Congo – Force publique : De nombreux agents abusent impunément de leur autorité

Le président de la République ne cesse d’appeler à une véritable relation de confiance entre la Force publique et le peuple. Ce précepte rappelé dans ses différentes adresses à la Force publique et notamment lors du réveillon d’Armes, semble ne pas intéresser certains agents de la Force publique qui s’illustrent hélas par de nombreux abus, vis-à-vis des populations. Cette attitude de certains éléments marginaux, jette hélas l’opprobre sur une institution fort respectable.

« L’armée est une école de discipline, de courage et d’honneur », écrivait Clémenceau. C’est dire que les éléments de la Force publique et leurs chefs sont au quotidien, astreints à un dépassement de soi, dans l’accomplissement du devoir, ce en toute discipline.

Parlant justement de discipline, le même Clémenceau relevait que « la discipline est le force principale des armées ». La discipline qui est basée en grande partie sur le respect des règles. Entendu que cette discipline se traduit par l'application des règlements et des lois, l'exécution des ordres donnés par des supérieurs et le respect du code de l’honneur.

Ainsi, qu’il s’agisse de la Défense Opérationnelle du territoire (DOT), pour les militaires ou de garantir leurs droits aux citoyens, en leur assurant la  quiétude et en veillant à la libre circulation des personnes et des biens pour les policiers, ces corps de métiers réunis sous le vocable ‘’Force publique’’ ont une seule mission qui, disons-le de façon triviale, c’est d’être au service du peuple. L’on peut dire par extension, que c’est le Peuple qui est l’employeur de la Force publique.

Pour ce Peuple et la terre où il vit, les Hommes en uniformes s’engagent sous les Drapeaux. Pour ce Peuple, ils sont prêts à aller jusqu’au sacrifice suprême.

Oui ! Cela, apparait pour nombre de congolais, juste dans des mots. Les paroles que toutes les unités de la Force publique prononcent en de fastidieux serments empreints de gravité et d’émotion, mais qui sont oubliées une fois les cérémonies de prises d’Armes terminées.

Car, comment comprendre que la relation entre les populations et la Force publique devienne de plus en plus conflictuelle, avec certains agents qui confondent le respect qui leur est voué, en tant que dépositaires de l’autorité, à une faiblesse dont ils se servent pour mâter, détrousser, racketter et même humilier sans ménagement.

Si les abus d’autorité auprès des civils sont marginaux de la part des militaires, les policiers eux, par contre, sont au ''tableau du déshonneur'' des débordements au quotidien et ceux de la police routière en tiennent la palme.

Auprès d’un usager interpellé pour une infraction au code de la route, beaucoup de policiers manquent de courtoisie et commencent d’emblée à sermonner le contrevenant, parfois sans une once de respect pour la personne, visiblement dépouillée de toute dignité.

Quand cette personne tente de se justifier ou de se rebeller eu égard au ton discourtois du policier, tout dérape entre un policier chez qui la maîtrise de soi est totalement absente, et un contrevenant qui refuse l’humiliation, en dépit du fait que l’homme devant lui, est détenteur de l’autorité.

Alors la répression est brutale. « Je vais te faire voir qui je suis ». Et l’homme a beau se justifier, personne ne lui accordera la moindre attention ni la simple écoute, son ‘’crime de lèse-majesté’’ lui valant carrément des déboires qu’il ne sera pas prêt d’oublier.

Les agents de la Force publique seraient-ils donc autorisés à s’adonner à toutes sortes d’exactions vis-à-vis des tiers, profitant de leur statut, sans avoir à en répondre ?

Pourtant, en maintes occasions, notamment pendant les fêtes de fin d’année ou lors de grands évènements, le pacte républicain qui lie la police à la population s’affine davantage, montrant du même coup la grandeur et la servitude de la Force publique, à travers son sens du devoir, ce pour sécuriser conforter et garantir la paix des populations où qu’elles soient, sur l’ensemble du territoire national.

Des dispositions particulières sont caractérisées en ces périodes, par une présence constante et visible des agents de la Force publique pour des actions de prévention et de dissuasion.

Une attitude qui force l’admiration des populations, tant elles trouvent des hommes en uniformes presque transformés.

Aide à la traversée des piétons, appel à la modération de la vitesse ou à s’astreindre d’un stationnement gênant, en direction des automobilistes. Invite aux personnes fortement alcoolisées à rentrer, au besoin en les raccompagnant.

En ces moments là, on rencontre des policiers courtois, attentifs et surtout à l’écoute. Pédagogues plutôt que répressifs sur les petites incartades, au point que certains se demandent si les policiers qu’ils croisent sont les mêmes qui sont toujours là.

La Force publique est au service du Peuple et elle mérite le respect pour les sacrifices qu’elle consent, pour ce même peuple. Pourtant, elle a en son sein, quelques ‘’brebis galeuses’’ qui faute de s’astreindre aux lois et règlements de l’institution à laquelle ils appartiennent, en avilissent la réputation et la couvrent de discrédit.

Leurs actes répréhensibles sont des détails, comparés aux hauts faits d’armes de la Force publique. Des détails, certes. Mais, « quand un détail devient un symbole, peu importe qu’il soit infime ». (Gilbert Cesbron dans Journal sans date)

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville