Congo – Immixtion flagrante du politique dans le sportif : Le siège de la FECOFOOT bloqué par la gendarmerie

Selon notre confrère ‘’le Troubadour de Brazzaville’’, la gendarmerie a barricadé le siège de la FECOFOOT vendredi à Brazzaville, à la suite du contentieux qui oppose une certaine commission Adhoc affidé au ministre des Sports, au comité exécutif de cette association, dument installée. Les congolais ne sont pas dupes. Les fermetures fallacieuses de stades à la veille de la finale de la coupe du Congo, l’empêchement de la tenue des assemblées générales des fédérations sportives, des mesures toutes prises par le ministère des Sports, sont évocatrices des manœuvres d’obstruction entreprises par ce département ministériel. La guerre déclarée entre le ministre des Sports Hugues Ngouélondélé et le président de la FECOFOOT Guy Blaise Mayolas est désormais ouverte. C’est à se demander si elle ne sera pas préjudiciable au football congolais.

Le Congo risque-t-il des sanctions de la part des instances continentales et mondiales du football ?

Le conflit de leadership qui couvait depuis de long mois entre le ministre des Sports Hugues Ngouélondélé et le président de la fédération congolaise de football, Guy Blaise Mayolas est arrivé à un point tel que, après avoir fait obstruction sur la marche de la fédération par des mesures fallacieuses cousues de fil blanc, le ministère des sports est sorti du bois pour agir à découvert, en empêchant à la FECOFOOT de continuer à user de son siège, en recourant aux Forces de Gendarmerie, pour en empêcher l’accès aux instances dument reconnues, après un simulacre d’assemblée générale extraordinaire qui a ‘’élu’’ d’autres dirigeants.

La Fédération congolaise de football (Fécofoot), a tenue mercredi 25 septembre à Brazzaville, une assemblée générale extraordinaire des dirigeants des clubs dont la commission Adhoc qui en est sortie s’est empressée de remercier le ministre des Sports.

Et comme pour empêcher que Guy Mayolas et les troupes qui lui sont restées fidèles ne tiennent également une assemblée générale, Hugues Ngouolondele, a suspendu momentanément, le 26 septembre à Brazzaville, les assemblées générales électives des fédérations sportives pour des raisons techniques.

Cette suspension a été notifiée aux dirigeants sportifs dans une note circulaire. Selon cette note, ces assemblées générales seront reprogrammées pour une date ultérieure.

Le ministère des sports a justifié ce report par l’application des dispositions de la circulaire du 18 juillet passée, stipulant qu’ « en cas d’empêchement prolongé dûment constaté du président de la fédération, les assemblées générales sont reportées par décision du ministre en charge des sports. Ce report ne peut excéder un mois. Après ce délai, l’assemblée générale devra se tenir sous la présidence d’un vice-président par ordre de préséance ».

Serait-ce cette disposition qui empêchait la réalisation de bons résultats dans le sport congolais, pour que le ministre eut jugé diligent la suspension des assemblées générales ?

La lettre de la FIFA demandant de surseoir une pseudo assemblée générale de la FECOFOOT, convoquée par ceux qui paraissent être une frange dissidente de la fédération dirigé par Jean Guy Blaise Mayolas, montre bien que le pays est dans le viseur de l’institution sportive qui peut prendre à tout moment, des sanctions à son encontre.

S’il est un fait sur lequel la FIFA ne transige pas, c’est celui de l’immixtion du politique dans le sportif.

Or au Congo, même si personne n’ose l’avouer, plus rien ne va entre le ministère des Sports et la FECOFOOT version Mayolas, au point que le conflit est sorti de la dimension des structures pour concerner deux hommes, le ministre des Sports Hugues Ngouélondélé et le président de la FECOFOOT, Jean Guy Blaise Mayolas.

Désormais, les deux hommes qui devraient pourtant constituer un binôme complémentaire pour le bien du football congolais, se détestent plus qu’ils ne conjuguent les efforts.

Il y a d’ailleurs des signes qui ne trompent pas. Quand pour les entrainements de l’équipe nationale, le ministre des sports y arrive sans qu’il n’y ait la présence de celui qui serait le maître de céans, le président de la FECOFOOT.

Cette entorse aux us protocolaires et bonnes manières en la matière, montre bien qu’il y a de l’eau dans le gaz.

Comme dans une bataille pot de fer contre pot d’argile, chacun use de ses capacités de nuisance et en la matière, et Hugues Ngouélondélé semble être parvenu à son but.

Comment expliquer d’en aout, sans s’en référer, même de façon consultative à la FECOFOOT, le ministère a pris une note fermant à la pratique du sport tous les stades du Congo, alors que la FECOFOOT avait des compétitions programmées et notamment la coupe du Congo.

Comble de l’incongruité, le ministère autorisait dans la même période, la tenue d’un concert dans un lieu prétendument fermé, notamment le Stade Alphonse Massamba Débat. Si ce ne fut pas une manœuvre pour nuire à la FECOFOOT, ça y ressemble.

Depuis, la fédération s’est scindée en deux blocs. Il y a ceux qui sont restés fidèles aux textes réglementaires et au président Mayolas, et ceux proches du ministre, qui sont visiblement entrés en dissidence contre Jean Guy Blaise Mayolas, les auteurs de la pseudo assemblée générale extraordinaire, dont le but inavoué n’était autre que l’éviction du président MayolasUne éviction que Hugues Ngouélondélé aurait effectuée de lui-même, s’il en avait les capacités.

Tous les regards se tournent maintenant vers la FIFA et la CAF pour l'issue de ce différend.

Les représentants de la FIFA ainsi que ceux de la CAF sont déjà dans la capitale congolaise. Tous ont été invités à l'assemblée générale extraordinaire de la FECOFOOT programmée pour ce samedi 5 octobre 2024, qui, selon la note infame du ministre des Sports, ne devrait pas se tenir.

Reste à savoir si pour l’intérêt du football congolais, Hugues Ngouélondélé désormais à découvert, reviendra à des sentiments sportifs, ou s’il continuera sur sa manœuvre d’obstruction, au point de faire sanctionner le pays, ce qui semble le cadet de ses soucis, tant qu’il l’emporte sur Jean Guy Blaise Mayolas.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville