Congo – Gouvernement : Anatole Collinet Makosso convoque impérativement tous les ministres à un conseil de cabinet

Dans une note de service signée en date du 26 janvier 2023, le Premier Ministre Anatole Collinet Makosso, demande aux membres du gouvernement de prendre part au conseil de cabinet qui se tiendra le 30 janvier. Dans ladite note, un terme et une disposition inhabituels suscitent interrogations. Les ministres sont « impérativement » invités. Ceux se trouvant « en déplacement, doivent prendre toutes les dispositions nécessaires pour être présents. »

 

Même si le contenu de la note de service du Premier Ministre ne donne aucune indication sur l’ordre du jour du conseil de cabinet du 30 janvier, ce qui en a toujours été le cas, le terme et la disposition, inhabituels que nous avons évoqué plus haut, interrogent sur les enjeux et les décisions qui peuvent être annoncés au cour de ce conseil de cabinet, en attendant d’être rendus publiques en conseil des ministres.

Alors deux hypothèses majeures émergent du lot.

D’abord, un recadrage des ministres en fonction du rendu de chacun d’eux, par rapport à la lettre de missions reçue.

Il va s’en dire que pour de nombreux secteurs ministériels dont ils attendaient des résultats, en fonction de leurs besoins les plus immédiats, les congolais demeurent encore dans l’expectative. De même, ils ne cachent plus leur déception.

Et leur ras-le-bol monte de l’opinion comme un bruit sourd qui est parvenu jusqu’aux oreilles du Premier Ministre, et naturellement, bien au-delà.

La ‘’GAR’’, Gestion Axée sur les Résultats à laquelle devait s’identifier le gouvernement, est en panne, par rapport aux besoins exprimées et aux résultats obtenus.

Pour le commun des congolais, en termes de résultats de l’action gouvernementale, le compte n’y est pas.

L’indicateur de référence reste les questions orales au gouvernement à l’Assemblée nationale où les mêmes questions sont toujours posées par les députés, en fonction des préoccupations du peuple. Les mêmes réponses sont toujours données par les ministres, en promettant que demain sera mieux qu’aujourd’hui.

Pourtant, très peu de changements sont notés et les mêmes questions reviennent encore pour les mêmes ministres, avec des situations qui entretemps, se sont davantage dégradées que lors de la précédente session, au cours de laquelle, le ministre avait promis des solutions.

Et certains secteurs sont carrément à la ramasse. Soit parce que le ministre, principal acteur chargé de les animer manque de capacités managériales, ou qu'il est dépassés par le poids de la charge ou peut-être manque-t-il simplement d’esprit d’initiative, ce substrat qui montre le génie et différencie le chef du subalterne.

Alors, il faut agir. Et c’est la deuxième hypothèse.

Le mécontentement des congolais étant parvenu au Président. Il aurait instruit le Premier Ministre de recadrer les choses. Les récentes adresses du chef de l’État le laissent voir en filigrane.

Et cela passe bien évidement par la question des hommes et des femmes qui au sein de l’équipe gouvernementale, doivent porter le même dessein et avoir le même idéal pour lesquels chacun doit s’investir avec un réel sens du devoir. Car par delà la cohésion gouvernementale, chacun est jugé à ses résultats, qui ne doivent pas freiner l’action d’ensemble, ni en minimiser le portée.

Pour mettre à exécution ces deux hypothèses que nous avons développées, la présence de chacun est « impérative » au conseil de cabinet, car il ne s’agit pas ici, pour un collègue, de présenter ou défendre les dossiers d’un ministre en mission, mais d’assumer et de s’assumer sur son rendu.

Alors, il est donc entendu que les ministres qui seraient en mission à l’intérieur du pays ou à l’étranger, doivent impérativement rentrer, toutes affaires cessantes.

De là à ce que soit évoqué un remaniement ministériel dans la foulée, il n’y a qu’un pas, que nous avons allègrement franchi.

Et si d’ici là, le Président de la République se rendait à Oyo, les spéculations n’en seront que renforcées, avec pour maître-mots : « c’est pour mettre la dernière touche à la liste ».

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville