Congo : Mbinda pleure Madeleine Tsengui

C'était une femme de l'ombre. Une de ces personnes qui œuvrent pour une cause qui les transporte, sans jamais rien demander en retour. Telle était Madeleine Tsengui, qui avait dédié sa vie à la ville de Mbinda dans le département du Niari (sud). Jeudi 6 février 2020, cette femme sociale, sociable et socialisable, est décédée à l’hôpital Adolphe Cissé de Pointe-Noire, à l'âge de 80 ans, à la suite de maladie, laissant derrière elle toute sa famille présente en France, au Gabon et la ville de Mbinda en émoi.

Mais pour la population de la communauté urbaine de Mbinda, c'est plus qu'une de ses bibliothèques qui disparaît, une mère altruiste et humaniste, adorée des habitants du quartier Mikouagna, une femme qui avait à cœur de transmettre les vraies valeurs aux jeunes de sa cité.

Sa proximité avec les gens, sa simplicité, son humour, son franc parler et son humilité, des traits qui façonnaient son quotidien reviennent en mémoire de ceux qui l'ont côtoyée au Congo, au Gabon et en France.

« Mon cœur languit pour tante Tsengui. Dans un moment comme celui-là, le silence semble la seule attitude appropriée. Que pouvons-nous dire, en ayant le cœur brisé et endeuillé ! La mort ne respecte personne. La mort ne respecte ni l’amour ni l’attachement. La mort est un intrus douloureux, un pernicieux rappel de notre condition humaine. Tante Tsengui a traversé les décennies. Tante Tsengui a combattu l’outrage du temps. Elle a bravé les affres de diverses maladies tout au long de son existence. Tante Tsengui n’a pas été, mais elle est l’image vivante de la sagesse incarnée. Sa parole était l’art achevé du consensus familial. Tante Tsengui n’a pas été vaincue par la maladie, mais elle a vaincu la maladie par sa soumission à la volonté de Dieu, au soir de sa vie. Une de ses dernières paroles fut : ‘‘Motchi kh na nzembi’’ signifiant que la volonté de Dieu soit faite. Remercions Dieu pour sa longévité et surtout pour le temps qu’il a permis que nous passions ensemble avec elle. À son école. Elle demeure digne d’être conservée dans nos mémoires », a témoigné Ferrys, les larmes aux yeux.

« Si notre foi et notre espérance nous soutiennent, notre cœur reste accablé de douleur. Nous demandons au Seigneur qui a eu pitié de la veuve de Naïm et qui a pleuré près du tombeau de Lazare et qui comprend aujourd’hui notre peine et notre douleur de continuer de vivre avec cet être cher, notre mère, notre grand-mère, notre fille, notre petite fille, notre tante, notre femme…qui vient de nous quitter et d’avoir un jour la joie de la retrouver en famille auprès de toi », a souligné Regis Kouedé.

« Elle était toujours gênée quand on la mettait en avant », raconte Didier Boundzanga. « Mado était la vie elle-même, la vie malgré tout, la vie malgré le malheur. Elle ouvrait la bouche avec sagesse et un enseignement plein de bonté était toujours sur sa langue. Elle veillait à la bonne marche de sa maison et elle n’avait jamais mangé le pain de la paresse ».

D'autres, « effondrés », préfèrent garder leur peine. Trop tôt pour évoquer leur « maman, mamie, tante, sœur », qui laisse un grand vide à Mbinda, sa seconde famille.

La veuve Mapoba laisse plusieurs enfants, petits fils et arrières petits fils au Congo, au Gabon et en France.

Les Échos du Congo-Brazzaville présentent ses condoléances les plus attristées à la famille éprouvée.

Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo Brazzaville