Congo – Vaginisme captif : Le phénomène de plus en plus fréquent est interprété entre mysticisme et physiologie

Depuis quelques temps, des couples ‘’bloqués’’ en plein acte sexuel dans des hôtels de passe, sont livrés à la vindicte populaire par les tenanciers des hôtels. En expulsant des lieux ces personnes, le hôteliers se livrent à des atteintes à la pudeur,  pourquoi pas à l'atteinte à la dignité humaine, des faits repréhensibles par la loi. Entre curiosité et étonnement, chacun y va de son interprétation, arguant parfois une action mystique du conjoint cocu. Pourtant, il n’en est rien de tout cela. C’est plutôt la femme qui est malade, souffrant de ‘’vaginisme captif’’. Et cela peut se soigner.

Le vaginisme est un trouble sexuel qui touche le vagin de la femme. Il se manifeste par une contraction totalement involontaire des muscles du plancher pelvien.

Ce trouble empêche toute pénétration vaginale, voire provoque une rétention du pénis après la pénétration. Cette affection vaginale peut être causée par des facteurs physiques ou psychologiques, et peut entraîner une anxiété sexuelle importante chez les femmes qui en souffrent.

Beaucoup d’hommes confrontés à cette situation avec leur partenaire prise en flagrant délit d’adultère, arguent un fait mystique dont ils auraient le contrôle.

Selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), environ 1 % des femmes en âge de procréer en France seraient victimes de vaginisme. Ce trouble représenterait également entre 6 et 15 % des consultations en sexologie.

Au Congo, même si on en dispose pas de statistiques, le phénomène de ‘’penis captivus’’ existe bel et bien, mais n’a pas le caractère de sévérité que la légende lui fait revêtir.

Et s’il se présente, selon certains médecins, il y a un geste simple qui peut débloquer la situation. Celui-ci est un toucher rectal (pénétration des doigts dans l’anus de la femme). Cela va provoquer un réflexe de décontraction des muscles du périnée et débloquer la situation.

Les causes du vaginisme peuvent être physiques ou psychologiques. En réalité, on ne connaît pas très bien les mécanismes qui entraînent cette contraction involontaire des muscles du périnée. Toutefois, les médecins s’accordent à dire que le vaginisme est le résultat d’une combinaison de plusieurs éléments :

Des facteurs physiques : les muscles de la zone périnéale se contractent de façon bien réelle. Ces contractions sont involontaires et incontrôlables. Aucun obstacle physiologique ne peut expliquer l’impossibilité de la pénétration, mais des facteurs hormonaux expliquent parfois ce phénomène.

Des facteurs psychologiques : les femmes sujettes au vaginisme ressentent généralement de la peur, de l’appréhension ou encore de l’angoisse à l’idée d’avoir un rapport sexuel. C’est cette peur subconsciente qui fait qu’en présence d’un partenaire illégitime, les muscles pelviens se contractent davantage, alors qu’avec le partenaire de tous les jours le sentiment d’apaisement et donc de confiance aidant, les muscles pelviens se relâchent. Ce n’est pas l’action des prétendus fétiches de l’homme qui auraient emprise sur la femme.

Plusieurs situations peuvent ainsi déclencher un vaginisme, telles que : des infections urinaires et/ou génitales à répétition (mycose vaginale) ;

un défaut de lubrification notamment durant la ménopause (vagin sec) ;

un syndrome de Rokitansky (vagin serré) ;

une dyspareunie (douleurs pendant les rapports) ;

des troubles à la suite d’un accouchement ;

le stress ;

la méconnaissance de son corps ou une mauvaise image de son corps ;

une éducation religieuse ou sexuelle stricte ;

un trouble de l’identité sexuelle ;

la peur de tomber enceinte ;

une angoisse généralisée à l’idée d’avoir des rapports ;

des violences sexuelles passées.

Les causes du vaginisme peuvent donc être très diverses. Chaque femme a sa propre histoire et son propre rapport au corps et à la sexualité. Mais dans la grande majorité des cas, le vaginisme est d’ordre psychologique et non pas physique. Il convient donc de comprendre la cause profonde afin de mettre en place un traitement adapté.

Pour guérir du vaginisme, plusieurs approches peuvent être envisagées. L’équilibre sexuel et affectif de la femme et du couple peut se voir affecté. La femme souffrant de vaginisme ressent souvent une baisse de l’estime de soi et peut avoir le sentiment de ne pas être une femme. Il est important de noter que le vaginisme peut être soigné.

Le traitement du vaginisme dépend de la cause sous-jacente. Dans le cas d’une cause physique (petit vagin, manque de lubrification, mycoses, etc.), une sage-femme peut aider à l’élargissement du vagin grâce à des exercices de relaxation pelvienne et à des massages. La lubrification vaginale peut également être utilisée pour aider à réduire la douleur vaginale.

Dans le cadre d’un vaginisme d’origine psychologique, une thérapie cognitivo-comportementale peut être utilisée pour aider à traiter le trouble sexuel. Cette thérapie aide à comprendre et à surmonter les facteurs psychologiques qui contribuent au vaginisme.

La communication dans le couple est également primordiale pour aider à surmonter le vaginisme, car le vaginisme captif ne se manifeste pas seulement en cas d'adultère. Le ''propriétaire des lieux'' peut aussi être retenu prisonnier.

Dans le cas d'une relation sexuelle après une dispute par exemple, le stress de la femme peut contracter davantage ses muscles pelviens en signe de protection et retenir captif l'organe de son propre conjoint. C'est ensuite, avec le repos et l'appaisement qu'il se libère de l'étreinte.

Les partenaires peuvent apprendre à se connaître et à apprivoiser leur corps grâce à des techniques de sexologie. D’ailleurs, l’accompagnement d’un sexologue ou d’un psychothérapeute est fortement recommandé.

Ceci dit, ce comportement des hôteliers consistant à livrer à la vindicte les couples en phase de ‘’vaginisme captif’’ actant une atteinte à la pudeur, devrait faire l’objet de véritable rappel à l’ordre, voire de sanctions drastiques, de la part des autorités.

Sans encourager la relation adultérine ou d’infidélité, ce qui face à la loi est tout de même sujette à caution pour une femme non reconnue mariée, le reflexe premier pour les hôteliers, consisterait à protéger ces couples pris en défaut, puis saisir le corp médical, pas les Forces de l’ordre, car il n’y a rien de repréhensible dans le fait qu’un couple soit ‘’coincé’’ ou qu’il ait une relation adultérine, ce qu’il faut prouver, encore que... Quitte à leur faire payer le surplus de temps passé dans la chambre, en attendant que se normalise la situation.

La définition exacte de l’adultère reste donc floue et la qualification de faits en infidélité ou adultère est, la plupart du temps, laissée à la seule appréciation du juge.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville