Inondations à Brazzaville : le bilan passe à sept morts dont les âges varient entre 1 et 61 ans (le gouvernement)

Le bilan des inondations qui ont frappé Brazzaville après la pluie diluvienne du week-end dernier, est finalement passé à sept morts et non pas trois comme annoncé plus tôt, de nombreux blessés graves et plusieurs habitations détruites par la force des eaux de ruissellement ou ensevelies par les sables ravinés, selon les données du Ministère congolais des Affaires sociales, de la Solidarité et de l’Action humanitaire.

Mardi, la ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Irène Marie-Cécile Mboukou-Kimbatsa, a apporté l’appui financier du gouvernement aux familles ayant perdu des parents lors de la pluie qui s’est abattue sur la capitale.

Cette assistance humanitaire d’urgence aux sinistrés dont les habitations ont été détruites par les eaux et les écoulements de sable a débuté dans la soirée du dimanche 15 juin et l’opération se poursuit.

« Il est question de ne laisser personne au bord de la route », a fait savoir la ministre Irène Marie-Cécile Mboukou-Kimbatsa qui dirige le comité de crise mis en place à cet effet. Ce comité continue de travailler pour trouver des solutions quant au relogement des familles ayant perdu des habitations.

Depuis longtemps, le gouvernement a toujours condamné le comportement des familles qui construisent de façon anarchique à Brazzaville, augmentant le risque d’exposition face aux intempéries.

« Monsieur déguerpissement », « casseur en blouse de couleur orange » ou « ministre au tracteur », que de sobriquets n’utilise t- on pas, pour qualifier les actions dont le ministre d’Etat Pierre Mabiala, en charge du portefeuille des Affaires foncières et du Domaine public, pense pourtant être marquées du sceau tant régalien, civique, écologique, voire simplement humain, car il s’agit dans nombre des cas, de protéger autant des édifices publics, des vies humaines, par anticipations sur des phénomènes naturels menaçant des sites ou simplement, la préservation de la nature ou encore la restitution à l’État de son patrimoine spolié, ce en droite ligne avec la vision du chef de l’État, qui lui a défini sa feuille de route. Rarement, le peuple se met hélas au niveau d’anticipation qu'anime ses dirigeants.

À la lumière des dégradations notées ces derniers temps sur certains sites du fait des intempéries, beaucoup de citoyens reconnaissent, un peu tard tout de même, des valeurs pédagogiques aux actions du ministre d’Etat Pierre Mabiala, même si d’autres citoyens naguère réfractaires, pensent qu’il n’en ferait pas assez pour les préserver des catastrophes.

Par-delà les drames qui se nouent, du fait des intempéries, par-delà le manque de plans d’urbanisme conséquents à travers le mauvais drainage des eaux de ruissèlement, il y a que l’action de l’homme n’est pas moins marginale sur les conséquences qu’il endure.

Mais au-delà de la responsabilité des familles qui s’affirment en devenant propriétaires de lopins de terres là où le « hasard » a voulu qu’ils en trouvent, l’Etat aussi a sa part de responsabilité.

En avril dernier, dans une interview exclusive accordée à nos confrères du média en ligne Les Défis du Congo, le premier Secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) et chef de l’opposition politique Congolaise, Pascal Tsaty Mabiala,  avait déclaré que le Congo a des villes construites depuis la période coloniale et qui n’ont pas été suffisamment entretenues en matière de canalisations.

« Il faut refaire les canalisations parce qu’elles sont hors d’usage. Donc ce sont des milliards qu’il faut engloutir à Brazzaville, à Pointe-Noire et à Dolisie pour refaire d’abord les voiries urbaines. On a besoin de mettre à peu près 80 % dans ces infrastructures », avait-il indiqué comme solution pour tenter de juguler le phénomène des inondations.

Il a insisté aussi sur le curage des canalisations existantes ; un meilleur traitement des ordures ménagères et l’application de la loi sur les indélicatesses.

Malgré son charme, la ville de Brazzaville est en train de faire face à un défi de taille.

Loin d’être une simple histoire réchauffement climatique, la météo capricieuse risque de bousculer sérieusement le quotidien de la capitale congolaise. Les pluies, de plus en plus diluviennes, risquent d’aggraver les choses. A-t-elle encore une chance de sauver sa peau ? Tout n’est pas perdu, mais il va falloir agir vite et pas à moitié. Sinon, il se pourrait qu’un jour, on se souvienne de Brazzaville comme d’une ville où les érosions ont eu le dernier mot.

Face à ce futur incertain, la capitale congolaise doit se retrousser les manches. Et c’est aussi une question de financement. Protéger la ville capitale contre les érosions et les tempêtes coûtera cher, très cher.

Et qui va payer tout ça ? Les habitants ? Les entreprises locales ? En tout cas, il est clair que l’addition ne sera pas légère.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville