Pour le président burundais, Pierre Nkunrunziza, le ballon rond est une religion, il y consacre alors la moitié de son temps. Mais attention, on ne rigole pas avec ces tibias. Le 3 février dernier, l'équipe du président, l'Alléluia FC, affronte le club de Kiremba. Kiremba, pour l'occasion, a recruté quelques joueurs parmi les réfugiés congolais du camp de Musasa. Les Congolais, crime de lèse-majesté, ont à plusieurs reprises attaqué de front Pierre Nkurunziza, alors balle au pied, et l'ont même fait tomber de temps à temps.
L'administrateur de Kiremba, Cyriaque Nkézabahizi, et son adjoint chargé du sport, Michel Mutama, ont donc été écroués pour « complot contre le chef de l'État » en fin de semaine dernière. Ils ont été emprisonnés à la prison de Ngozi, à 130 km au nord de Bujumbura.
Les règles sont pourtant connues de tous : quand le président est en possession du ballon, aucun adversaire ne doit l'approcher à moins de trois mètres.
Et il doit marquer un but, ou du moins être à l'origine d'une action décisive. Mais les footballeurs congolais ignoraient ces bonnes manières.
Sur le terrain, la consigne est claire : l'équipe adverse peut égaliser contre le Alléluia FC, mais elle doit absolument laisser le président marquer avant le coup de sifflet final.
Un arbitre avait averti ainsi une équipe rivale : « Si vous ne laissez pas son Excellence marquer le but, vous allez jouer jusqu'à demain. »
La Fifa doit certainement revoir le réglement du football sur le continent.
Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo Brazzaville