Au Congo-Brazzaville, dans le domaine de la santé comme ailleurs, les escrocs en tous genres n’ont qu’une boussole : ils vont là où est l’argent. Pas étonnant donc que les hôpitaux publics de Brazzaville et Pointe-Noire soient devenus l’objet des magouilles toujours plus importantes en nombre et toujours plus sophistiquées dans leur mécanisme. Des médecins qui envoient ainsi des patients dans des laboratoires précis touchent parfois des commissions (10% du montant de la facture) de ces laboratoires. Souvent, ils sont même partenaires.
Alors que les images abstraites attachées aux professions de santé (médecins, infirmiers ou infirmières, sages-femmes) sont partout positives et évoquent assez généralement le dévouement, la compassion, l’altruisme, par contre la réputation concrète des personnels de santé au Congo-Brazzaville notamment à Brazzaville et Pointe-Noire est particulièrement mauvaise et parfois exécrable.
Leur corruption et leur vénalité sont très largement dénoncées par les populations, en même temps que leur mépris des usagers et la faible qualité de leurs prestations, même si, bien sûr, chacun connaît d’heureuses exceptions.
« Ils ne nous regardent même pas » et « ils ne pensent qu’à l’argent » sont les deux phrases revenues le plus régulièrement à propos des soignants dans les entretiens menés avec les malades et leurs accompagnants.
Une situation qui, longtemps, a été masquée au niveau public, mais qui est désormais de plus en plus débattue au grand jour.
Dans une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, intitulée « Les fossoyeurs, le calvaire des congolais dans les hôpitaux », les patients dénoncent avec véhémence une pratique troublante et inquiétante.
Au sein des hôpitaux publics du pays, les médecins utilisent leurs positions dans les établissements publics pour orienter les patients vers leurs propres cliniques privées ou tout simplement là où ils sont partenaires, dans une quête éhontée de profils.
Il semblerait que ces médecins n’utilisent pas les hôpitaux comme des lieux de soins désintéressés quoique déjà rémunérés par l’Etat mais plutôt comme des outils de « démarchage de clients » pour leurs cliniques privées.
Cette pratique ignoble et ignominieuse est non seulement une trahison de la confiance des patients envers les professionnels de la santé, mais elle compromet également l’accès équitable aux soins de santé pour tous les Congolais.
En outre, certains patients ont témoigné avoir été contraints d’effectuer des examens coûteux dans les laboratoires spécifiques recommandés par ces médecins, sous peine de se voir refuser des soins ultérieurs.
« Le docteur me dit clairement que si j’emmène les résultats d’ailleurs en dehors du laboratoire qu’il m’a indiqué avec insistance, il ne va pas me recevoir. Et là-bas, les examens coûtent les yeux de la tête. Si l’Echographie coûte par exemple 15.000 FCFA, il va mettre, en fonction de ses humeurs du jour, 20.000 FCFA. Et le surplus c’est pour lui-même », nous a confié une victime de cette exploitation par les « arnaqueurs en blouses blanches ».
Bon nombre de Congolais, notamment ceux de la classe moyenne, ont compris que pour être mieux pris en charge, la clinique est la solution. Cette situation conforte les professionnels de la santé. C’est ainsi que les cliniques privées sérieuses ont le vent en poupe dans les grandes villes du pays.
Le business de la santé rapporte !
Les hôpitaux publics ont ceci de particulier que la plupart des médecins et spécialistes ne sont pas toujours disponibles et de nombreux infirmiers exercent leur travail comme si on les forçait. Ces médecins ne sont pas toujours disponibles dans les hôpitaux publics, mais quand vous allez dans les hôpitaux privés où ils sont mieux rémunérés, vous les retrouvez et la prise en charge est meilleure.
Il peut même vous servir le café ou vous accompagner jusqu'au parking !
Face à cette situation abusive et alarmante, il est impérieux que les autorités publiques prennent des mesures idoines pour mettre fin à ces pratiques mafieuses au sein des centres hospitaliers publics.
La santé des Congolais ne devrait pas être compromise pour les intérêts financiers égoïstes de quelques professionnels sans scrupules.
La population congolaise exige des actions concrètes pour garantir des soins de santé accessibles, équitables et de qualité pour tous.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville