Absence de portières, de phares, radiateur dénudé, pare-choc attaché à la fronde, vieillesse généralisée, pneus usés, défaut de visite technique, surcharge, des chauffeurs aux permis de conduire frauduleux mais qui n’ont rien à craindre, on roule donc, sans rétroviseur, sans clignotants, avec des pièces qui peuvent lâcher à tout moment etc. La liste des détails qui intriguent n’est pas exhaustive.

À l’intérieur, les passagers sont assis par rangées de cinq sur des bancs, en lieu et place des sièges enlevés pour offrir plus d’espace.

Au total, entre 23 et 25 personnes y sont entassées. La tapisserie interne des véhicules a disparu depuis des lustres. Gare au tétanos !

En dépit du manque de confort, de nombreuses personnes font recours à ce mode de transport. La principale raison étant plusieurs taxis bus qui assurent le transport urbain et dont le coût change selon les humeurs des conducteurs, ne desservent pas tous les quartiers de Brazzaville et sa banlieue.

Pour limiter les dégâts, nous appelons les autorités à mettre fin au laxisme qui ronge le secteur de la sécurité routière. Il faudrait contrôler rigoureusement l’état des véhicules.

Lors des contrôles, la police routière ne se contente que d’arnaquer les conducteurs au lieu de s’assurer qu’ils sont en règle. Ce n’est donc pas tout de suite que l’ordre reviendra dans ce secteur.

En attendant le « le cercueil roulant » semble avoir de beaux jours devant lui.

Avec 1 696 392 d'habitants en 2015, la capitale congolaise connaît un essor spectaculaire lié à sa fonction de grande métropole politique. Les classes sociales défavorisées, captives des transports en commun peu efficaces, sont rejetées dans les quartiers sous-équipés, de plus en plus éloignés du centre-ville.

La mobilité motorisée s'impose face à la marche à pied. Le développement des transports s'accompagne de disparités territoriales et d'inégalités sociales.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville