Congo – Sommet de Berlin sur la Libye : Angela Merkel s’est mise à l’école africaine auprès de Denis Sassou N’Guesso

Le sommet de Berlin s’est achevé sur une note positive avec la volonté unanime de toutes les parties à observer le cessez-le-feu, ainsi que le respect de l’embargo sur les armes qui implique outre mesure, les puissances adjuvantes au conflit. Tout au long des travaux, Denis Sassou N’Guesso a été des plus sollicité, l’expertise de l’Afrique sur la question étant incarnée par le président congolais au point que des médias anglais ont dit de lui, ‘’Africa’s mouth’’, autrement dit, « la bouche de l’Afrique ».

Les diplomates occidentaux en poste à Brazzaville, ont à l’évidence bien fait leur travail en informant leur pays respectifs des préoccupations exprimées par Denis Sassou N’Guesso, le 6 janvier dernier à Brazzaville, lorsqu’il rappelait que les initiatives de résolution de la crise libyenne ne pouvaient marginaliser l’Afrique.

Dimanche 19 janvier à Berlin, Denis Sassou N’Guesso a été des plus sollicité, lui qui a incarné la sagesse africaine qui a de tout temps fait défaut dans les précédents sommets qui se sont soldés par de cuisants échecs.

Prélude aux travaux, le Président Denis Sassou N'Guesso s’est entretenu avec la chancelière allemande, Angela Merkel, sur les questions politiques. Pour la chancelière allemande, l’entretien avec Denis Sassou N’Guesso, outre qu’il constituait un réel briefing sur le sujet du jour, notamment la question libyenne, représentait une véritable école, au creuset même de la sagesse africaine, tant de nombreux paramètres socioculturels à prendre en compte dans la résolution de tout conflit, échappent bien souvent à l’appréciation des occidentaux.

Cette sagesse africaine et l’expérience politique des sujets en débats reconnues en Denis Sassou N’Guesso, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutterres, y a eu recours, en présence de Moussa Faki Mahamat, Ursula Von Der Leyen et Charles Michel, en marge de la conférence de Berlin sur la Libye.

En conclusion, les dirigeants des principaux pays concernés par le conflit en Libye se sont engagés, dimanche 19 janvier, à respecter l'embargo sur les armes décidé en 2011 par les nations unies et à renoncer à toute "interférence" étrangère dans le conflit. Onze pays dont la Russie et la Turquie ont convenu qu'il n'existait pas de "solution militaire" à ce conflit, qui déchire la Libye depuis près de 10 ans, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

Les participants ont aussi appelé à un véritable cessez-le-feu permanent sur le terrain, qui se fait attendre malgré l'entrée en vigueur le 12 janvier d'une fragile trêve entre belligérants.

Pour s'assurer du respect effectif et durable de la fin des hostilités, des rencontres inter-libyennes entre représentants militaires des deux camps devraient être organisées prochainement. Une invitation sera lancée "dans les prochains jours", a assuré Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU.

Pour la consolidation du cessez-le-feu, l'émissaire de l'ONU avait appelé les deux camps rivaux à former une "Commission militaire" composée de dix officiers, 5 de chaque côté. Cette commission aura pour mission de définir sur le terrain les mécanismes de mise en oeuvre du cessez-le-feu.

Autre point sensible du conflit : les interventions plus ou moins directes de pays étrangers dans ce conflit. "Tous les participants se sont également engagés à renoncer à des interférences dans le conflit armé ou les affaires intérieures de la Libye", a indiqué Antonio Guterres.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville