Hôpital de base de Makélékélé à Brazzaville : Des garde-malades dorment à la belle étoile et parfois même sous les intempéries

La présence d’un proche à l’hôpital, aux côtés des patients hospitalisés est très précieuse. En plus d’apporter un soutien affectif crucial, les accompagnants (aussi appelés garde-malades) sont responsables du confort de leur proche à l’hôpital. Ils s’assurent que le patient soit nourri, lavé et ne manque de rien. Une présence réconfortante, une oreille attentive … Les accompagnants sont tout cela et bien plus encore ! Mais à l’Hôpital de base de Makélékélé, le premier arrondissement de Brazzaville, des garde-malades dorment à la belle étoile et parfois même sous les intempéries. Ils accusent le Ministère de la Santé et de la population l’unique responsable « de ce calvaire indescriptible » qui dure depuis plusieurs années.

Aucun garde-malade n’a le droit par exemple d’accéder  au pavillon de la Maternité. Ils sont obligés de dormir par terre sous les arbres, des tentes familiales de camping…

A cela il faut ajouter le harcèlement de ces derniers, tout ceci parce qu'il faut payer le service fait par les infirmières et les sages femmes (le bain d’un malade à l’hôpital de base de Makélékélé coûte 2500 FCFA), le business des produits pharmaceutiques par cette catégorie du personnel médical (ils ont les produits les plus usités dans leur blouses et sacs : ces produits sont vendus au double).

Le médecin du jour effectue les visites en compagnie des infirmières et infirmiers.

Selon l'évolution ou non de la maladie, il prescrit un ou des produits à acheter ou encore des examens à faire. C'est en ce moment que certains infirmiers véreux qui possèdent ces produits, les leur proposent au lieu de les laisser le faire à la pharmacie de l'hôpital ou ailleurs. Un business qui perdure et bien connu par la Direction générale de l’Hôpital de base du plus grand arrondissement de Brazzaville.

Livrés à eux-mêmes, les infirmiers édictent les règles.

Selon plusieurs témoins, une « loi de l’omerta » s'est imposée dans le pavillon Maternité pour étouffer ces pratiques ignobles et ignominieuses.

Certains garde-malades contactés par la rédaction des Echos du Congo-Brazzaville, dénoncent aussi l'insalubrité qui règne dans les toilettes des malades internés. A en croire ces témoins, la plupart des pavillons ainsi que les installations hygiéniques de cet hôpital sont souvent mal entretenues.

Nombreux ont lancé un cri d’alarme aux autorités pour qu’une solution rapide soit trouvée à cette situation.

Beaucoup d’hôpitaux en Afrique autorisent la présence permanente d’un parent dans la chambre d’un patient hospitalisé, surtout dans les cas d’hospitalisation en pédiatrie.

Au Congo-Brazzaville,  la plupart du temps, les familles des personnes hospitalisées font de nombreux allers-retours de leur domicile vers l’hôpital pour visiter leur proche. Ces déplacements sont longs et coûteux.

La  présence d’accompagnants est d’autant plus cruciale, car, outre le soutien émotionnel, les « garde-malades » assurent l’alimentation du patient et lui prodiguent les soins d’hygiène élémentaire.

En effet, tous les hôpitaux publics de Brazzaville, la capitale congolaise, ne proposent actuellement pas de service interne de restauration. Chaque patient arrive donc à l’hôpital accompagné d’une ou deux personnes qui se chargent de lui préparer les repas durant le temps de son hospitalisation.

Des cuisines improvisées s’installent dans la cour de l’hôpital où les feux crépitent tout au long de la journée pour préparer les repas et faire bouillir l’eau. Les garde-malades (majoritairement des femmes) font également la lessive ainsi que la toilette du patient lorsque l’hôpital est approvisionné en eau potable.

Très peu d’infrastructures sont développées pour accueillir dignement ces accompagnantes. Pas de bâtiment, de cuisine, de toilettes spécifiques, ni de chambres.

Bien souvent, les patients partagent leur lit avec leur proche pour la nuit.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photos : DR