Faire baisser le chômage : Denis Sassou N’Guesso peut-il gagner son pari ?

Lors de son élection en mars 2016, le président congolais, Denis Sassou N’Guesso avait promis de faire baisser le chômage. Mais la chute des cours du pétrole a fortement impacté l'économie congolaise qui dépend presque exclusivement de l'or noir. De façon directe, la baisse d'activité du secteur pétrolier a mis sur le carreau de nombreux travailleurs notamment dans les sociétés de sous traitance et d'intérim. L'effet domino a aussi des répercutions sur les autres secteurs de l'économie congolaise.

Selon les entreprises privées membres de l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo (Unicongo), on estime à 12.107 le nombre d’emplois perdus dans le secteur privé contre 4.098 au cours des six premiers mois de 2016.

Selon Unicongo, cette situation a également causé une baisse des cotisations sociales de 1,4 milliard de francs CFA en 18 mois à la Caisse nationale de sécurité sociale.

Cette crise qui frappe de plein fouet l’économie nationale, se traduit entre autres, par la baisse des recettes budgétaires de l’État dépendant à près de 70% du secteur pétrolier, la fermeture de plusieurs entreprises privées, des arrêts des chantiers d’infrastructures et des pertes massives d’emplois.

Outre la réduction du budget de l’État, la crise actuelle a fait plomber la dette publique à 2785 milliards de francs CFA au 31 mars 2016 dont 350 milliards de francs CFA de dette intérieure, répartie entre la dette sociale et la dette commerciale.

De 2014 à 2015, le chiffre d’affaires d’entreprises membres d’Unicongo a baissé de 32% contre 33% courant les six premiers mois de l’année en cours.

La situation de trésorerie paraît difficile au niveau de 72% des sociétés privées affiliées à Unicongo.

Les secteurs du bâtiment et des travaux publics, des mines et des para-pétroliers font partie des plus affectés par la crise. Ils ont enregistré des taux de dégradation de la situation les plus élevés du fait de l’impact direct de la baisse des cours du pétrole et du fer ou de la dette publique intérieure.

Le bois est la deuxième ressource d’exportation du pays après l’or noir. À en croire Unicongo, les sociétés forestières ne sont pas épargnées par les méfaits de la crise. Si leur chiffre d’affaires est demeuré stable entre 2014 et 2015, il a cependant chuté de 15% au premier semestre de 2016.

L’impact de la crise est aussi déterminant sur les banques et les sociétés d’assurances opérant en République du Congo. Le chiffre d’affaires de ce secteur a baissé de 22% entre 2014 et 2015. Il aurait connu une diminution de 26% lors des six premiers mois de 2016.

Le constat est dur. Un taux d’activité faible, un « surchômage » persistant, la situation des jeunes sur le marché du travail s’est globalement dégradée et leur insertion professionnelle est plus compliquée au Congo.

Depuis quelques mois, l'économie nationale donne en effet l'impression d'être assise sur un volcan.

L'ennui, c'est que, là encore, on n'est sûr de rien. D'abord parce que, à la différence de la relance par la consommation, la politique de l'offre a toujours du retard à l'allumage.

Avec un peu d'astuce et pas mal de chance, Denis Sassou N’Guesso peut encore espérer s'en sortir. Ensuite, parce qu’une bonne nouvelle est toujours possible sur le front de la croissance.

Rien ne dit non plus que la politique de l'offre ne finira pas par porter ses fruits avant la fin du mandat de Denis Sassou N’Guesso. Les entreprises disposent désormais d'une capacité de rebond.

Le Président Denis Sassou N’Guesso a prononcé mardi 31 décembre 2019, le message de vœux au peuple congolais. En cette année des soixante ans de l’indépendance du Congo, il a reconnu que " la crise sera toujours présente mais son étau va se desserrer progressivement".

Et comme l’étau de la crise va se desserrer progressivement, le président a encore une petite chance de tenir son engagement avant mars 2021.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville