Voyage en Amérique (Libre propos de Michel Mboungou-Kiongo)

En 1992, l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Brazzaville m’avait choisi parmi les journalistes congolais pour participer à un voyage d’études de six semaines dans le cadre d’un séminaire sur Le Rôle des Médias aux Etats-Unis. Ce séminaire fut organisé par l’USAID (l’agence d’information et d’aide au développement des Etats-Unis) qui sélectionne des jeunes leaders dans tous les domaines d’activités, à travers le monde, chaque année. Le but étant de leur faire découvrir les Etats-Unis d’Amérique, en procédant à des échanges professionnels et culturels. J’avais donc quitté le Congo Brazzaville en début février. Pendant mon séjour américain, une constance a marqué ma vie dans ce pays : c’était la touche spirituelle. Chaque fois que les organisateurs du voyage programmaient des visites dans des familles américaines pour un « bain culturel », je me retrouvais toujours dans des familles chrétiennes. C’était soit chez des pasteurs ou chez des prêtres. Et ce phénomène se répétait tellement, qu’il commençait franchement à m’agacer.

En effet, tandis que les autres journalistes du groupe, étaient choisis par des familles de parlementaires au Congrès américain ou de présentateurs vedettes de télévision ; moi, j’étais choisi par des hommes et des femmes d’Église. Bref, pour un bain culturel ce fut plutôt un bain spirituel.

Je me souviendrai toujours de Linda, une Africaine-Américaine que j’ai rencontrée à Helena, dans l’Etat d’Arkansas. À l’observer, elle eut un coup de foudre pour moi et tomba éperdument amoureuse. Je trouvais cet amour fort étrange et démesuré, puisque je n’éprouvais pas la même attirance pour elle. Elle pourtant était si sincère dans sa manière d’exprimer ses sentiments que je m’étonnais, sincèrement, de cette situation qui devenait inconfortable pour nous deux.

En vérité, je ne voulais pas consommer un acte charnel qui serait sans lendemain, d’autant plus que je n’étais à Helena que pour trois jours au plus. Et un acte qui qui pourrait engendrer un attachement sentimental avec toutes les conséquences subséquentes. Elle parvint néanmoins à comprendre mon attitude.

Les jours qui suivirent me permirent de noter qu’elle avait fait basculer notre relation sur une fréquence dirigée vers un discours relativement religieux. Elle n’arrêtait pas de dire que son plus grand désir était de me voir l’accompagner à l’église pour assister au culte dominical. Je voyais bien venir le spectre des mécanismes prosélytiques qui mènent à l’endoctrinement religieux. Démarche que j’avais déjà discernée avec les « yeux » de la raison critique au sortir de mon adolescence.

Mais l’outil par excellence qui m’a permis de tenir la distance avec les discours de captation religieuse aura été une interpellation de mon père, Léonce Kiongo-Niaty. Constatant que je n’étais pas enclin à faire des travaux manuels pendant les « chantiers vacances » qu’il faire à ses fils pendant les congés scolaires ; il m’appela devant mes frères et me dit : « Je t’ai observé depuis ton jeune âge, tu ne manifestes pas de l’entrain au travail manuel. Je te conseille donc de muscler ton cerveau en lisant des livres. » Dit de lui, c’était un gage d’adoubement intellectuel voire spirituel puisqu’il avait étudié les saintes écritures dans une mission évangélique pendant deux années consécutives pour être formé pasteur. Je sus donc discerner l’approche de Linda de gagner une âme pour le salut éternel au nom de Jesus-Christ. Je ne lui tins pas rigueur fis pour ce changement de cap, mais je lui dis sans ambages que la culture chrétienne n’était pas une nouveauté pour moi. J’y étais né, j’y avais grandi en faisant même partie de la chorale de l’église de mon quartier. Mais je ne souhaitais pas faire l’objet d’une démarche prosélytique.

En définitive, nous sommes parvenus à un accord qui consistait à sauvegarder la relation que nous avions commencé à créer. En vérité, me dit-elle qu’elle croyait qu’à notre rencontre, j’ignorais tout de Jésus-Christ ; et qu’elle désirait maintenant que nous fassions chemin ensemble dans cette marche vers le Christ. Je voyais bien comment elle était passée, presque subtilement, du premier objectif de la consommation de la chair à la planche du salut de la main d’association fraternelle pour nouer une relation christique. Pour atteindre ce deuxième objectif, elle devait déployer sa nature de femme pour exprimer l’indicible qui travaillait en elle. Mais n’empêche que je trouvais l’épanchement religieux de Linda débordant et encombrant au point de gâcher quelque peu mes soirées que je voulais consacrer à l’observation des médias américains pour lesquels j’étais venu aux USA.

Linda me trouvait intelligent et séduisant, disait-elle, en s’en émerveillant. Mais elle était un tant soit peu triste du fait que je marquais de la distance aux évangiles. De cœur l’as, je finis par mettre de l’eau dans mon vin afin de lui accorder quelque concession dans mon emploi du temps pour éviter ses jérémiades qui débutaient, le soir venu lorsque nous nous retrouvions soit dans la chambre de l’hôtel soit dans sa voiture pour nos balades nocturnes. Et puis voilà, un dimanche matin, alors que je devais prendre un avion pour Little Rock, elle me demanda de l’accompagner assister au culte religieux du matin. J’ai accepté sa proposition pour ne pas lui laisser une mauvaise image de moi. La route fut longue pour arriver à l’église. Qu’est-ce que je le suis ennuyé le long du trajet. Mais en bonne « bergère », Linda entretenait la conversation, évoquant la déchirure qui allait bientôt survenir à l’occasion de notre séparation. Mais selon elle, Dieu avait le pouvoir de soigner nos plaies à travers l’amour de Jésus-Christ ; car lui avait vaincu la souffrance pour avoir déjà souffert, à notre place, sur la croix de Golgotha. C’était un discours barbant comme discours pour mon esprit rôdé habitué aux propos laïcs.

Enfin, nous arrivâmes sommes arrivés à l’église. L’atmosphère était à la joie des frères et sœurs chrétiens communiant avec l’esprit du Christ-Jésus. Tout le monde semblait se connaître dans cette église Baptiste fréquentée exclusivement par d’Africains-Américains. Le pasteur était jeune et charismatique. À vue d’œil, il ne dépassait pas 25 ans d’âge. Le prêche portait sur l’évangile dans lequel les disciples apeurés, par l’adversité de Satan, réveillèrent le Sauveur Jésus-Christ qui dormait à la proue de la barque, et qui calma la tempête : proclamant ainsi la victoire du Fils de Dieu sur le diable. Lorsqu’il a terminé sa prédication, j’ai été surpris de l’entendre m’inviter à sa chaire. Je n’en ai pas d’abord cru, pensant qu’il se méprenait sur ma personne. Mais, il insistait en me disant de venir à sa rencontre. Je regardais Linda comme pour lui demander à quoi rimait tout ceci ? Serait-il une mise en scène montée par elle ? Linda fut aussi surprise que moi. Je me suis levé et j’ai quitté la rangée des bancs où j’avais pris place ; puis j’ai longé la longue allée qui menait à la chaire du pasteur. Le jeune pasteur m’a laissé sa place et m’a invité à dire un mot aux fidèles présents ce jour-là. Je ne savais quoi leur dire en pareille circonstance.

Mais, il m’est venu à l’esprit de leur parler d’un problème qui m’a toujours interpellé : la vraie-fausse union du peuple noir où qu’il soit dans le monde. Que ce soit en Afrique, en Europe, dans les Amériques, en Asie, et en Océanie. Le choix de mon thème pouvait paraître caricatural et provocateur. Mais, j’ai longtemps observé le phénomène dans les continents où j’ai séjourné longtemps, en l’occurrence en Afrique et en Europe m et maintenant aux États-Unis d’Amérique. Je leur dis, en fait, c’est lorsque le Noir est dans la pauvreté matérielle qu’il devient très « humaniste ». C’est à ce moment-là qu’il souhaiterait voir tous ses frères de race partager « sa misère » avec lui. Mais, lorsqu’il accède à la richesse matérielle ou au bien-être, le Noir devient très égoïste. Il se transforme en ogre qui s’acharne à écraser et éradiquer ses congénères.

