Cemac – Rebond des cours du pétrole : Daniel Ona Ondo met en garde contre les projets non essentiels

L'argent du pétrole est-il investi à bon escient en zone Cemac? La question reste posée et suscite autant d'inquiétudes, quant à la priorisation des projets. La Commission de la Cemac craint que la remontée des prix du brut ne « réenclenche » le financement « des projets sans portée pour les populations »

À l’ouverture de la 5ème édition de la session ordinaire du Comité de pilotage (COPIL) du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-Cemac), le 22 juin 2018, dans la capitale économique camerounaise, le président de la Commission de la Cemac, le Gabonais Daniel Ona Ondo, s’est félicité des perspectives plutôt positives sur le court terme, en ce qui concerne le redressement de l’économie sous-régionale.

« En effet, les mesures mises en œuvre, aussi bien par les États membres de la Cemac, que par les institutions sous régionales, ont permis de renverser les tendances d’il y a 2 ou 3 ans », a-t-il déclaré.

À en croire Daniel Ona Ondo, une embellie se profile d’ailleurs à l’horizon pour les finances publiques des six États membres de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, RCA, Tchad et Guinée équatoriale), avec la remontée des cours du baril de pétrole brut sur le marché international.

Une situation qui va, selon le président de la Commission de la Cemac, entraîner l’adoption des collectifs budgétaires (Lois de finances rectificatives), en vue de revoir à la hausse les budgets des États. Un peu comme vient de le faire la République du Cameroun, en revoyant son budget 2018 à la hausse, de 176 milliards de francs CFA, passant de 4 513,5 milliards à 4 689,5 milliards de francs CFA.

Cependant, redoute Daniel Ona Ondo, « si l’on peut se satisfaire de cette situation, il y a le risque de réenclencher le processus de financement des projets sans réelle portée pour les populations. Il y a le risque de ralentir le rythme des efforts d’ajustement budgétaire et de réformes structurelles ».

« La remontée des prix du pétrole brut, à notre entendement, doit servir prioritairement le désendettement et la constitution d’une épargne pour faire face demain à des chocs exogènes récessifs », croit savoir le président de la Commission de la Cemac qui met ainsi à l’index les dépenses souvent contre-productives, généralement reprochées à certains États pétroliers de la zone Cemac.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville/Source Ecofin