Congo : Pointe-Noire et ses inondations

La nature serait-elle contre les populations de Pointe-Noire, la capitale économique du Congo ? C’est la question que se posent plusieurs habitants de la ville océane. Les pluies qui tombent inquiètent chaque jour ceux qui y résident. La pluie a encore fait parler d’elle surtout au quartier Saint-Pierre.

A chaque fois que le ciel s’assombrit à Pointe-Noire, le stress devient le sentiment le mieux partagé par les populations de la deuxième ville du Congo. La pluie tombée dans la matinée a encore causé des dégâts. Certains occupants de plusieurs maisons ont été pris au piège par la montée des eaux.

A la question de savoir comment vivent-ils cette situation, indigné, un des habitants répond : « Que voulez-vous que l’on vous dise ? Nous vivons cette situation depuis et les autorités municipales savent. C’est juste de la mauvaise foi pour les uns et de l’incompétence pour les autres. Au lieu de servir, on se sert ».

Triste réalité que vivent ces populations prises au piège par les eaux de pluie et prisonnières dans leurs propres maisons. On peut lire l’impuissance sur certains visages. Les angoisses sont presque devenues leur quotidien quand le ciel s’assombrit. Elles disent être plongées dans l’incertitude des sombres lendemains et parfois noyées dans les profondeurs de leurs larmes.

« Nous ne savons quoi dire. Les enfants ne peuvent pas aller à l’école. Les affaires sont mouillées. Le gouvernement nous a tourné le dos. Ces hommes politiques nous prennent pour du jus de citron. Une fois fini de l’avoir pressé, on le met à la poubelle sans qu’on ne se rebelle » s’indigne une mère de famille.

Il faut noter que certains riverains se plaignent des constructions anarchiques des autres. Plusieurs personnes rencontrées, élèves, travailleurs et commerçants disent vivre des situations de stress chaque fois que la nature pleure. Apprenants et professionnels sont inscrits aux abonnés absents de leurs lieux de leurs lieux de formation et de travail. Ils disent être à la maison, pour veiller aux affaires de la maison et surtout pour faire le nettoyage de ce qui reste après la pluie.

La ville de Pointe-Noire doit faire face à des inondations d’origines diverses et à un développement urbain continu qui requiert d’aménager certaines zones identifiées comme étant inondables. Pour faire face à ces inondations, les gestionnaires de la ville affirment mettre en œuvre des mesures visant à améliorer la résilience de leur territoire.

Pointe-Noire est aussi caractérisée par sa façade à la mer et le changement climatique faisant, il y a plus d’évaporation des eaux de mer ce qui change le phénomène naturel du cycle de l’eau, des fréquences et de l’amplitude des pluies. On enregistre en peu de jours de grands volumes de pluies qu’il en faut naturellement sans qu’il n’y ait de place pour les contenir au sol car le relief ne s’y prête pas. La ville océane a un sol sableux qui a une capacité de rétention en eau très faible.

Aussi, le trafic élevé de véhicules, compacte la surface du sol pour la rendre imperméable. Conséquences l’eau est stagnante et donc les flaques d’eau dans toutes les rues.

En ce qui concerne les facteurs anthropologiques nous citerons l’occupation du sol, le choix et le dimensionnement des ouvrages de drainage, le ramassage des déchets solides, inexistence de verdures et d’arbres pour freiner l’intensité des pluies, absorber de volumes d’eau et aider à l’évapotranspiration. L’occupation du sol à Pointe-Noire ne milite pas en faveur de la lutte contre l’inondation.

De par sa position de capitale économique, la ville océane est la deuxième ville la plus peuplée du Congo avec 1. 158. 331 habitants. Ainsi, nombre de populations congolaises et d’étrangers veulent y résider. Il faut donc les loger d’où la pression foncière sur Pointe-Noire avec des installations anarchiques et des constructions sans modérations même sur les exutoires et les bas-fonds sur le territoire.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville