Le kisikongo et l’unité culturelle africaine (Libre propos de Michel Mboungou-Kiongo)

Népher, généralement écrit Nefer, est un prénom de l’Égypte antique, signifiant le « le beau » ou ce qui désigne “ce qui est beau”. Dans la langue kikuni, « ku nièfe », c’est être agréable à regarder ou à contempler ; « kima ki nièfe, kima kia nièfè », signifie une chose agréable à voir, à regarder, à contempler.

En s’intéressant à la langue de l’Égypte ancienne, un observateur attentif sera surpris des mots et des noms qui semblent partager une parenté linguistique dans la phonologie, la graphologie et la sémantique avec les langues kongo en général et le kikuni en particulier.

Prenons l’exemple du nom Pata, qui est exclusivement porté par les femmes chez les Kuni.

En kuni, le verbe pata signifie : enduire, badigeonner, fabriquer ou créer une œuvre d’art à partir de l’argile molle. Dans la langue de l’Égypte ancienne, ce nom s’écrit Ptah et se prononce Petah ou Patah, parce que la langue égyptienne ancienne ne comporte pas de voyelle (elle est consonantique) ; tout comme l’est devenue l’hébreu, née de l’égyptien dans la colonie égyptienne de Canaan après l’Exode.

D’ailleurs, historiquement, l’hébreu voit le jour à partir d’un langage issu de plusieurs dialectes parlés par les nombreuses ethnies venues travailler à la construction de la nouvelle capitale Akhet-Aton, et au service des activités du nouveau Pharaon Amenhotep lV, qui a changé son nom en Akhenaton.

Ce qui est une grande première de l’histoire de l’Egypte antique. Car les Pharaons conservaient jusque dans l’au-delà les noms donnés par les parents et par la titulature royale.

À son commencement, l’hébreu est une langue qui était d’usage à Akhet-Aton, et qui a pris son essor bien après le démantèlement et l’effacement total de cette ville - la capitale égyptienne fondée par le Pharaon Akhenaton ou Amenophis IV sous la XVIIIe dynastie.

À noter que la condamnation, la destruction et le bannissement, sans appel, d’Akhet-Aton comme « ville maudite », ont été décrétés par le Vizir, appelé Père Divin (parce que beau-père d’Akhenaton). Cet homme puissant, politiquement, a été le responsable en chef de la charrerie de l’empire sous Amenophis IV ou Akhenaton.

C’est lui qui assumera aussi le statut de régent du jeune Pharaon Toutankhamon, qui est monté sur le trône d’Égypte à huit ans, à la mort de son père Akhenaton. Cinq ans plus tard, le nom du roi passe de Toutakhaton à Toutankhamon.

Et lorsqu’il meurt à 18 ans (sans laisser d’héritier - les annales égyptiennes mentionnent que sa femme a fait une fausse couche d’une fillette) - c’est le Vizir Aï (ou Ay) qui devient Pharaon. Et c’est fort de sa position de Pharaon, grand chef politique et religieux, qu’il stoppe net le monothéisme institué par le Pharaon Akhenaton qui avait imposé le Dieu unique Aton en Égypte, à partir de la nouvelle capitale d’Akhet-Aton, vers laquelle convergeait toutes les richesses de l’Égypte, depuis 17 ans.

Le nouveau pharaon Aï va donc réinstaller le culte du Dieu multiple Amon sur l’ensemble de l’Égypte, de façon brutale et cavalière, en utilisant l’armée pour chasser hors d’Égypte les prêtres et résidents d’Akhet-Aton. Cette cohorte de « chassés » prendra, à pas forcés, le chemin de l’exode en direction de Canaan et vers les terres de la Judée.

Pour revenir à « Ptath » qui se dit en hébreu « Pothéah », la racine de ce nom, dans la langue hébraïque, signifie précisément « ouvrir », une extension vers l’espace, l’étendue, etc. Ceci étant égal par ailleurs, en kikuni, langue dans laquelle, le verbe [ku] Pothé signifie enduire, badigeonner, colorier, étreindre, embrasser, etc.

À noter que Ptah était le Dieu de Memphis, considéré comme le Verbe Créateur. Que dire, alors, de L’amour ? N’est-il pas la puissance même de la création !

La femme de Ptah s’appelait Sekhmet. Cette femme était symbolisée par une tête de lionne, qui était crainte parce qu’elle pouvait déclencher les fléaux les plus dévastateurs ; mais dont on pouvait apaiser la colère par des rites d’adoration.

Une lionne - nkosi ou kosi - n’est-elle pas paramétrée pour être redoutée quand elle lance sa chasse pour se nourrir, elle et sa portée, voire même le ou les lions mâles de la harde, - dans le but de stabiliser l’équilibre de la troupe !

En kikuni, le verbe [ku] sekmè signifie [se] stabiliser, notamment en parlant d’un liquide - surtout de l’eau ou de l’huile - qui était trouble et qui arrive à se décanter en devenant propice à un bon usage.

Michel Mboungou-Kiongo ancien DG de Télé Congo (1994-1997)