Congo – Musique : L'artiste musicien Nzongo Soul est mort à Paris

Il se disait « Wa semo », béni des dieux et se destinait à purifier la musique congolaise des vibrations négatives, à travers le « Walla ». Après le succès de ses premières œuvres discographiques qui épousèrent le feeling de la jeunesse qui s'y retrouvait, Nzongo Soul choisit de s'exiler en France où il s'est éteint mercredi.

L'artiste Nzongo Soul dit "Wa semo" est mort ce 10 janvier 2018 à Paris. Il a été retrouvé à son domicile par un proche qui a alerté la police. Les raisons de son décès ne sont pas encore connues. Sa dépouille a été prise en charge par les services du centre medico-légal de la ville de Paris.

Il aurait pu faire professeur d'anglais et dispensait déjà les cours de la discipline, au lycée du Drapeau rouge, l'actuel Chaminade. De son vrai nom Nzongo Faustin, cet auteur, compositeur, interprète s’est inspiré du rythme "walla" pour bâtir les fondements de sa musique. Il s’est fait un nom au niveau international par son duo avec Bernard Lavilliers dans le titre "Noir et Blanc".

C'est très tôt que Nzongo Soul arrive a la musique, exploitant à son tour cette fibre familiale exprimée par d'autres parents comme Théo Blaise Kounkou ou autre Mamie Claudia.

Nzongo Faustin assure très tôt le lead vocal dans les mouvements de jeunes pionniers puis dans les chorales scolaires. A quatorze ans, il forme le groupe "Les Intimes" et en 1974, crée l’orchestre "Djilamuley" .

Alors que tout le pays danse la rumba, N’Zongo Soul préfère la variété alternant rock, jazz, blues, valse musette et soul.

La sortie de son 45 tours "Bolingo Somo " (l’amour est étrange), le propulse bientôt au rang de vedette régionale. Il fonde alors un groupe professionnel "Walla players" et lance un style musical original, fusion de walla (rythme du peuple Kongo), rumba congolaise, soul, rock et funk.

Son premier 45 tours européen (1979) Africa Walla dans lequel il chante "Walla, c’est ma musique" et son album " Mvanéno Nlélé " lui ouvrent les portes du Zaïre où il réalise une tournée.

Couronné par le Prix Découvertes RFI en 1984, il rencontre l’année suivante à Brazzaville Bernard Lavilliers qui s’enthousiasme pour son style original aux couleurs rock. C’est le début d’une amitié qui aboutit en 1986 à la participation de Nzongo Soul à l’album et au clip "Voleur de feu". Le léki (le petit frère) y donne la réplique en lingala sur le titre "Noir et blanc".

Son album suivant "Mamé" produit par le rocker français, une version personnelle de "Noir et blanc" servie par sa belle voix au timbre clair et cristallin où Lavilliers reprend le refrain sera un grand succès.

En 1990, il enregistre "Walla music" un album dédié à l’ONG "Mémoire du temps" puis signe un disque de contes "Mémoire du Monde" en compagnie de plusieurs comédiens (Pierre Arditi, Carole Bouquet, Catherine Deneuve, Annie Duperey).

Plus tard, Nzongo Soul s’oriente vers la "musicosophie", un projet alliant musique et philosophie, monte un nouveau groupe et collabore avec divers artistes dont Dana.

Profondément attaché à ses racines congolaises, Nzongo Soul qui depuis lors s'était installé en France, avait accepté de participer à l'aventure « Brazza j'y crois ».

Le président congolais Denis Sassou N'Guesso qui à l'occasion reçut les différents artistes ayant pris part au projet se souvint de l'auteur de « Walla c'est ma musique », comme si c'était hier.

Né en 1955, Nzongo Soul a définitivement rangé sa guitare alors qu'il allait vers ses 63 ans d'âge.

Puisse le walla, survivre à son décès. L'artiste ne disait-il pas : « Walla and I will never die », le walla et moi ne mourrons jamais.

Benoît BIKINDOU