Denis Sassou N’Guesso, ce qui l'attend

Après deux jours de suspense total, Denis Sassou N’Guesso, 77 ans, a été réélu sans surprise avec 88,57 % des voix dès le premier tour, pour un mandat de cinq ans, selon les résultats provisoires officiels de la Commission électorale, annoncés par le ministre de l’intérieur. Sa tâche s’annonce ardue. Malgré sa large victoire, le Président de la République sait qu'il n'aura pas d'état de grâce. Et se prépare à la bataille décisive des législatives.

Dans les rues de la capitale congolaise, on a vu ce soir des jeunes sauter de joie à l'annonce de la bonne nouvelle. C'étaient des hurlements de liesse et des concerts de klaxon.

Cependant, Denis Sassou N’Guesso n'aura guère le temps de se reposer sur ses tout frais lauriers. Il va s'atteler à la composition de son gouvernement en prévision des législatives, qui s'annonce difficile malgré sa large victoire à la présidentielle. Il lui faudra aussi dévoiler le nom de son Premier ministre, lui qui entend mettre son expérience les 5 années à venir au service de la jeunesse congolaise.

Denis Sassou N’Guesso doit relancer aussi une activité économique gelée par la crise financière et la crise sanitaire. La priorité du Président de la République va être désormais, de renouer avec le Fonds monétaire international (FMI). En crise, le Congo est endetté envers la Chine et les tradeurs pétroliers Glencore et Trafigura.

Denis Sassou N’Guesso doit passer de la parole aux actes,  lui qui a promis faire la promotion de l'agriculture à l'échelle nationale car le Congo importe chaque année plus de 700 milliards de FCFA de produits alimentaires.

Il doit également solder tous les arriérés dus aux 45 000 pensionnés immatriculés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Seize trimestres d’arriérés cumulés entre 1997 et 2004 pour soulager les peines des cheveux blancs qui tissent le mauvais coton sans oublier la bourse des étudiants congolais qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Enfin, le président de la République doit tout mettre en œuvre pour lutter contre les antivaleurs dans le pays. Les congolais ont la ferme conviction qu’aucune entreprise de construction du pays et de relance de l’économie nationale ne peut vraiment prospérer si se développe la passivité face à la montée des comportements déviants.

Denis Sassou N’Guesso doit donc donner un contenu réel à la lutte contre les antivaleurs afin que se produise effectivement la rupture annoncée et appelée par lui avec force.

Combien d’auto saisine, les différents procureurs à travers la République, peuvent-ils brandir, montrant qu’ils ont pris le problème à bras-le-corps. Crimes économiques, atteintes aux libertés individuelles, aliénation du patrimoine public etc. Les domaines d’investigation ne manquent pas, surtout quand par sa clameur, la population crie son exaspération. Même quand certains services d’Investigations ont mené des enquêtes devant déboucher sur des interpellations par le corps judiciaire, celles-ci restent, sauf deux rares exceptions à minima, presque classées sans suite. Hélas…

Arrivé au pouvoir le 5 février 1979, le Président Sassou-N’Guesso pourra encore briguer un nouveau mandat en 2026.

En 2015, il a fait modifier la Constitution pour faire sauter le verrou des deux mandats.

En attendant, l’heure est désormais au travail et non aux discours pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui.

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville