Brazzaville : L’immeuble fragilisé à Poto-Poto a été détruit

C'est l'incroyable histoire d'un immeuble fragilisé après la pluie diluvienne qui s’est abattue sur Brazzaville le 14 juin 2025. Un immeuble, propriété d’un ressortissant béninois, et dont le destin vacillait entre destruction par le vent ou démolition par l'homme. Avec tous les ingrédients propres au drame : la nature en furie, l'expropriation des habitants, la douloureuse question du dédommagement des sinistrés. Mais entre la chute sur les autres habitations -avec la délicate question des déchets à enlever- et la démolition par l'homme, ce second scénario a été nettement préférable. Et dans la matinée de lundi, tout était fini. Il aura fallu moins de six heures pour transformer un longiligne immeuble de quatre étages, sis à la rue Loango à Poto-Poto, dans le 3e arrondissement de la capitale Congolaise, en un imposant tas de gravats d’environ 600 tonnes.

C'est une très bonne nouvelle pour les riverains qui avaient déjà déserté leurs maisons. L’immeuble construit sur un demi-terrain, et en face d’un complexe scolaire, n’a pas résisté longtemps sous les coups de l’engin, en présence du chef du gouvernement Anatole Collinet Makosso, du préfet de Brazzaville, de l’autorité municipale et de nombreux membres du gouvernement dont Pierre Mabiala de la Réforme foncière.

La principale difficulté pour les démolisseurs étant de préserver le circuit électrique mitoyen.

Démolir, c’est le plus facile. Le plus dur, c’est de nettoyer après et d’évacuer tous les gravats.

« Non seulement on perd un important investissement quand on ne prend pas au sérieux ce qu’on veut faire, mais aussi on expose la vie d’autrui. C’est ce qui se passe parfois avec ces gens qui construisent sans autorisation », a déclaré le Premier ministre qui a suggéré que les personnes « qui s’engagent dans ce genre de d’ouvrages à risque devraient répondre de leurs actes. »

Une vidéo qui est vite devenue virale sur les réseaux sociaux dans la journée du samedi 14 juin a montré une haute construction présentant une inclinaison assez inquiétante et de grosses fissurations sur la base de la bâtisse.

Soucieuse de préserver des vies autour de cet immeuble qui a vacillé quelques heures après la pluie, les forces de sécurité ont décidé d’évacuer une partie de la ruelle et les alentours de l’immeuble.

Prévenu par les éléments de la force publique qui étaient visibles sur les lieux depuis les premières heures de la matinée, le ministre de l’Intérieur Zéphirin Mboulou a visité les lieux pour constater la situation avant d’insister sur la délimitation de la zone potentiellement dangereuse afin d’éviter d’exposer des vies au danger.

Plusieurs dizaines de millions de FCFA viennent d’être réduits en débris et de voler en poussière à cause du mépris des règles élémentaires de la construction immobilière.

Il reste maintenant à savoir si l’immeuble avait une assurance pour un éventuel dédommagement.

Les maisons à étage bancales sont monnaie courante à Brazzaville.

En avril 2023, une maison à étage en construction, en diagonale de la Maison-commune de Bacongo à Brazzaville, s’est effondrée, comme un château de cartes, entraînant dans sa chute deux habitations voisines.

Le corps sans vie d'une dame âgée a été extrait de l'une d'elle.

Cela pose le problème des matériaux de construction certifiés sur le marché congolais, mais dont la qualité s’est fortement dépréciée, notamment le fer à béton dit de fabrication locale, qui a perdu non seulement en ductilité, mais aussi en section. Sans compter que certains ouvriers véreux qui ne respectent pas les normes édictées par l’architecte, réduisent les dosages en ciment, voire en gravier pour le béton ou le mortier, ou que les ferrailleurs réduisent le nombre de fers des structures métalliques.

Le différentiel dégagé est souvent vendu aux riverains du chantier. Tout y passe. Le ciment, le gravier, les planches, le fer à béton, le fil d’attache, même les clous.

Les quantités de ciment et gravier vendus sont compensées en volume par le sable, avec les conséquences que l’on sait.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville