Les constats qui reviennent le plus souvent à travers les expériences partagées par les usagers, font état des coupures d’électricité fréquentes pendant les séances de dialyse, sans dispositif de secours fiable, mettant les patients qui suivent le traitement de l’insuffisance rénale au CHU de Brazzaville, la capitale congolaise, en danger.
Les témoignages recueillis indiquent une situation particulièrement critique pour les patients qui suivent le traitement de l’insuffisance rénale au CHU de Brazzaville : absence de prescription des examens biologiques hebdomadaires, indispensable pour ajuster correctement les traitements, omission de consignation d’actes médicaux dans le cahier de suivi, affectant la traçabilité des soins.
Autre faille mise en avant : utilisation non unique des gants, sans changement entre patients, absence de système informatique dédié à la gestion des soins, entraînant une perte de temps, des oublis de consignations d’actes médicaux, et un manque de visibilité sur le suivi global des patients. Cela augmente le risque d’erreur, notamment dans la prescription des traitements, l’enregistrement des paramètres vitaux et la communication entre soignants, utilisation collective du brassard de tension sans désinfection entre les patients, manipulations à risque lors des transfusions sanguines, exposant les malades à des complications évitables.
Les usagers évoquent aussi l’administration de doses insuffisantes de Hemax 4000 mille, ne permettant pas de corriger efficacement l’anémie. Personnel infirmier mangeant dans la salle de dialyse, en contradiction avec les normes d’hygiène, présence régulière d’eau au sol, sur laquelle le personnel circule, sans action immédiate pour sécuriser la zone, absence de soutien ou de solution pour les patients en grande difficulté financière, notamment en termes de prise en charge des traitements ou des examens essentiels, une seule balance utilisée pour deux salles de dialyse, sans nettoyage entre chaque usage, augmentant les risques de contamination.
Les usagers dénoncent également l’absence d’eau dans les toilettes ce qui est un manquement grave aux règles d’hygiène dans tout établissement de santé, le manque d’appareillage pour réévaluer le poids sec des patients, ce qui complique un suivi individualisé et rigoureux de l’évolution de leur état, l’utilisation non rigoureusement contrôlée de l’héparine pendant les séances de dialyse, exposant les patients à un risque de surdosage, de sous-dosage, ou à des effets indésirables potentiellement graves.
Au Congo-Brazzaville, l’obligation, pour certains patients, de parcourir jusqu’à 510 km pour accéder aux soins de dialyse représente une contrainte lourde, coûteuse et épuisante. Cette situation est non seulement physiquement et psychologiquement handicapante, mais elle aggrave les inégalités d’accès aux soins pour les populations vivant dans des localités éloignées du centre de dialyse du CHU.
Le tarif de la séance d’hémodialyse effectuée dans les hôpitaux publics, relevant de la participation communautaire, est fixé à vint-cinq mille (25.000 FCFA), la première séance et cinq mille (5.000FCFA) à partir de la deuxième séance, selon une note de service du Ministère de la Santé et de la population, signée le 31 janvier dernier, par le ministre Jean Rosaire Ibara.
La même note de service signée par le Professeur Jean Rosaire Ibara précise que cette tarification ne s’applique pas aux sociétés d’assurance.
La prise en charge financière des séances d’hémodialyse des personnes vulnérables et des indigents relève des dispositions en vigueur, selon la même source.
On rappelle que l’Unité d’hémodialyse du CHU de Brazzaville, projet de haute importante pour les populations congolaises, a été inaugurée récemment en vue de sauver beaucoup de vies, car les malades ayant des infections rénales étaient obligés d’aller à l’étranger pour avoir des soins.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville