Enseignement et Humanité : L’émouvante histoire de Teddy, ‘’élève crasseux du fond’’

Le métier d’enseignant ne devrait-il pas se vivre tel un sacerdoce en accomplissant autant son devoir qu’en y mettant du cœur ? L’histoire que nous avons choisi de vous raconter interpelle fort à propos sur les causes de certains échecs pour des élèves qui peut-être souffrent en silence. Il est souvent dit que « les douleurs les plus atroces sont muettes ».

Une institutrice en charge de la classe de CM1 s’est adressée en ces termes à ses élèves: "Je vous aime tous". Mais au fond d’elle-même, en son for intérieur, elle faisait exception pour un élève du nom de Teddy qui avait toujours des vêtements sales et en haillons et d'un niveau qui laissait à désirer. Le plus souvent, il était renfermé sur lui-même.

Son jugement était basé sur le fait que ce Teddy ne jouait point avec les autres enfants et ses vêtements étaient toujours sales; ce qui nécessitait tout le temps un bain. Il était triste et taciturne et elle éprouvait autant de plaisir à corriger ses copies en rouge et porter la mention : non admis.

Un beau jour, l’administration de l’école a demandé aux enseignants de revoir les anciens livrets scolaires des élèves. Comme elle faisait cette révision, l'enseignante est tombée sur une des observations faites par un maître de la classe de CP1 sur Teddy : « Teddy est un élève intelligent, doué de talent et il fait ses devoirs de manière assidue et organisée ».

Une autre observation de la part de l’enseignant de CP2 notait : "Teddy est un élève éveillé et aimable avec ses camarades; mais il est angoissé par le cancer qui a touché sa maman".

Pour l’enseignant du CE1, ce fut : « La mort de sa maman a eu un impact négatif sur lui. Il a tout fait pour remonter la pente mais son père ne s’intéressait point à lui et la vie à la maison pouvait entraîner son échec si des mesures urgentes n'étaient pas prises ».

Celui du CE2 avait écrit : "Teddy est renfermé sur lui-même. Il ne manifeste aucun désir d’apprendre. Il n’a pas d’amis et il dort souvent en classe ».

L’enseignante était émue par ce qu’elle avait lu, et comprit les causes du problème de Teddy. Elle se sentait confuse, honteuse et toute petite.

Sa confusion est devenue encore plus grande quand les élèves lui ont ramené des cadeaux enveloppés dans de belles boites et fermées par des fils de soie. Sauf Teddy qui lui avait ramené son cadeau dans un simple sac d’emballage de chez l’épicier.

Alors que les autres élèves riaient de Teddy, l’enseignante avait encore souffert intérieurement en ouvrant le sac de Teddy pour y découvrir un collier dont quelques perles manquaient et un flacon de parfum rempli au quart de sa capacité. Mais tous s’arrêtèrent de rire quand elle prit la parole pour remercier chaleureusement Teddy tout en fixant le collier à son cou et en mettant de son parfum sur ses vêtements.

Ce jour-là, Teddy n’est pas rentré directement à la maison mais il a attendu la sortie de sa maîtresse pour lui dire : «Mme Thompson, aujourd'hui, vous avez senti pareil comme ma mère le faisait.» L’enseignante a éclaté en sanglots parce qu’elle a compris que Teddy lui avait ramené le flacon de parfum que sa maman avait utilisé et qu’il avait senti sur elle le parfum de sa défunte mère.

Depuis ce jour, l’enseignante a accordé à Teddy une attention particulière et ainsi, il a commencé petit à petit, à rattraper le retard dans ses études pour finir le meilleur en fin d’année.

À la fin de l'année, l’enseignante a trouvé devant sa porte une carte sur laquelle Teddy avait écrit : «Vous êtes la meilleure enseignante que j’ai eue». Et pour laquelle elle lui répondit : «Vous êtes celui qui m’a appris à devenir une bonne enseignante».

Quelques années plus tard, elle a été encore plus surprise en recevant une invitation de la faculté de médecine pour assister à une réception de fin d’année signée : « votre fils Teddy ! ».

Elle a assisté à la réception en portant le collier et en mettant le parfum qu’il lui avait offert quand il était gosse.

Depuis, Teddy a grandi. Teddy Stoddard est l’un des meilleurs médecins au monde. Il est propriétaire d’un centre anti-cancer qui porte son nom.

Combien d’élèves ont-ils échoué dans leurs études par le mauvais comportement de certains enseignants? Combien de personnalités détruites?

Cette histoire est offerte à tous les enseignants et encadreurs d'élèves pour qu’ils fassent preuve d'un peu plus d’amour dans le travail et plus d’abnégation parce qu’ils sont les premiers responsables de destins souvent brisés par l’indifférence ou le manque d’attention.

En chaque enfant dort sans doute un génie peut-être refréné par une douleur qui sommeille en lui. Et si l'enseignant était parmi les thérapeutes qui l'en guérirait?

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville