Brazzaville-Feux de poubelles : les poumons en première ligne des inciviques

Juste pour « se marrer » et embêter le monde… Cette philosophie de la vie anime désormais les actes des inciviques incendiaires. Dans plusieurs quartiers de la capitale congolaise, les poubelles s'embrasent, et ce n'est pas une bonne nouvelle pour notre santé. Fortes irritations cutanées, inhalations de particules de plastiques ou encore problèmes respiratoires, les feux de poubelles sont loin d'être inoffensifs.

Lorsqu'un feu est évoqué à Brazzaville, la peur principale est la propagation de l'incendie. Pourtant, le danger peut être plus vicieux, en se cachant dans la fumée.

Comme chaque combustion, les feux de poubelles diffusent différentes substances comme le dioxyde et monoxyde de carbone ou le soufre. Des gaz pouvant entraîner des vertiges si on y est exposé, trop près sur une longue période.

Un danger de toxicité directe

La fumée d'un feu de poubelles est bien plus nocive que celle d'un incendie classique.

La combustion des déchets diffuse des centaines de substances hautement toxiques, comme du benzène, de l'ammoniaque ou des particules fines. Un mélange chimique aux conséquences directes sur la santé. Quand on brûle des poubelles dans les quartiers de Brazzaville, on dégage des dioxines en grande quantité, ça fait toute la dangerosité de ces feux.

Cette famille de molécules, dérivée du chlore et considérée comme des perturbateurs endocriniens, provient directement de la combustion des plastiques.

La toxicité est directe, il suffit de s'approcher d'une poubelle enflammée pour en ressentir les effets. Les dioxines provoquent de fortes éruptions cutanées, une violente irritation de la gorge ou des quintes de toux régulières. Plus grave, une femme enceinte qui passe à côté d'un feu peut contaminer son enfant aux dioxines. Les enfants sont les plus fragiles, car leurs systèmes respiratoires ne sont pas encore terminés, une exposition [prolongée] à la fumée toxique peut avoir des conséquences irrémédiables.

L'appareil respiratoire durement touché

La fumée émanant des feux de poubelles est nocive en particulier pour les personnes ayant une pathologie respiratoire, même peu grave. Il suffit d'avoir une simple rhinite allergique ou de l'asthme et d'inhaler de la fumée pour déclencher des poussées de sa maladie.

Les particules fines de plastique, causées par la combustion des déchets, peuvent pénétrer dans les bronches, avant de se répandre dans le système sanguin et provoquer des pathologies cardiovasculaires, en cas de trop fortes expositions rapprochées.

L'absence de maladie, n'immunise pas de la toxicité des fumées. L'idéal, c'est de ne pas aller s'exposer. Il y a beaucoup de gens qui ont des maladies et qui ne le savent pas et ça peut préparer un terrain fertile à une pathologie.

En cas de feux de détritus à proximité, le port d'un masque chirurgical, couvrant la bouche et le nez est nécessaire. Une protection, bien connue de tous désormais, qui filtre « jusqu'à 70 % de substance ».

L'impact de ces brasiers sur la pollution de l'air à Brazzaville, n'a pas encore été totalement défini. Comme dans tous les processus de combustions, il y a des particules fines, de la résine, et du dioxyde d'azote qui se dégagent dans l'air.

Albert SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville