Il était quasiment le dernier de ces grands commerçants transporteurs dont les camions chargés de vivres, en provenance des villages dont les marchés portaient leur nom, ravitaillaient en de jours définis, la ville de Brazzaville. Jean Paul Matsima s’est éteint samedi 4 avril 2020 à Brazzaville, suite à un arrêt cardiaque.
Commerçant transporteur, boulanger, entrepreneur BTP, Jean Paul Matsima avait le sens des affaires, au point qu’au faîte de son ascension, l’homme s’était permis d’embrasser la carrière politique, en devenant député indépendant de la circonscription de Vindza, le terroir où il est né.
Homme libre, Jean Paul Matsima avait le sens de la repartie, notamment envers ses adversaires. « Moi, j’étais déjà milliardaire lorsque ces gens portaient encore des culottes », avait-il lancé un jour envers son concurrent, dans sa circonscription électorale.
Jean Paul Matsima avait tout connu, la gloire que procure le rang social mais aussi la disgrâce induite par l’action de justice. Une affaire de chantier non achevé l’avait conduit en prison. Il en était sorti quelques mois plus tard, sans que ne soit entamée ni sa gouaille, ni son tempérament de battant. « Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort », confiait-il.
« Je ne me presse pas, j’avance lentement, mais sûrement » assurait Jean Paul Matsima, d’où le sobriquet de ‘’Bouké-Bouké’’ qu’il s’était attribué, lui qui témoignait en avoir vu des vertes et pas mûres en certains moments de sa vie. Une vie qui s’est arrêtée un 4 avril 2020.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville
