La Gare Routière de Dolisie dans le Niari (sud), véritable lieu de transit, accueille tous les jours un grand nombre de personnes se déplaçant entre différentes destinations (Pointe-Noire, Kibangou, Divenié, Loudima, Nkayi, Madingou, Bouansa, Mossendjo, Mayoko, Mbinda, Brazzaville…), ce qui crée une atmosphère de mouvement perpétuel. Les annonces sonores des départs, les conversations des passagers, le bruit des bus qui arrivent et repartent, et le bruit des moteurs contribuent à un environnement sonore vibrant. Des commerces et des vendeurs sont présents pour offrir de la nourriture, des boissons et des objets, ajoutant à l'ambiance animée. L'arrivée et le départ fréquents des bus créent une sensation de transition, avec des gens arrivant et partant.
À l'heure où la déréglementation du transport aérien et la fin du monopole du CFCO sur les lignes intérieures alimentent de vifs débats, il est intéressant de s'interroger sur la raison d'être de la construction d'une telle gare routière qui semble, dans sa vocation commerciale et immobilière en tout cas, constituer un investissement disproportionné.
Pour autant, la Gare Routière de Dolisie, quoique mal raccordée au tissu urbain et aux équipements environnants, constitue un territoire de la mobilité qui déborde les limites officielles et convenues du complexe.
Lieu de vie et lieu de transit, source d'emplois formels et informels, cet équipement a induit dans sa périphérie une série d'activités. Un mélange d'énergie humaine, de flux de transports, d'activité commerciale et de diversité, le tout contribuant à un environnement vivant et dynamique de la capitale de l’or vert.
En ce sens, l'auto-gare mérite bien une opération de rénovation ou de rajeunissement.
Nombreux sont des congolais qui exigent à la Mairie centrale de Dolisie aujourd’hui un édifice moderne doté d’équipements et commodités dernier cri.
Une gare routière avec des locaux d’agences de voyage et restaurants à visage humain, des box commerciaux digne de ce nom, des sanitaires, un parking sans ordures menagères, des bureaux administratifs, une salle d'attente et un système d’adduction d’eau par forage.
Dans un pays où le transport ferroviaire est peu développé, la part du transport de personnes par la route (par autobus) est prépondérante pour les liaisons inter-urbaines.
Selon certaines estimations, en 2024, plus de 90 % des déplacements de personnes à l’intérieur du Congo-Brazzaville se feraient par autobus.
À l’instar du transport de marchandises par camion, le transport de passagers par autobus revêt donc une importance centrale dans le système des mobilités internes.
Dans cette économie des transports en plein essor, le Congo-Brazzaville fait figure de point d’articulation majeur et commence à être doté d’équipements plus adaptés à cette « vocation ».
Articulant des formes de mobilité multiples et des échelles de rayonnement très différentes, au cœur de la troisième ville du pays, la « Gare Routière de Dolisie », est un lieu d’observation privilégié pour saisir les modes d’organisation et de fonctionnement de l’économie des transports et le pouvoir structurant d’infrastructures destinées à polariser et réguler le trafic.
À l’intersection entre dimensions nationale et locale, la Gare Routière de Dolisie apparaît comme un formidable commutateur de flux, créateur de valeur ajoutée, insérée dans un tissu urbain qu’elle tend à transformer et remodeler.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville