Congo – Circulation routière : Les accidents de la route deviennent un véritable fléau

Alors que l’on déplorait un accident mortel survenu samedi à Mengo, un autre accident tout aussi spectaculaire a eu lieu dimanche à Kintélé. De plus en plus d’accidents de la circulation d’une extrême gravité sont recensées au quotidien sur les routes congolaises. Une situation qui devrait interpeller les pouvoirs publics.

Un accident de la route a eu lieu dimanche en soirée à Kintélé. L’habitacle du véhicule complètement pulvérisé témoigne de la violence du choc. Une fois de plus, la vitesse excessive et surtout la non observation du code de la route sur la conduite de nuit, seraient les causes de l’accident.

Les routes congolaises sont en passe de devenir des mouroirs, au regard de la fréquence des accidents qui s’y produises et surtout du nombre de morts qu’ils occasionnent.

Faute de statistiques des services assermentés en temps et en heure sur le nombre d’accidents, leurs causes et surtout le bilan humain qu’ils occasionnent, les différents usagers de la route continuent de se comporter comme si la conduite était un jeux et surtout le véhicule ou le cyclomoteur un jouet ou un objet de parade.

Même si les accidents de la route interviennent toujours, quelles que soient les précautions, les causes des accidents sur les routes congolaises interrogent dans la plupart des cas, sur les capacités réelles des chauffeurs à prendre le volant et surtout leur aptitude à s’adapter au trafic sur des routes à circulation intense.

C’est à croire que chacun use de son propre code de la route qu’il adapte à sa manière, sans se préoccuper des autres usagers ou même des messages envoyés par la route elle-même, à travers les panneaux – quand ils existent – ou encore par la configuration géographique de ladite route, en anticipant sur les éventuelles situations qui peuvent causer un accident, ce en interpellant l’intellect, voire l’expérience du chauffeur.

Chevauchement de la ligne continue en toute aisance, dépassement sans avoir préalablement évalué la vitesse du véhicule que l’on dépasse qui souvent accélère pour ne pas se laisser doubler, ou encore la distance pour un éventuel rabattement avant de croiser un véhicule venant en sens inverse, dépassement à un virage serré dépourvu de visibilité, course-poursuite des chauffeurs se livrant à un concours ‘’d’habileté au volant’’, sur fond de klaxon et même d’encouragements des passagers à bord, le tout parfois arrosé d’une bouteille d’alcool ‘’sifflée’’ en pleine conduite pour semble t-il « garder la forme ». Autant d’infractions graves au code de la route, qui sous d’autres cieux, vaudraient au conducteur jusqu’à une suspension du permis de conduire, à défaut de l’immobilisation du véhicule, mais qui au Congo, sont de l’ordre du naturel et qui n’émeuvent point, outre-mesure.

Quand la route est rectiligne et dégagée sur une longue distance, certains chauffeurs croient venu le moment d’évaluer à fond la vitesse du véhicule, sans se soucier qu’ils le rendraient alors plus léger et donc vulnérable à la pression du vent, surtout dans des endroits dépourvus de végétation.

 

Pour beaucoup d'entre eux, le panneau présentant une girouette qu’ils ont croisé, signifie plutôt qu’il y a un aéroport dans les environs.

C’est à se demander si nombreux de ces soi-disant ‘’chauffeurs’’, ne se limitent pas simplement à déplacer les véhicules en jouant de leur habilité, mais méconnaissent au fond l’essentiel des règles même les plus élémentaires du code de la route.

Il n’est pas étonnant de voir un conducteur s’abstenir de s’arrêter à un stop ou à un feu rouge, au prétexte qu’il n’y a pas de véhicule en face.

De même, de nombreux chauffeurs usent de vitesse excessive, sans se préoccuper des panneaux qui en limitent, ou de l’état de la route, pour d'éventuels anticipations, notamment en croisant d'autres usagers, ou encore des piétons pouvant surgir des accotements. C’est en quelque sorte une conduite d’amateurs confortée par la pratique commune. Ce qui en créée la norme applicable par tous.

À l’étranger qui s’en offusque on répond : « ici on conduit comme ça. Avec votre logique, on ne peut pas avancer. Chez nous c’est on part on part ». Sauf que ce manque de logique laisse de nombreux usagers de la route sur l’asphalte.

Dans ce véritable micmac, même les agents de la circulation routière semblent dépassés, si ce n’est que certains encourageraient à l’évidence ces comportements répréhensibles, afin de devoir sévir et s’en mettre plein les poches.

Des campagnes de sensibilisation sur les dangers des infractions au code de la route sont certes menées par les services habilités, avec parfois des illustrations aux moyens des images chocs d’accidents de la route. Cela semble hélas, ne pas produire d’effet, car dans la pratique sociale congolaise, seule une action répressive contraint au respect des prescrits édictés dans un domaine ou dans l’autre. De ce fait, des patrouilles motorisées s’imposent sur les routes nationales sur lesquelles les accidents sont désormais quasi quotidiens. La peur du gendarme que l’on peut croiser à tout moment, suscitera à coup sûr d’autres comportements.

D’autre part, l’authenticité de nombreux permis de conduire congolais étant sujet-à-caution, ou encore complaisamment délivrés, il est peut-être temps d’y mettre de l’ordre, à travers un véritable recyclage de tous les chauffeurs, quels qu’ils soient.

Plus on attend, plus la situation évolue de mal en pis, au point que si l’on y prend garde, le nombre de morts ou de mutilés sur route battra le record, par tête d’habitants.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville