Le respect de l’appel à la désobéissance civile de l’opposition a été proportionnel à la géographie des assises des partis politiques. S'il a produit une quasi paralysie dans certains quartiers, parfois par peur de représailles de ceux qui oseraient s'y opposer, celui-ci n’a pas été respecté dans plusieurs quartiers de la capitale.
Dans les administrations, les agents de l’État ainsi que ceux des entreprises privées et para-étatiques ont répondu favorablement à l’appel du gouvernement et se sont présentés à leur poste de travail, boycottant de facto la ville morte déclenchée par l’opposition.
Pour ce mardi qui coïncidait au jour de la paye, les banques aussi avaient déjà ouvert leur porte pour recevoir une foule des travailleurs qui se sont présentés très tôt en vue de percevoir leur salaire.
Le centre-ville n'a cependant pas connu la cohue des jours ouvrables. Les artères principales quasiment désertes n'ont pas livré leur spectacle fait des embouteillages. La circulation était plutôt fluide, à l'image de celle qui est généralement observée le dimanche dans ce centre d’affaires.
Même cas de figure au marché Total. Dans une morosité ambiante, les commerçantes avaient choisi de quitter leurs étals habituels pour s’installer dans le hall. Les magasins et les boutiques situés tout le long des principales artères ont ouvert leurs portes, hormis quelques-uns des quartiers comme Kinsoundi qui ont eu peur des pillages.
Dans d’autres quartiers réputés proches de l’opposition tels que Makélékélé, Mfilou et La Base, les activités se sont vite lancées vers midi. Certains habitants interrogés ont reconnu « n’avoir pas respecté le mot d’ordre de l’opposition », mais ils craignaient plutôt des troubles que certains partisans de l’opposition pouvaient lancer à travers la ville. D’autres par contre ont respecté ce mot d’ordre, bien que n'en ayant pas compris la raison d'être.
L’aéroport international de Maya-Maya a fonctionné normalement, même s’il n’a pas connu son affluence habituelle, car certaines personnes, explique un voyageur, n’ont pu se déplacer, faute de moyens de locomotion dans certains quartiers. Hormis les fonctionnaires de l’État, la population, dans son ensemble, a tout d’abord observé la situation avant de vaquer à ses occupations.
Contrairement à ceux des quartiers sud, les habitants des quartiers nord de Brazzaville ont vaqué librement à leurs occupations quotidiennes. Du quartier Nkombo en passant par les marchés du lycée Thomas-Sankara, Mikalou, Talangai, Texaco Ouenzé, Moungali, une affluence habituelle a été constatée.
S’agissant du déplacement, en dépit des caprices des chauffeurs de taxis et minibus, la population a été tout de même soulagée, grâce à la STPU (Société de transport public urbain).
Les mots d’ordre de grève ou de ville morte sont à l'origine de la peur qu’éprouve la population qui a souvent maille à partir avec des bandes de gangs organisées pour la terroriser et la violenter. Par crainte des situations qui le cas échéant peuvent dégénérer, beaucoup préfèrent rester chez eux, simplement par prudence, non par militantisme.
Arielle KAMBISSY