Pour lui, la possession matérielle devient une « arme de destruction massive » forgée contre les siens pour les transformer en esclaves. Je remarque donc que le Noir ne sait pas partager l’essentiel à son frère. J’étayais mon discours d’exemples de la vie courante exempts de solidarité constructive partout où vivent les Noirs. Je leur ai cité entre autres exemples les facéties et incongruités des dirigeants africains, qu’ils soient politiques ou économiques, qui installent des dictatures et des systèmes de prédation et poussent au chaos des millions de leurs compatriotes.

J’ai aussi pris l’exemple des Africains-Américains qui ne parviennent pas à créer un système d’émancipation véritable de leur communauté aux USA et dans le continent mère, l’Afrique. Quand certains d’entre eux réussissent à atteindre les sphères de la puissance politique et économique, il est courant de les voir investir leurs capitaux dans la communauté blanche. Au lieu de penser stratégiquement des nouveaux paradigmes des temps nouveaux pour devenir des bâtisseurs d’une nouvelle conscience de responsables aguerris qui forgent la mise en place de systèmes porteurs de valeurs de puissance et de respect de leur race, ils abandonnent sans gloire la communauté d’origine pour aller quémander des strapontins dans la périphérie des autres communautés supposées plus organisées, plus riches et donc meilleures. Or, le bien-être organisationnel desdites communautés est le fruit de l’effort au travail organisé et de l’intelligence du partage des dividendes de l’ingénierie du « cerveau collectif ».

En résumé, j’ai exhorté à mes frères et sœurs rassemblés ce dimanche-là à l’église de cesser les fuites en avant. Car comment voudrions-nous échanger avec les autres « races » si nous ne pouvons prendre nos responsabilités les plus élémentaires en créant de meilleures conditions de vie là où nous sommes ?

En devenant riches de l’intérieur nous pourrons aller à la rencontre des Autres, en toute confiance et sérénité, sans nous sentir inférieurs. Or, depuis le début de l’ère chrétienne, les Noirs sont en général en position de demandeurs face aux autres peuples. Pourquoi ? Parce qu’ils sont incapables de concevoir et construire un modèle de vie qui tire sa force de la cohésion et de consolidation des acquis sociaux, culturels, économiques et politiques de la « race » à laquelle ils s’identifient.

Entendons-nous bien ; le constat que je fais est un diagnostic froid et rationnel. Il ne saurait donc souffrir ni suprémacisme ni de racisme ni de xénophobie. Bien au contraire, c’est un appel à une conscience collective de volonté de pouvoir pour occuper le rang et la place que nous devons prendre dans la marche du monde.

L’assemblée se fit d’un calme qui faillit me décontenancer. Je me suis dit deux choses en mon fort intérieur : soit, ils ne me comprenaient pas, soit ils étaient franchement abasourdis par mes propos. Mon étonnement s’élargissait encore davantage quand j’entendais le chœur d’amen qui s’élevait crescendo dans l’église quand je vins à dire seuls les bâtisseurs de grandes avancées politiques, économiques et sociales méritaient de rentrer dans l’histoire du monde parce qu’ils étaient parvenus à mettre sur pied le développement d’un bien-être et la justice sociale qui va avec.

À la fin du quart d’heure qui m’était imparti, j’ai entendu toute l’assemblée applaudir à tout rompre. Je ne savais quoi dire de plus, je les ai remerciés pour leur écoute ; et je leur ai dit que je devais les quitter parce que j’avais un avion à prendre dans les heures qui allaient suivre.

