L’intégralité du discours du président de la République devant le Corps diplomate lors de la cérémonie d’échange des vœux 2018

Madame la Doyenne ; Mesdames,

Messieurs les ambassadeurs ;

Mesdames, Messieurs les Représentants des Organisations internationales et Chefs de missions consulaires ;

Madame la Doyenne,

La profondeur de vos propos pour le Congo, la sensibilité des souhaits formulés à l’égard de ma famille, mes proches, mon épouse et moi-même me réconfortent et traduisent votre proximité chaleureuse avec le Peuple congolais. En retour, à vous-même et aux membres du corps diplomatique accrédités au Congo, j’adresse, pour l’année 2018, mes meilleurs vœux de longévité et de succès dans l’accomplissement de votre mission.

Pour les peuples et autorités que vous avez l’honneur de représenter, aux personnes qui vous sont chères, je forme l’espérance la plus sincère de bonheur et de prospérité.

Madame le Doyenne,

Je note la pertinence de la lecture que vous faites de l’évolution du monde. Je consens aussi que notre univers appelle à plus d’ouverture, de dialogue et de solidarité entre les Etats. La crise de l’économie mondiale a des fortes répercussions sur la croissance et le progrès, dans les pays en développement. La multiplication des menaces de toute nature, la récurrence des conflits, des défis de l’environnement et des changements climatiques sont désormais le lot quotidien de notre planète.

L’Afrique n’en est nullement épargnée. Elle affiche un faisceau d’atouts pris en étau par une ceinture de périls, d’incertitudes et d’interrogations. A titre d’illustration, permettez-moi de rappeler les drames de l’immigration clandestine, les conflits fratricides en Libye et dans les pays des Grands Lacs, les percées meurtrières des groupes terroristes dans le Sahel et les autres sous-régions africaines, les dégâts induits par les ouragans, les érosions et les glissements de terrain de plus en plus fréquents.

Face à ces préoccupations, le Congo, qui se tient prêt au nom du devoir panafricain, consacre d’importants efforts pour contribuer à la mise en place des réponses adéquates, en vue de :

• ramener et préserver la paix dans les zones en conflit ;

• créer les conditions permissives du développement.

Pour le Congo, l’année qui vient de s’achever ; s’est inscrite dans la poursuite des actions déployées, suivant les axes prioritaires, présentés lors de mon investiture en 2016. En 2018, nous entendons :

• parachever l’installation des institutions issues de la Constitution du 25 octobre 2015 ;

• restaurer l’autorité de l’Etat et moraliser la vie publique ;

• suivre l’exécution des projets emblématiques ;

• relancer les projets de culture du manioc, de la banane plantain et du cacao ;

• gérer les mandats du Congo pour la Libye et les Grands Lacs et notre responsabilité sur le Fonds bleu ;

• suivre la mise en œuvre de l’accord de « cessez-le-feu » et de « cessation des hostilités » dans le Pool, signé le 23 décembre 2017 à Kinkala.

Comme vous le savez, cet accord prône, notamment :

• L’arrêt des hostilités et le ramassage des armes ;

• La restauration de l’autorité de l’Etat ;

• La libre circulation des personnes, des biens et des services ;

• La réinstallation, dans leurs villages respectifs, des populations déplacées ;

Pour sa part, le gouvernement s’emploie à réunir les conditions nécessaires pour la mise en œuvre des mesures retenues. C’est ici le lieu de remercier le Secrétaire Général des Nations-Unies, pour la publication de sa Déclaration appréciant favorablement l’accord précité.

Je voudrais également traduire toute ma reconnaissance à l’endroit du Président de la Commission de l’Union Africaine, qui a promptement salué et pris acte dudit accord. Cette réactivité nous encourage à persévérer dans la voie de la Paix pour ce département. Un dicton de chez nous énonce qu’on « reconnaît une bonne source au moment de la sécheresse et un bon ami au moment de la difficulté ».

C’est pourquoi, je tiens également à traduire ma gratitude aux pays et organisations internationales qui ont exprimé leur disponibilité de nous accompagner dans la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des miliciens ainsi que le retour des populations déplacés dans leur zone de résidence.

Je réaffirme ma détermination à mettre fin à cette situation qui n’a que trop duré. Toutes les opérations seront menées dans la plus grande transparence, ce qui facilitera d’autant votre accompagnement.

Madame la Doyenne,

La communauté internationale évalue, de plus en plus, l’ampleur des enjeux et la mesure des défis à relever, dans le cadre de la protection de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques. La mise en œuvre des initiatives pour la préservation de l’environnement et le développement durable, devant l’accélération des bouleversements enregistrés au niveau des écosystèmes, ne pourra se concrétiser que si les financements attendus sont mobilisés.

Le dernier Sommet de Paris sur le climat a donné des signaux forts à travers des annonces de contributions faites, autour des 12 axes d’effort, par des institutions et autres Fondations engagées dans cette lutte. Notre pays est impliqué, aux côtés d’autres Etats de la sous-région, dans une initiative novatrice, intitulée « Fonds bleu pour le Bassin du Congo » pour laquelle l’appui technique et financier des partenaires au développement est fortement attendu.

Madame la Doyenne,

La situation économique et financière de notre pays est certes préoccupante. Mais, la sortie de crise ne laisse planer aucun doute. Pour cela, le Congo reste ouvert à une coopération multiforme, sur le principe de gagnant-gagnant et dans l’intérêt bien compris des parties. Le partenariat public-privé constitue aussi une articulation attractive et propice à l’investissement étranger.

Le Congo est en négociations avec le Fonds monétaire international, dans la confiance et la responsabilité. Nous avons, d’ores et déjà, décidé de réduire le train de vie de l’Etat, par les mesures salutaires qui toucheront tous les segments concernés, en l’occurrence les institutions, l’administration et les entreprises.

Les instruments et les règles de gouvernance économique sont d’application stricte et sans délai, en articulation avec la justice débarrassée des aspérités susceptibles de nuire à l’expression du droit.

Pour ces réformes, j’en appelle au soutien technique et financier des partenaires pour l’éclosion d’un environnement nouveau, sous le sceau de l’efficacité, de l’orthodoxie financière et de la gestion saine de l’économie nationale.

Madame la Doyenne,

En 2017, le Congo a assumé ses engagements, à la présidence du Comité de Haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye. Les rencontres tenues à Brazzaville ont été ponctuées par des résultats significatifs pour la suite du processus de paix dans ce pays. Une feuille de route définissant les différentes étapes conduisant au retour de la paix a été adoptée. Le dialogue inter-libyen a été relancé. Il évolue dans le bon sens. L’implication des chefs de tribus libyennes est à présent effective pour la poursuite de la dynamique de la paix.

Dans le même registre, la réunion tenue à Brazzaville par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs a offert, à ses pays membres, l’occasion de définir les voies et moyens susceptibles à la résolution des conflits récurrents qui caractérisent cette zone.

Madame la Doyenne,

Le monde est menacé par un fléau qui, après son implantation dans d’autres continents, étend désormais ses tentacules en Afrique, renforçant ainsi sa dimension planétaire. L’on ne peut ignorer les alertes et les actes terroristes survenus, cette année, dans nos différents pays. Le terrorisme n’a guère de frontière. Bien qu’encore vulnérables, nos Etats ne sauraient devenir le terreau passif ou la base arrière attitrée du terrorisme.

Face à la riposte implacable menée pour son démantèlement en Amérique, en Europe, au Moyen-Orient, toutes les données tendent à montrer que le terrorisme a jeté son dévolu sur l’Afrique, qui en devient la cible la plus visée. Le terrorisme recherche à présent des refuges plus sûrs. Il exploite nos faiblesses structurelles, notamment, la précarité des masses importantes de jeunes désœuvrés.

Sur cette question, le Congo observe un principe de notre sagesse ancestrale, selon lequel « l’incendie ne ravage pas que la case du voisin. Ce sont les mêmes flammes qui peuvent aussi consumer et calciner la vôtre ».

Nous avons pris conscience qu’il nous faut impérativement nous donner des moyens adaptés et mutualiser nos efforts, face au terrorisme. La nécessité d’engager une concertation internationale s’impose.

C’est dans cet esprit qu’il convient d’envisager, avec les Nations-Unies et d’autres partenaires, l’organisation d’un Sommet mondial sur le terrorisme, afin d’examiner les contours de cette nébuleuse et proposer des réponses appropriées.

Madame la Doyenne,

Que l’année 2018 apporte donc plus de vigueur et d’enrichissement à la coopération entre le Congo et chaque pays ici représenté !

BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2018 A TOUS.

Je vous remercie.