Maître Vianney Louetsi a rendu un sublime hommage à Larsen Bemy décédé cette semaine à Brazzaville.
« Mon frère Larsen Bemy, cher Maître,
Hier encore, tu étais là, mon frère.
Hier encore, à l’ENAM, entouré de tes collègues de promotion, tu as pris cette photo de famille. Une photo qui, sur le moment, ressemblait à une simple trace de fraternité… mais que nous comprenons aujourd’hui comme un signe, un aurevoir silencieux. Comme si tu avais voulu graver ton sourire et ta présence dans nos mémoires avant de t’éclipser. Le soir venu, sans prévenir, tu as choisi de tirer ta révérence.
Et c’est là que la douleur devient insupportable : tu n’étais pas malade. Aucune alerte, aucun signe avant-coureur. Tu n’avais donné à personne le temps de se préparer, pas même un mot, pas même un soupir. La mort, je le sais, n’avertit pas. Mais toi, Larsen, tu nous as frappés de plein fouet, nous laissant désarmés, comme figés dans un cauchemar éveillé.
Mon frère, je t’ai connu toujours Brillant sur les bancs de la première année de droit. Puis en deuxième, en troisième, en quatrième, en cinquième année.
Nous avons traversé ensemble les mêmes tempêtes : Les réveils à 1 h, 2 h ou 3 h du matin, bravant l’obscurité et les dangers, pour trouver une place à la faculté de droit.
Les journées entières à griffonner des notes serrées, dans des amphithéâtres bondés, au rythme effréné du TGV, comme nous aimions qualifier les cours du feu professeur MABOUDA en Histoire des Idées Politiques.
Les pertes de documents, les frustrations, mais aussi cette détermination qui nous portait tous.
Je me souviens, Larsen, des discussions passionnées que nous avions sur notre avenir, sur cette vision commune : réussir pour mieux servir nos communautés, être la fierté de nos familles et contribuer au développement de notre pays.
Tu as voyagé au Bénin, tu es revenu, et ton destin semblait s’ouvrir grand devant toi comme énarque.
Et pourtant… au moment où la lumière pointait enfin, tu as décidé de t’éteindre.
Tu as quitté ta promotion 2008, tes camarades de l’ENAM, tes collègues, ta famille, et toute cette chaîne de rêves que nous avions patiemment tissée ensemble.
Larsen, mon frère…
En partant ainsi, tu as laissé un vide que rien ne pourra combler. Tu as brisé le cœur de maman Pascaline, lui laissant une blessure qui ne guérira jamais.
Tu as marqué papa Alain Gay-Lussac d’une douleur qu’aucun mot ne saurait apaiser. Et sur toute la famille, tu as jeté un voile sombre, lourd de questions sans réponses : Que s’est-il passé dans la nuit d’hier ? Pourquoi ?
Je suis en larmes, mon cœur saigne. Et je me demande comment trouver le courage de te souhaiter la paix alors que je suis encore prisonnier de la peine.
Mais je veux que tu saches ceci : ton nom, ton sourire, ton courage, ta fraternité… rien de tout cela ne disparaîtra.
Va en paix, mon frère.
Tu es parti trop tôt, mais tu restes vivant dans nos mémoires et nos cœurs. Là où tu es, veille sur nous comme tu l’as toujours fait ».
Maître Vianney Louetsi