A Mossendjo, les portables se rechargent dans la rue

Ce sont deux totems jaunes qui intriguent les nombreux passants au rond-point « Chamoukoualé » à Mossendjo dans le Niari (sud). Depuis plusieurs mois, deux bornes de recharge pour téléphones portables, ont fait leur apparition dans cet espace public. Alimentées, 24h/24 et 7j/7, par le groupe électrogène de la compagnie de téléphonie mobile MTN afin d’aider ses nombreux abonnés à recharger leurs téléphones dans une ville dont la fourniture en électricité est paralysée depuis plusieurs années, les habitants de la ville des palmiers, par ordre d’arrivée, branchent leurs téléphones et attendent debout jusqu’à la charge complète des appareils. Ce dispositif permet de recharger jusqu'à 45 appareils, en toute sécurité, pour une ville qui compte plus de 15000 âmes.

« C'est pratique car la ville de Mossendjo n’a plus d’électricité depuis plusieurs mois et cela m'évite de chercher une prise au restaurant où dans une boutique de la place qui propose ce service moyennant une somme de 200 FCFA », confie un quadragénaire.

« C'est sécurisé donc je ne suis pas inquiet de me faire voler mon portable et en plus c'est gratuit », affirme un jeune de Mossendjo qui vient de parcourir plusieurs kilomètres pour venir recharger son téléphone portable.

Dans la ville où les « bébés noirs » ou « kuluna » ne sont même pas connus en rêve, la station de recharge est plutôt un lieu de retrouvailles amicales et de causeries sur tous les sujets d’actualité.

Cette stratégie commerciale permet à MTN de continuer à fleurir, malgré les difficultés économiques d’une population tournée vers l’agriculture, le petit commerce, et de plus en plus à la vente du gravier issue de la casse des roches au lac bleu.

Selon des citoyens, qui témoignent leur reconnaissance à MTN, l’érection d’un hangar muni de bancs serait idéal et permettrait aux usagers de s’asseoir pendant l’attente, puisque tout le monde n’a pas un chargeur rapide. L’abri pourrait aussi protéger contre les intempéries, estiment-ils.

Mossendjo régresse de plus en plus. Auparavant alimentée par un générateur de la Société nationale d’électricité (SNE), la ville des palmiers n’est plus éclairée depuis plusieurs années. La nuit, Mossendjo donne l’image d’une vaste forêt, étant totalement dans le noir. A partir de 19 heures, certaines avenues et ruelles, elles-mêmes envahies d’herbes, deviennent quasiment désertes. Les quelques citoyens qui bravent ces ténèbres, bien qu’habitués, courent des risques de morsures de serpents.

Les installations électriques sont visibles dans la ville. Mais rien ne marche depuis plusieurs années. La population ignore la vraie raison de cette coupure prolongée de l’électricité. Un véritable manque à gagner pour l'économie locale et  une souffrance pour la population de la ville des palmiers.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville