A Madingou, c’est l’indignation face à l’effondrement des services publics de base. Alors que les discours politiques vantent régulièrement les progrès en matière d’accès à l’éducation et à la santé, la réalité dans certaines localités rurales du Congo-Brazzaville dément brutalement ces déclarations. L’école primaire de Kingoma Socoton, située à 7km de Madingou dans la Bouenza (sud), sombre petit à petit et tombe progressivement en ruine. Bâtiments délabrés, le tout dans un état d’insécurité et d’insalubrité, tel est le cocktail que cet établissement scolaire de l’arrière-pays offre. Et ce qui s’y passe n’est malheureusement pas un cas isolé : la quasi-totalité des villages du département connaissent les mêmes défaillances structurelles.
L’école primaire de Kingoma Socoton, censée former les citoyens de demain, n’offre plus les conditions minimales pour un apprentissage digne. Elle est dans un état de délabrement alarmant. Portes arrachées, murs fissurés, absence de bancs et de matériel didactique : les élèves tentent malgré tout de suivre des cours dans un environnement totalement inadapté.
Le corps enseignant, souvent réduit à un effectif minimal, travaille dans des conditions indignes.
Ce tableau préoccupant est loin d’être propre à Kingoma Socoton. L’ensemble des villages du département de la Bouenza semblent victimes du même abandon systémique.
Partout, les écoles tombent en ruines, les dispensaires fonctionnent au ralenti ou sont fermés, et les populations survivent dans l’indifférence totale.
Ces carences illustrent une fracture persistante entre les centres urbains et les zones rurales. Tandis que Brazzaville et Pointe-Noire bénéficient d’investissements ciblés, les villages de la Bouenza semblent figés dans une marginalisation chronique.
Cette situation alimente un profond sentiment d’abandon chez les habitants, qui ne cessent de réclamer souvent en vain des réponses concrètes de l’État.
L’accès à l’éducation et aux soins de santé ne saurait être considéré comme un luxe. Il s’agit de droits fondamentaux inscrits dans la Constitution congolaise et dans les conventions internationales ratifiées par le pays. Leur non-respect dans des zones entières du territoire constitue une véritable urgence sociale et démocratique.
Les populations de Kingoma Socoton, lance un appel aux fils et filles de la contrée, aux autorités départementales, au gouvernement et aux entreprises implantées dans la ville de Madingou et Nkayi. Le but étant, d’améliorer les conditions de travail et d’apprentissage pour les élèves de cette école publique.
Il ne s’agit plus de promesses, mais d’actions concrètes, durables et équitables. Le développement du Congo ne pourra être inclusif tant que des départements entiers, comme celui de la Bouenza, continueront d’être traités comme des angles morts de la République.
En lambeaux, le secteur éducatif congolais mérite une véritable cure de jouvence. En effet, malgré un taux de scolarisation très élevé, notre pays enregistre un rendement scolaire quasi nul, dû en partie, au délaissement de l’État à l’égard de l’école publique. Un abandon perceptible par la vétusté des infrastructures, l’absence d’équipements et de matériels adéquats donnant lieu à l’émergence d’une école privée chère et pas nécessairement performante.
Alors, il serait judicieux que les pouvoirs publics priorisent davantage l’investissement dans le secteur éducatif notamment dans le perfectionnement de l’école publique car la vie d’une nation passe avant tout par l’éducation et la santé.
Et l’absence d’une école dans un village surcharge les écoles avoisinantes, qui peinent déjà à répondre aux besoins d’une population en croissance, nuisant ainsi à la qualité de l’enseignement.
Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville