L'extraction du sable à Ouesso : entre système D et risques

Depuis plusieurs décennies, le Congo est confronté au phénomène du chômage. Si rien n’est mis en œuvre pour parvenir à résorber ce mal social et économique, il pourrait prendre d’importantes proportions. N’empêche que l'activité d'extraction du sable à Ouesso dans la région de la Sangha (Nord) reste un des remèdes au chômage dans cette localité de plus de 30.000 habitants, notamment pour les jeunes.

Depuis plusieurs années, nombreux exercent périodiquement en tant qu'extracteurs de sable.

Munis de seaux et de pirogues, ils plongent à plus d'un mètre et demi de profondeur dans la Sangha, un affluent du fleuve Congo qui arrose la région, jusqu'en début de soirée, pour sortir un peu de sable et constituer une quantité assez importante pour remplir une camionnette.

De manière générale, ils organisent en deux groupes de dix personnes pour extraire le sable de la Sangha de manière anarchique sans respect des mesures de protection de l’environnement.

Le travail est pénible, mais il aide à faire vivre des familles. Des jeunes scolarisés se font aussi embaucher afin de disposer d’un pécule pour préparer leur rentrée scolaire.

Le sable récolté est vendu 25 000 francs CFA le mètre cube. Les clients sont des entreprises du bâtiment et des particuliers. Les extracteurs du sable gagnent 45 000 francs CFA la journée et les piroguiers 50 000 francs CFA. Le salaire mensuel peut être évalué à 135 000 franc CFA pour les premiers et 150 000 pour les seconds. Ils reçoivent une indemnité alimentaire journalière de 600 francs CFA.

Le sable est tout simplement la ressource naturelle la plus utilisée sur terre après l’air et l’eau.

Dans de nombreux endroits, son extraction abusive met en péril le littoral et participe à l’érosion des plages. Ces dernières ne peuvent alors plus jouer leur rôle de barrière de protection de l’arrière-pays.

Par ailleurs, l’exploitation massive détruit la faune et la flore aquatiques, pour lesquelles le sable est un habitat naturel.

Malgré cette bombe à retardement écologique, peu de décideurs politiques ont pris la pleine mesure du danger. Il semble pourtant urgent d’agir pour protéger le sable.

Sans quoi nos balades à la plage pourraient n’être bientôt qu’un lointain souvenir.

Aurélie ISSIMBA