Le pasteur m’a remercié au nom de toute l’assemblée à laquelle il a demandé d’élever une prière pour moi la suite de ma vie. Prenant congé de mes hôtes, Linda m’a raccompagné à l’hôtel pour payer ma note et aller prendre l’autocar pour me rendre à Memphis la capitale de l’Etat frontalier du Tennessee. C’est de l’aéroport de Memphis que j’ai embarqué pour Little Rock, la capitale de l’Arkansas. Pendant que l’avion perçait les nuages du ciel de l’Arkansas, mon esprit revoyait la dernière scène que je venais de vivre à Helena. Je ne pouvais m’empêcher de revoir les visages de ces frères et sœurs restés là-bas, mais dont je ne pourrais plus jamais oublier le souvenir. Et j’ai poursuivi dans ma tête la communication que j’avais commencée avec eux. C’était comme si je m’entendais leur dire encore que chaque fois qu’un peuple ne fait pas suffisamment d’efforts volontaristes pour assumer ses responsabilités, en tous genres devant l’histoire, ce peuple crée les conditions subjectives et objectives des turbulences voire de vortex susceptibles de provoquer un chambardement dans les relations humaines conformément à la dynamique de « l’effet papillon ».

À titre d’exemple, le fait que les continents africain et amérindien n’aient pas pu repousser l’esclavagisme (arabo-musulman d’abord en Afrique) et la colonisation indo-européens (pour les deux continents et une partie de l’Asie) ; il s’est créé une distorsion relationnelle dans les rapports humains à cette occasion. Du jour au lendemain, la conscience indo-européenne s’est arrogée une « suprématie raciale » de fait. Elle a en conséquence érigé des clichés du type l’Indo-européen est « humainement supérieur » à l’Africain ou à l’Amérindien puisqu’il a les conquis et dominés par le biais de sa puissance technique. Pour l’Indo-européen, cet état de fait justifie qu’il considère l’Africain et l’Amérindien comme des humains «arriérés et primitifs », « sauvages et inférieurs » sociologiquement parlant.

D’où la conception et la mise en application des idéologies racistes comme l’apartheid en Afrique du sud, la ségrégation raciale en Amérique du Nord, en Australie, qui prônent sans ambages la suprématie de la « race » blanche sur la « race » noire, la « race » jaune et la « race »rouge. Un tel hiatus dans l’ordre naturel des relations humaines, provoque inévitablement un casus belli dont la pérennisation pourrait fragiliser davantage la précaire coexistence des humains sur la terre.

Soudain, le mouvement brusque de l’avion me ramena à la réalité du voyage. Nous approchions Little-Rock, la capitale de l’Arkansas. Bien qu’il y ait un peu de vent fort, l’été indien donnait une belle lumière à cette ville aux maisons en briques couleur de cuivre. Et en cette fin d’après-midi de l’hiver qui tirait vers sa fin pour laisser arriver le printemps, j’ai trouvé Little-Rock très charmant du haut d’un ciel gris percé de rayons de soleil entamant sa descente vespérale.

L’avion se posa sur le tarmac de l’aéroport national Bill et Hilary Clinton /Adams Field. Nous fûmes bien accueillis par le protocole de l’Usaid. Le cortège s’ébranla en direction du centre-ville où étaient réservées nos chambres d’hôtel. Après être installés, un tour de la ville avait été prévu pour pour ressentir le pool de Little Rock ; une ville qui semble détenir la clé d’une alchimie bien réussie entre un charme bucolique et un zeste d’insouciance intellectuelle effrontée.

Le lendemain, le programme des organisateurs du voyage avait prévu de nous faire visiter le Little-Rock institutionnel. En commençant par assister à une séance du parlement de l’état; ensuite, ce fut la visite des médias audiovisuels et, surtout, celle de la Gazette de l’Arkansas dont le propriétaire faisait la pluie et le beau temps dans le microcosme politico-économique de l’Arkansas. D’ailleurs à l’époque où nous sommes arrivés à Little-Rock, nous avions appris que les relations entre le gouverneur Bill Clinton et le patron de la Gazette de l’Arkansas s’étaient considérablement dégradées ; alors qu’elles avaient été mielleuses et mirobolantes auparavant. Aux dires (non officiels) de notre escorte locale, il semblerait que le gouverneur de l’état s’était affranchi des services du patron de presse à qui il ne voulait plus verser l’émolument qu’il lui allouait tout le temps en contre partie d’articles très enclins à soigner l’image du gouverneur. La brouille était telle que le journaliste étalait désormais sa bile contre Bill et sa famille dans les colonnes du journal.

