Congo – Réseaux sociaux : Une vidéo impliquant des policiers camerounais torturant un détenu, indument attribuée à la police congolaise

Une vidéo dans laquelle cinq policiers, quatre hommes et une femme torturent un présumé voleur à coups de bâton et de machette circule sur les réseaux sociaux. Les auteurs de la réactivation de ces images qui datent d’un peu plus de 5 mois, attribuent les faits à la Police congolaise. Les actes barbares se sont de leur avis, déroulés au commissariat de Ngoyo. Ce qui est pourtant faux. Les pattes d’épaules montrent bien que les insignes de grade ne sont pas ceux de la police congolaise. De même dans ses pleurs, le ton du supplicié n’est pas congolais.

La juxtaposition de cette vidéo d’avec celle des policiers torturant de présumés malfrats sous le viaduc de Kintélé à Brazzaville, a suffit pour semer le doute et jeter davantage l’opprobre sur la Police congolaise.

Les faits de torture présentés dans cette vidéo et attribués au commissariat de Ngoyo à Pointe-Noire, se sont réellement déroulés dans un commissariat de Yaoundé au Cameroun, dans la nuit du 15 au 16 septembre 2021.

Le supplicié est un certain Tchoumi, présumé voleur. Les policiers tortionnaires présentés dans la vidéo sont André Arol, David Keyo, Patrick Kolwé, Marguérite Ngot et Ndjea Fualem.

Suite à la diffusion de la vidéo, les policiers incriminés avaient été écroués à la Prison centrale de Yaoundé Kondengui, avant d’être jugés par le tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif, le 29 novembre 2021.

L’auteur de la vidéo, un certain Williams Kamga, victime du vol imputé à Tchomi, a été jugé en compagnie des cinq policiers incriminés. Lui, pour « publications équivoques », du fait d’avoir filmé et propagé sur les réseaux sociaux une vidéo qui présentait des scènes de violence pendant lesquelles des policiers déchainés rouaient de coups de bâton et de machette un détenu.

Certes, la Police congolaise ne manque pas de « brebis galeuses », ces agents qui se sont mis en marge de la discipline et de l’éthique, comme dans toutes les polices du monde d'ailleurs, même celles des pays dits de grandes démocraties. À leur endroit, le Commandement mène un travail inlassable.

D’ailleurs, s’agissant des évènements du viaduc de Kintélé, le général Jean François Ndengué a, à l'occasion de la cérémonie de port des insignes de grade aux promus du premier trimestre de 2022, sur un ton péremptoire, attiré l’attention des hommes « sur les dérives et les bavures qui ont terni gravement l’image de la police. (…) Cette scène insupportable de policiers en train de torturer à coups de marteau, des personnes qu’ils avaient interpelées en dehors des commissariats. C’est révoltant, c’est inacceptable. » Outre le fait que ces policiers identifiés, ont été présentés devant le Procureur de la République et déférés à la Maison d’Arrêt et subiront toute la rigueur de la loi, le général Jean François Ndenguet a relevé que «le Conseil de discipline statuera sur leur cas. Et, au regard de l’extrême gravité des faits qui leurs sont reprochés, ils sont passibles de radiation. Que cela serve de mise en garde rigoureuse, à tous les policiers qui déshonoreront la Police avec ce type de pratiques inhumaines et criminelles

Toute violence d’où qu’elle vienne est condamnable, et devrait être dénoncée. Cependant, importer les faits de violences venant d’autres pays pour les attribuer à la Police congolaise, dans le seul but de nuire ou de ternir l’image d’une institution républicaine, est un acte tout aussi barbare que la barbarie dénoncée.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville