Congo – Tribune libre : Le projet de société « Ensemble, poursuivons la marche » indique la marche à suivre (Par Roger Ndokolo Pdt de l’Union pour la Refondation républicaine UNIRR)

En lisant le projet de société « Ensemble, poursuivons la marche », je retrouve sans trop de peine un certain nombre de thèmes que j’ai développés dans des articles précédents ainsi que d’autres sujets auxquels mon parti, l’UNIRR, accorde la plus grande attention. Il me plaît de constater, par exemple, que la diversification de notre économie est au programme de ce projet.

Nul besoin de le répéter : notre économie est lourdement dépendante du pétrole, et c’est là, manifestement, notre talon d’Achille. La crise qui nous affecte depuis la chute des prix du pétrole sur le marché international amplifie brutalement cette réalité, nous appelant à y remédier impérativement.

Le projet qui nous est présenté a le mérite de détailler les actions concrètes et pertinentes qui devront être mises en œuvre en vue de cette pressante diversification. Nous pensons en particulier à l’agriculture qui est le parent pauvre au Congo où seulement 10% des terres arables sont mises en culture. Un secteur prioritaire où le bon sens nous appelle à concentrer d’urgence nos énergies.

Au-delà de l’agriculture stricto sensu il y a une panoplie d’activités économiques qui relèvent également du secteur primaire. Elles ne sont pas moins importantes que le travail de la terre. Ajoutons qu’au centre du monde rural il y a tout naturellement le paysan. Ses besoins essentiels ainsi que ses aspirations à une vie meilleure ont trop souvent été passés par pertes et profits. Le projet ci-dessus nous indique un tournant : « Dans tous les villages, principalement de plus de 100 habitants, on veillera à ce que y soient installés un dispositif de fourniture d’eau potable, une connexion au réseau d’électrification rurale et un centre de soins intégré (CSI). » Cela va de pair avec le désenclavement de l’arrière-pays car « tout village de plus de 100 habitants devra être accessible par la route ou par voie d’eau. » Enfin la santé n’est pas laissée aux oubliettes puisqu’il est question, en outre, de « garantir l’accessibilité des soins à toutes les populations… »

La lecture du projet en question ne m’autorise aucun doute sur le fait qu’il couvre l’ensemble des activités au cœur de la vie rurale d’une manière cohérente. De ce point de vue, il m’apparaît qu’il vise un développement rural intégré, conforme aux recommandations de la Commission des Nations Unies pour l’Afrique.

Des multiples sujets soulevés par le projet, je prends bonne note aussi de l’intérêt exprimé pour notre jeunesse. Faut-il le rappeler ? La population congolaise se caractérise par son extrême jeunesse. L’âge médian y est de 19 ans seulement quand il atteint les 40 ans en France, par exemple. La proportion des jeunes dans notre pays s’élève à 90% de la population totale. Le spectre qui hante cette jeunesse est avant tout celui du chômage. Elle a droit au travail et revendique ce droit légitimement. Les pouvoirs publics doivent donc tout mettre en œuvre pour créer des opportunités de travail. Ce qui suppose, entre autres, qu’il faut offrir à cette jeunesse un large éventail d’opportunités de formation professionnelle. Le projet sous nos yeux préconise de « créer, pendant les cinq ans du mandat, au moins un centre de formation continue et d’apprentissage par district et commune, en fonction des potentialités économiques de chaque département du pays. »

Le mot « apprentissage » est ici bien à sa place. L’apprentissage est, en effet, une source d’emplois prometteuse. On ne saurait trop l’affirmer : il faut davantage former la jeunesse aux métiers manuels. Des obstacles existent, notamment au niveau psychologique, car ces métiers ne jouissent pas d’un grand prestige dans l’esprit de bien des jeunes. Ce sont des obstacles qu’il faut s’employer à faire sauter. Cela pourrait passer par une refonte du système scolaire. Il est manifeste que les bureaucrates sont actuellement en surnombre au Congo. Ils savent maintenant que leur diplôme fièrement acquis n’est plus un sésame ouvrant automatiquement les portes du monde du travail.

Je réaffirme donc que l’ensemble du projet soumis aux électeurs congolais rencontre l’adhésion sans réserve de mon parti, l’UNIRR. Il est global, complet et bien articulé dans ses différentes composantes. Ses deux versants sont le développement économique et le développement social, l’humain étant placé au cœur de la marche à suivre.

Je souligne aussi qu’il s’agit d’un projet ambitieux. Mais cette ambition peut être considérée comme un pari sur l’avenir lorsqu’elle envisage de : « projeter le pays vers l’émergence » grâce à un « taux de croissance égal ou supérieur à 7% », à réaliser « chaque année, à partir de 2022. »

Un pari, oui ! Certes, rien n’est impossible à qui a la volonté d’entreprendre. Nous avons sous les yeux bien des exemples de pays dont l’émergence semblait un pari perdu il y a encore quelques dizaines années, mais qui n’en ont pas moins atteint cette étape. Voir grand et se projeter vers l’avenir n’est pas nécessairement faire preuve de légèreté ou de présomption. C’est, dans le meilleur des cas, avoir une vision du futur et savoir en tracer les contours. Ce qui revient à dire préparer les voies d’accès à cet avenir. C’est alors une démarche permettant de se prémunir contre le risque d’une navigation à vue, une dangereuse marche à tâtons. Mon parti apprécie la nécessité de « préparer l’économie nationale à prendre sa place dans la Zone de libre-échange continentale africaine (ZELCAF). »

Cependant une question reste posée, à savoir le plan de financement de l’ensemble des activités prévues dans le projet. Une question des plus sérieuses. On prête au général de Gaulle le mot suivant : « L’intendance suit ». Souhaitons que l’intendance marche plutôt au pas de la troupe. Car elle est, en l’occurrence, le nerf de la guerre. Une part des financements nécessaires incombera au Congo, et une autre sera sans doute attendue de négociations avec des partenaires extérieurs, étant entendu qu’elles ne devront pas aliéner la souveraineté nationale.

En attendant les décisions de cette question centrale, l’UNIRR salue dans le projet « Ensemble, poursuivons la marche » la direction à prendre pour l’émergence future de notre cher pays. Alors votons massivement afin de poursuivre cette marche.

Roger Ndokolo