Pour la petite histoire, en rendant visite à ce cher confrère, ce dernier nous informa qu’il est un vétéran du Vietnam à qui son papa chéri avait légué la direction du journal de la famille. Pareil curriculum-vitae ne pouvait laisser de doute dans la manière de traiter l’actualité. Il nous a semblé facile de comprendre pourquoi la plume de notre confrère faisait ouvrir plus facilement les tiroirs-caisses du gotha politique de la ville. Nous avions aussi visité le QG (quartier général) de la campagne présidentielle du gouverneur qui briguait la magistrature suprême cette année là. La semaine passée à Little-Rock nous a donné l’occasion de rencontrer M. William Jefferson Clinton, dit Bill.

Ce matin-là, monsieur Clinton qui faisait du jogging est venu à son QG en grand short de couleur violette et en marinière grise ample, un bandana rouge et blanc au poignet droit pour s’éponger le front. Nous avions échangé quelques mots sur les perspectives de l’élection qui était en vue. Puis il nous a laissés continuer la discussion avec son chargé de communication de sa campagne électorale. Laissant Little-Rock et ses intrigues, et ce ne serait pas exagérer de dire aussi ses histoires d’alcôves ; je suis allé en Géorgie, la terre de l’éveil de la conscience de luttes pour les droits civiques des Africains-américains menées par le révérend Martin Luther King.

En arrivant à Atlanta, en Georgie, l’escorte nous a fait visiter le Centre Martin Luther King Jr. J’y suis allé dans le but de mieux pénétrer l’esprit de l’un des plus brillants défenseurs des droits civiques des Noirs. Cet aspect du pasteur King m’intéressait beaucoup plus que son autre casquette de Ministre de Dieu. Nous visitâmes les différents départements du Centre. J’avais choisi la section historique de la lutte des droits civiques. Mais un quart-d’heure plus tard, une secrétaire du Centre est venue m’informer que mon nom se trouvait inscrit sur la liste des individualités visitant la section religion. Je lui ai dit que ce n’était pas réellement mon désir d’aller méditer sur l’histoire de la religion dans la famille des King, mais elle m’a fait comprendre que le programme devrait être respecté. J’ai fini par capituler et emboîté le pas à la jolie secrétaire. D’ailleurs, elle n’avait que bien fait son travail.

Nous quittâmes l’aile gauche du département des droits civiques en traversant l’esplanade où a été installé le mausolée, et nous nous dirigeâmes vers l’aile droite où est situé le bâtiment de l’église. Elle marchait devant moi. Avant d’entamer le seuil de la porte de l’église, j’ai eu la nette sensation physique d’une main humaine me caressant le sommet du crâne. La chair de poule n’a pas tardé à se manifester dès ce contact bien physique, mais invisible. Car j’ai senti rythme cardiaque se modifier pendant quelques instants. Je me suis retourné pour voir s’il y avait quelqu’un derrière moi. Mais il n’y avait personne. D’autant plus que je bouclais la marche de notre procession à deux. La personne qui me précédait se trouvait à plus de trois ou quatre mètres devant moi. Il était donc impossible qu’elle me toucha même si elle avait étendu son bras à mon insu. J’étais trop loin d’elle.

Voulant évacuer cet incident invisible de mes pensées, j’ai pris la résolution de continuer la visite du Centre tout en essayant d’oublier ce qui s’était passé sur le seuil de l’église des King.

J’ai néanmoins quitté les Etats-Unis d’Amérique avec une prise de conscience claire et nette sur l’appel de Dieu à mon attention. Mais je ne voyais pas sous quelle forme j’allais servir Dieu. Car je n’étais pas de nature à parler des choses abstraites aux gens. Je vivais pour des faits. Ma démarche journalistique relève du domaine du concret. Mais voilà que Dieu voulait que je devienne prédicateur de sa réalité. Une réalité qu’on ne voit qu’avec les yeux de la foi. Mais, la foi en qui ?

Les Chrétiens diront la foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu, venu dire au monde que Dieu est Amour. C’est ainsi que ma villégiature aux Etats-Unis, qui était au demeurant journalistique, s’acheva par un parcours spirituel initiatique.

Michel Mboungou-Kiongo ancien DG de Télé Congo (1994-1997)